Tel Ulysse
Quand je repris conscience, j’étais en pleine mer, cramponné à un morceau de mât brisé. La mer s’agita avant de se transformer en furieuse tempête. Je m’accrochai à ce morceau de bois avec toute la ferveur de mon âme païenne. Une vague plus violente que les autres me propulsa sous une cavité massive et m’écrasa contre ce qui me sembla être un mur. J’ouvris les yeux. Des patates partout ! J’entendais les marins crier, avant de les voir arriver munis de planches et colmater la brèche. La tempête s’apaisa. Le voilier auquel je devais la vie était mal en point. Le mat de misaine brisé avait piteuse allure. Le capitaine eut du mal à croire que j’avais été amené par les flots, mais faute de meilleure explication, il s’en contenta.
« Bon, on va pas te trimballer comme ça, à rien foutre. Tu sais peler des patates ? »
Nous naviguâmes ainsi pendant trois semaines avant que la vigie n’annonce « Terre ! ». Je sentis l’odeur enivrante de ma terre nourricière et ressentis une vive impatience qui s’amplifiait au fur et à mesure que ses contours se précisaient. Enfin, le port apparut, Bientôt, je retrouverai le sol, et la terre, et la vie…
Sur le quai, j’aperçus une fille qui portait un foulard rouge.
Elle était jolie.
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