Qui es-tu ?
Elle fuyait dans les abysses de son esprit, dans les méandres de sa conscience, dans les rumeurs de sa douleur. Elle tombait, elle se redressait, elle se relevait ; elle courait.
Où suis-je ?
Elle a peur, elle a mal.
Pourquoi ?
Un grondement bourdonna dans la nuit, s’amplifia, se gonfla ; puis il rua, vociféra, clama sa présence. Elle leva la tête vers la canopée, apeurée, affolée. Des éclairs fusèrent, claquèrent, déchirèrent l’air ; sa peau vibrait.
Le vent arriva, commença par titiller les branches, tourna autour des troncs, tournoya autour des feuilles, tourmenta la sylve ; ses cheveux volaient.
La première goutte s’écrasa sur son front, d’autres attaquèrent son visage, la giflèrent, la frappèrent, cinglantes et sans pitié ; ses jambes tremblaient.
Puis tout se calma, tout se figea, tout se posa, elle riait.
Vint la brume qui l’escorta dans sa marche hésitante, la guida sur un chemin de bois ; elle suivait.
Où vais-je ?
La brume l’entourait alors que des rubans de sang rubescents, que des dentelles ébènes la parait d’une robe éphémère. Une musique perça le brouillard, une main vaporeuse se tendit vers elle, une autre l’entraîna dans un tourbillon inébriant ; elle valsait.
Une valse dans laquelle l’inconnu l’entraînait à virevolter, à virevousser, à voler dans ses bras ; elle vivait.
Qui es-tu ?
Il mit un bandeau sur ses yeux, la guida ensuite sur un chemin de mousse odorante, une senteur de sous-bois avec le bruissement des feuilles, la fragrance de fleurs avec le bourdonnement des insectes, les murmures de l'air, de la terre, de l'eau, du feu, des murmures parfumés pénétrant ses narines, glissant dans sa gorge, envahissant ses poumons ; elle sentait ; elle entendait.
Ensuite, il lui fit caresser une matière dure, rugueuse, incrustée de sillons.
Du bois.
Lui fit frôler une surface douce et humide.
De l'eau.
Lui fit lever le visage au ciel.
Le soleil.
Il lui retira alors le bandeau, lui sourit et s'évapora dans des volutes de brume.
Elle voyait.
Elle renaissait.
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