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Une minute de lecture

Debout dans le blafard. Encore et toujours :

l'espace sans nom et sans contour.

Je me suis égaré loin de Frans, après l'avoir fui. Son sang a séché sous mes ongles.

Devant moi,

l'IMMENSE PORTE.

Je me suis arrêté à quelques pas du seuil, abasourdi de trouver l'esquisse d'un relief au cœur de l'abondance monochrome.

Me suis approché en pensant

je ne veux pas l'ouvrir,

elle me dit quelque chose...

Je l'ai déjà vue,

quelque part,

peut-être dans un cauchemar.

Et pourtant.

Cela ne relève pas de moi. Cela ne relève pas de Frans.

C'est quelque chose de plus grand, je l'ai toujours dit

sans vraiment m'écouter.

Quelque chose qui nous dépasse, lui et moi,

nous

et les autres.

Nous les HOMMES.

Nous l'avons tous senti,

un jour ou l'autre,

un soir souvent,

au fond d'un ventre où l'on fouille,

dans les tréfonds malades :

le vide

abyssal, fossé de solitude,

le vertige,

le trou d'absent,

aucun mot ne sonne assez juste.

Je ne veux pas ouvrir la porte.

(Vague souvenir d'un couloir glauque.)

Je ne veux pas

et pourtant

au fond, la menace,

passe à travers moi comme au premier jour.

Elle dit

 J'ARRIVE

Je passe la porte.

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