Ce petit jeu initié doucement s'intensifiait avec le temps.

J'attendais chaque message avec un mélange d'appréhension et d'excitation.

De nouvelles consignes arrivaient sans cesse.

C'était un dress code: culotte interdite, pour commencer. Cela me parut facile de prime abord, une exigence bien innocente sans conséquence aucune. Mon Maître avait l'art et la manière, il possédait pleinement la science de la gradation, c'est certainement la raison pour laquelle il a opté pour cette mise en bouche.

En effet, sentir le frottement du pantalon contre mon entrejambe avait quelque chose de terriblement érotique.

C'était à la fois irritant et stimulant. Cette sensation d'être offerte à toute heure, à la merci de quiconque baisserait mon jean ou mon legging occupait mon esprit à tout moment.

D'autant que cet ordre se doubla bientôt d'un second. Exit ces vêtements ordinaires, j'avais l'obligation de porter en permanence des jupes, avec des bas si possible.

L'air s'engouffrait désormais entre mes cuisses, m'effleurant de sa caresse froide. Dans la rue, j'étais légèrement mal à l'aise, je me dandinais en me demandant si les hommes devinaient que j'étais si indécente sous mes dehors stricts.

A peine le temps de m'habituer à cette nouvelle servitude que mon maître m'enjoignait à remonter complètement la jupe quand je conduisais, offrant à la vue des conducteurs de camionnettes ou de camions mon intimité dénudée. Je frissonnais dans ces moments et n'osais lever les yeux de peur de croiser le regard inquisiteur d'un passager qui aurait surpris mon secret. Serrant les cuisses, je reportais toute mon attention sur la route, mais l'incertitude me perturbait dangereusement. A chaque feu rouge, il fallait que je me caresse ostensiblement. Mon Maître me maintenait ainsi dans un état d'excitation maximale.

Au début, c'était très étrange de m'astreindre à appliquer ces ordres alors que j'étais seule, hors sa présence. J'aurais parfaitement pu m'en dispenser et lui mentir, mais au contraire, je me faisais un devoir d'observer tous ses commandements, scrupuleusement. Les quelques fois où j'avais été dans l'impossibilité d'obtempérer, je le lui avais avoué. Tout manquement donnait lieu inéluctablement à une punition, d'ailleurs. Cependant, il se montrait parfois bon prince quand un évènement de force majeure m'écartait de mon devoir envers lui.

Ce mélange d'intransigeante sévérité et d'une pointe d'indulgence me faisait fondre. Je tremblais de peur et de désir devant sa férule, à la fois si proche et si lointaine.

Ce faisant, il s'occupait des moindres détails de ma vie, m'indiquant même les recettes que je devais préparer avec mes maigres talents de cuisinière, ou mes lectures du soir.

Il était très friand d'une série d'ouvrages qui m'évoquaient un peu Conan, le cycle de Gor, très prisé dans la communauté sadomasochiste car ils énuméraient les règles de vie auxquelles étaient astreintes les esclaves. Tout un code de postures de soumission avait été inventé par l'auteur et mon maitre voulait que je connaisse chacune d'entre elles.

Les attitudes de la Kajira n'eurent bientôt plus de secret pour moi, me métamorphosant en véritable objet sexuel que je brûlais de montrer à mon Maître, afin de lui arracher quelques marques de fierté. Pourtant en mon for intérieur, je savais que c'était une vaine espérance. En toute situation, il faisait peser une autorité sans faille sur moi, soufflant le chaud et le froid sur ma vie.

" C'est bien" était toute ma récompense, pour l'instant, en contrepartie de mes efforts.

Mais cette reconnaissance toute relative ne m'affectait pas.

Secrètement, je caressais un rêve. Amadouer la bête, la faire plier par tendresse pour moi.

Quand il m'avait relaté ses expériences en tant que Maître, il m'avait confié le détail des épreuves qu'il avait réservées à ses soumises. Je savais qu'il avait été très loin dans ses exigences, peut-être le plus loin qu'on puisse aller. Il m'avait raconté, en plus des supplices et des humiliations qu'il avait fait endurer à ses victimes, qu'il les avait prêtées à d'autres hommes.

Bien qu'un tel défi fasse parti de mes fantasmes les plus récurrents, je souhaitais de toute mon âme qu'il n'en ait pas le courage, et décide de me garder tout à lui.

De même, je frémissais qu'il ne m'impose les pires cruautés, et j'espérais susciter chez lui la même adoration que je ressentais pour lui. Qu'ainsi il ne se sente pas la force de me pousser jusqu'à de telles extrémités.

Pour l'instant, je me soumettais avec complaisance, mes limites n'avaient pas été franchies, mais je redoutais le moment inévitable où elles seraient ébranlées, voire balayées.

Ce moment arriva bientôt. Il me testait, je lui avais donné pour l'instant toute satisfaction: j'étais prête pour l'étape suivante.