La kabyle outragée...

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C'est une maison bleue... comme dit la chanson.

En Kabylie nous avons aussi dans chaque village une maison bleue. Ceux qui habitaient là ont jeté la clé, si tant est qu'ils l'avait jamais eue. Celle qui est accolée à ma mémoire se trouve place Lesemlla. Elle est situé à l'encoignure de la place du village où chaque année je viens passer mes vacances d'été, adossé à cette maison faite pour l'éternité, assis à savourer un coucher de soleil ou à écouter le chant mourant des cigales à la tombée du jour.

Elle n'a pas de propriétaires. Elle n'est à personne. Ou a des gens inconnus. Elle est là depuis la nuit des temps. Construite par quelles mains ? Nul ne le sait. Je n'ai jamais eu la curiosité de demander. Cela ne se demande pas, un mystère doit rester un mystère.

Elle n'a pas de fenêtres. Souvent, je restais assis des heures entières le dos usé contre la pierre brulante pour m'assoupir. Le maçon, génie de la pierre qui l'a construite comme on construisait jadis les cathédrales. Chaque année au village, à chacune de mes visites familiales, je la retrouvais toujours fidèle au poste. Toujours la même. Les gens vieillissaient, Elle, ne prenant pas une ride.

La porte faite de quatre planches peintes en bleu maladroitement agencées sans aucune règle, comme pour toutes les portes de nos maisons anciennes faites de pierres et de torchis. Les maisons kabyles ne ressemblent à aucune autre chez les paysans du monde entier. La maison kabyle est unique en son genre. L'aspect rudimentaire et le caractère unique de ces maisons leur donne un charme indéfinissable.

Plusieurs fois,mon imagination butait sur le mystère de cette porte. Qu'y avait il derrière ces quatre ou peut-être six planches de bois peintes en bleu, agencées à la va vite par un menuisier sans doute pressé et peu regardant à l'esthétique, un menuisier dont le souci premier était de cacher à l'abri des regards l'Intimité du maître de céans.

Y avait il jamais eu un maître de céans ?

Jamais pendant mes vacances répétés je n'ai vu ni aperçu le ou les propriétaires, d'ailleurs ce mot a-t il un sens ?

Le mystère de ces gens ajoutait au mystère de cette demeure.

Et cette porte, toujours close, jamais ouverte ou qui ne s'ouvrait qu'à des heures indues, telle une boite de pandore qui renfermerait des secrets magiques ou extraordinaires,ceux que l'on raconte aux enfants, une porte vers un monde inconnu.

Le mystère de la porte était aussi épais que cette maison faite de pierre et de torchis.

Mon imagination ne pouvait pas rester de marbre devant cette porte faite de six planches peut-être huit ou peut-être même douze, agencées les unes sur les autres et peintes en bleu. Plaquées les unes sur les autres comme dans les dessins animés de Tex Avery.

l'aspect fonctionnel ne faisait aucun doute.

Ma mémoire se refuse catégoriquement à me représenter la poignée.

D'ailleurs comment était-elle ? Quelle forme avait elle ? Etait-elle en feraille ou en bois ? Comment pouvais-je m'en souvenir, je n'ai jamais posé la main sur cette poignée. Avait elle jamais eu une poignée, cette porte ?

Ne l'ayant jamais vu ouverte serait-ce une raison valable pour expliquer l'absence de poignée.

Ou alors l'absence de poignée pouvait expliquer qu'elle ne se soit jamais ouverte.

Une porte condamnée ...au Mystère.

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