un grand silence
Une minute de lecture
je te vois à côté au passage piéton les casques sur les oreilles
et ne t’intéresses
qu’à ces enfants sales heureux qui traversent au rouge en courant
comme un cocon drapé dans ton fil tu passes
j’imagine parfois que quelque part quelqu’un
va rentrer au métro avec ton sourire
ton rire passé
à peine sorti de sa conserve, impeccablement pareil
à la nuance près
accueilli comme nous par un grand silence
le même qu’on piétine avec le cri impersonnel de l’escalateur
et puis nous évitons de nous regarder
nous déplaçons notre poids d’une jambe
sur l’autre
pendant que sur une chaise est assise la journée d’aujourd’hui
distribuant, incognito, des angoisses
à droite et à gauche
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