Chapitre 3
*Je viens de remarquer que j'avais oublié de publier la fin*
– Ambruine ? Mademoiselle Ambruine ? Réveillez-vous…
La jeune femme ouvrit les yeux. Elle devina une main tendue vers elle. Ses iris longèrent le bras mâtes, la robe recouverte de fleurs naïves qui sous les vertiges s’agitaient comme un mirage en plein désert. Ambruine avait chaud. Le soleil lui brûlait la peau. Elle sentait, dans sa gorge, des pics acérés. La sécheresse grignotait ses lèvres.
– Ambruine, levez-vous ! Ne restez pas sous le soleil !
Elle connaissait ce ton enjoué et chaleureux. La guide holographique se tenait devant elle. Ambruine empoigna sa main et se redressa. Une carrière aride l’entourait. Il n’y avait sous elle plus qu’une roche friable et salissante. Les parois formaient comme un puits au-dessus d’elle. La femme lui tendit une gourde d’eau, puis posa un ongle sur son oreille.
– Laissez-nous un peu de temps, Mademoiselle Ambruine peine à nous revenir !
Ambruine effleura de ses lèvres l’opercule de la cruche et but difficilement quelques gorgées. Elle s’en renversa maladroitement sur elle. Ses doigts tremblaient.
– Où sommes-nous ? lui demanda Ambruine d’une voix rauque.
L’hologramme se servit de sa réalité pour tenter de la soulever.
– Dans une vieille carrière d’Amiens, poussa-t-elle à bout de souffle. Mademoiselle Ambruine, mettons-nous à l’ombre, si vous voulez bien...
Ambruine attrapa son bras pour se lever et, à deux, elles allèrent se protéger contre les parois rocheuses.
– Mademoiselle Ambruine, souvenez-vous : nous sommes en 2153 et les températures extérieures avoisinent en pleine journée les 50 °C. Vous avez suivi un programme de formation dans l’école VF, « Ville du Futur ». Cette formation d’ingénierie vous a permis d’entrer dans une simulation du même nom. Vous étiez technicienne et vous deviez travailler sur notre système d’atmosphère « verte », les arcades photosensibles qui nous devons construire d’ici 2201 pour sauver l’humanité. Je suis la Générale Soline de l’armée numérique.
Ambruine passa de l’eau sur ses cils empoussiérés. Soline s’agenouilla à côté d’elle et posa ses fins doigts sur ses épaules. De son autre main, elle couvrit ses cheveux bruns et bouclés de son képi médaillé.
– Lors de l’entrée dans la simulation, vous avez consenti à ce qu’on vous introduise une puce dans le crâne. Celle-ci vous a rendu amnésique le temps de votre mission. Vos souvenirs vont vous revenir progressivement...
– Que se passe-t-il ? s’énerva Ambruine.
La jeune femme n’aimait pas que l’armée se mêle de sa contrebande de module technologique.
– Mademoiselle Ambruine, reprit Soline. Vous avez accompli de grandes avancées pendant cinq ans. Puis, d’un accident, vous êtes tombé d’une arcade photosensible dés suite d’une réparation. Tout cela n’était que dans la simulation, mais vous avez subi psychologiquement le choc comme tel. Il nous a semblé que cela vous a déséquilibré. Après, vous avez rejoint un groupuscule qui nous échappait des radars. Ses membres dangereux s’étaient infiltrés illégalement dans la simulation VF pour y mettre à terme. Vous avez grandement contribué à ces personnes malveillantes en apportant vos connaissances d’ingénieures.
Ambruine approcha sa main de sa jambe droite. Elle avait caché son revolver sous sa robe.
– Votre peine ne sera que réduite si vous nous communiquiez tout ce que vous savez sur ce groupuscule, s’attarda Soline.
La guerrière se tordit de rage. Ses doigts ripèrent dans le vide. Ambruine trébucha sur la pierre granuleuse. Soline la regarda, désolée :
– Ne gaspillez pas des années en prison. Unis, nous créerons cette Ville du Futur, pour un avenir durable, pour « Rendre à la nature ce que nous lui avons dérobé » ...
Une détonation, une balle troua la tête de la générale Soline. Elle s’écrasa au sol. Des câbles gris s’échappèrent de sa caboche. Ambruine tenait son pistolet, quelques secondes avant, attaché à son autre jambe. Des lasers l’entourèrent de toute part.
– Ambruine Rabosce, vous êtes en état d’arrestation !
La guerrière lança son arme un peu plus loin et posa ses mains derrière son crâne. Son revolver n’était pas fictif. Ambruine aurait pu flinguer l’hologramme dans la Cathédrale Notre Dame d’Amiens. Elle se serait passée de ces balivernes.
Bientôt, un bruit de moteur résonna. La jeune femme leva la tête. Un avion zébra le ciel. Sur les fines lèvres d’Ambruine, un sourire saillit ses pommettes et la bosse de son nez. Une heure avant, le vent rasait sa carapace de chitine à une hauteur de trente fois sa taille au-dessus de la Cathédrale. Ses coéquipiers dans le vrai monde, elle, dans la simulation, pour faire de la Ville du Futur réduite à l’état d’un mirage irréaliste, la Ville d’Aujourd’hui.
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