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— T'as boutonné lundi avec mardi. Arrange ça, avant qu'j'sonne, Bald...
Archibald, qui n'a jamais été très doué de ses mains, bataille avec les boutons de sa chemise. Maïeul soupire en levant les yeux au ciel. Il se rapproche doucement de son petit frère, à la fois exaspéré et amusé.
— Laisse faire, on sera encore là qu'y f'ra nuit, sinon ! Tiens ça...
Il confie à Archibald le paquet qu'il attend avec tant de hâte d'offrir à Myranda depuis la veille. Si cela n'avait tenu qu'à lui, il se serait présenté à la porte des Perrier dès le saut du lit.
Rien à faire, qu'il ne soit même pas six heures du matin ! Elle me manque atrocement et je veux qu'elle ouvre mon cadeau ! s'était-il récrié intérieurement lorsque ses grands-parents lui avaient interdit de sortir et l'avaient forcé à s'asseoir à la table de la cuisine pour prendre un petit déjeuner équilibré.
— Voilà ! dit-il en récupérant son présent. Tiens-toi droit et souris, on est pas à la foire à la saucisse, réprimande-t-il son frère après un dernier regard sur lui avant de sonner.
Ce n'est pas Monsieur Perrier qui leur ouvre, comme il s'y attendait, mais Madame Perrier. Le regard assassin qu'elle leur lance en les laissant entrer sans un mot lui glace le sang.
— Bonjour Madame Perrier... On vient pour... euh...
— C'est nous qu'on a cassé la f'n'êt' ! s'exclame Archibald pour venir au secours de son frère qui ne sait pas comment présenter les choses.
Tu pourrais éviter d'avoir l'air ravi en disant ça ! songe Maïeul, ne sachant plus où se mettre.
— Ce qu'il veut dire c'est que... heu... bah en fait... heu... on...
— David vous attend, le coupe-t-elle sèchement en désignant la porte vitrée qui mène à la cour arrière.
Cette fois, Maïeul décide de ne rien ajouter de plus : il est mal à l'aise. Archibald, inquiet, place sa main tremblante dans celle de son grand frère. Maïeul prend une grande inspiration pour se donner du courage, puis regarde son frère, tentant d'afficher un sourire rassurant pour faire baisser l'angoisse qu'ils ressentent tous les deux.
Archibald lui rend son sourire et opine presque imperceptiblement du chef. Ils avancent jusqu'à la porte vitrée que leur avait désigné Madame Perrier, qui est déjà retourné à ses occupations.
— Ah, voilà les affreux Jojo ! Venez, mes p'tits, venez ! s'exclame Monsieur Perrier en les voyant arriver.
Monsieur Perrier, souriant a contrario de son épouse, commence à leur faire découvrir la cour et le potager.
— 'Paraît qu'faut bien arroser ses potes âgés ! s'exclame Archibald en riant.
Maïeul et Monsieur Perrier se tournent vers lui, le même air perplexe sur le visage. La blague d'Archibald tombe à l'eau.
— Laissez tomber... marmonne-t-il en levant les yeux au ciel. Le commun de mortels peut pas comprendre !
— Heeeee ! proteste Maïeul en lui faisant une tape sur l'épaule.
Archibald pouffe. Monsieur Perrier observe les deux frères avec amusement.
— Maïeul, tu passeras la tondeuse, Archibald est trop petit. Je vais te montrer, tu respectes bien les consignes de sécurité à la lettre, d'accord ? C'est quoi ce paquet ? Tu vas devoir le poser.
Maïeul opine du chef, alors que, c'est plus fort que lui, il serre ledit paquet contre son cœur qui bat à tout rompre. Les jointures de ses mains blanchissent.
— C'est pour Myranda, s'offense-t-il, surprotecteur, sans se soucier de vendre la mèche sur sa rencontre avec Myranda. Je veux pas le poser n'importe où !
— On va en prendre bien soin, personne n'y touchera, c'est promis, Maïeul, répond doucement Monsieur Perrier pour le rassurer, alors qu'il se sent idiot et immature. Tiens, regarde, il sera bien, là, tu ne trouve pas ? Il ne risque rien !
— D'accord, admet Maeul en posant délicatement le paquet à l'endroit désigné.
Le reste de la matinée, Monsieur Perrier s'occupe du potager avec Archibald, vérifiant régulièrement que Maïeul s'en sort bien.
La tentation de Maïeul de poser le regard sur la fenêtre que des ouvriers sont en train de changer est très forte, presque intenable, mais il résiste. Tout comme il se retient de vérifier chaque minute que le paquet est toujours où il l'a laissé. Il sent les regards de Monsieur Perrier sur sa nuque...
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