4

Une minute de lecture

 J'y repense très souvent, à chaque fois que je passe la Porte.

 La première fois que j'y suis retourné, la fenêtre était grande ouverte. Déferlait sur mes joues une brise sifflante, le genre qui couine sous les portes. Je me souviens l'odeur du béton mouillé, le crachat de la pluie. Et devant moi, image indissociable de ma mémoire : la baignoire immaculée. Comme si rien ne s'y était déroulé. Comme si tout cela n'avait été qu'un rêve, qu'en me retournant j'allais trouver l'Absent, debout dans le couloir, le même air distrait qu'à l'habitude.

 J'ai fermé la fenêtre. Précisément, je me souviens avoir fermé la fenêtre. Ce n'était pas un geste précipité, comme on fait parfois, parce qu'on éprouve le besoin d'agir. Ce n'était pas un geste symbolique non plus, qu'on accomplit lentement, se délectant presque — sorte de plaisir malsain à se mettre en scène. J'ai fermé la fenêtre et, puisqu'il n'y avait rien d'autre à faire, puisque la vie suivait son cours étrange, absurde, cruel, puisque je ne me sentais plus d'ici, plus apte à faire corps, à le plier, le temps, à y trouver ma place, j'ai rejoint ma chambre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Millie M. ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0