Lundi – après-midi

Jérôme rejoint le hangar où Alexis a commencé à faire chauffer du café.

- Elle est vraiment canon Amandine.

- Qui ça ?

- Qui ça ? T’es sérieux ? Amandine, la prof !

- Ouais…

- Jérôme me la fais pas…en plus je pense que tu lui as tapé dans l’œil.

- Arrête tes conneries

- Je te jure, elle te matait tout à l’heure.

- Elle mate surtout les gosses !

- Avoue que tu la chevaucherais bien !

- Alex…pas au boulot tu sais bien.

- Oh…ça y est tu nous la joues grand timide !

Les deux hommes rient, mais Jérôme reste sur le « tu lui as tapé dans l’œil ». Il a du succès avec les femmes, alors qu’une de plus s’intéresse à lui ne serait pas vraiment surprenant. Mais il doute quand même. Alexis n’est pas le dernier pour les plaisanteries grivoises.

Ils s’installent sur des tabourets en bois autour d’une vieille table de ferme, et avalent rapidement des sandwichs.

Les deux hommes travaillent ensemble depuis plusieurs années. Alexis n’est que de passage au haras, mais quand des jeunes femmes séduisantes viennent en stage, ou que des jolies mamans accompagnent leurs chères têtes blondes, il trouve toujours de quoi s’occuper ici. Alexis observe, scrute, dévore des yeux les femmes, souvent jusqu’à ce qu’elles craquent et s’approchent de lui en riant fort et en jouant avec leurs cheveux. Son métier est également un atout. Ca fait rêver, c’est attendrissant, un homme proche des animaux, qui les soigne et sait leur parler. Il n’a aucun mal à s’amuser avec des conquêtes d’un soir, voire même d’une heure. Combien de fois Jérôme l’a surpris sur le lit de l’infirmerie, les mains sur les hanches d’une femme dont il ne connaissait même pas le prénom… A peine séduite, déjà couchée et disparue dans les heures qui suivent. Alexis est clair dans ses démarches de séduction, et les femmes, souvent mariées, qu’il convoite et qui succombent si facilement, partagent cette idée de « sexe rapide en guise de soulagement passager ».

Jérôme est plus réservé et n’a jamais eu l’audace de son collègue. Même si bien sûr, les nombreuses femmes qu’il croise ne le laisse pas indifférent. Mais il préfère prendre son temps, les coups vite fait, ce n’est pas vraiment son truc. Il préfère faire les choses calmement et élégamment, un déjeuner, un diner, une soirée pour discuter. Le sexe sans accroche mentale est inenvisageable pour lui. Et sur son lieu de travail, il n’en est pas question.

Alexis se lève pour servir le café quand Clothilde l’interrompt.

- Alex, je t’amène la maitresse c’est sa pause et elle veut bien un café.

- Ah…approchez jolie maitresse.

Amandine s’assoit, mal à l’aise avec le compliment du vétérinaire. Il pose une tasse devant elle et une devant Jérôme, puis prend congé en les saluant tous les deux. Il précise qu’il reviendra demain matin et adresse un clin d’œil, mais ni Amandine ni Jérôme ne sait vraiment à qui il le destinait.

Amandine regarde les diplômes et les médailles accrochés au mur du hangar. Jérôme lui raconte les concours, les réussites, les récompenses.

- Vous avez un sacré palmarès, c’est impressionnant.

- J’ai eu. C’est fini tout ça. Je me fais vieux et j’aspire à moins d’ambition.

- Vieux ? Ben j’aimerais bien être comme vous à votre âge !

Jérôme éclate de rire. Amandine est gênée.

- Non, pardon, je veux dire…

- Pas de problème, je sais que je m’approche de l’âge critique.

Il sourit. Elle aussi. Et elle se lance.

- Vous avez quel âge ?

- J’ai 52 ans.

- Mais c’est très jeune 52 !! et puis franchement l’âge…Est-ce si important ? Vous êtes vraiment très…

- Maitreeeeeesse !!!! Ya Moussa qui a volé le dessert de Siyane !

Trois enfants arrivent en courant et semblent littéralement offusqués. La pause est terminée, Amandine doit reprendre son rôle et calmer les esprits avant que ça dégénère.

Jérôme la regarde s’éloigner en regrettant qu’elle n’ait pas pu finir sa phrase. Vraiment très quoi ?

Il observe ses jambes, bien dévoilées par sa petite jupe. Ses épaules, qui bougent légèrement alors qu’elle rejoint les enfants. Son cul…qu’il devine craquant… C’est vrai qu’elle est canon cette prof. Il a raison Alex.

Une fois le conflit du yaourt volé résolu, toute la classe se retrouve autour de Caramel et Sarah, pour le premier cours de soin. Les enfants doivent écouter mais aussi prendre des notes, pour pouvoir dès le lendemain faire les mêmes gestes.

Amandine prend quelques photos, et jette des regards en arrière de temps en temps pour tenter d’apercevoir Jérôme. Finalement, le larcin de Moussa est arrivé pile au bon moment. Il se serait passé quoi sinon ? Elle aurait dit qu’il était très sexy pour son âge ? Que son allure de gars renfrogné lui plaisait bien ? Qu’elle aimait l’observer s’occuper des enfants et qu’elle trouvait ça très excitant ? Merci Moussa, et merci le yaourt au chocolat qui faisait trop envie.

L’après-midi est consacrée à la présentation des animaux, leur provenance, leur alimentation. Plus théorique que le matin mais les enfants sont subjugués par les paroles des jeunes cavalières. Amandine se concentre également et apprend autant que ses élèves.

Finalement Jérôme ne réapparait qu’au moment où le car doit repartir. Il vient saluer les enfants, et s’approche d’Amandine.

- J’espère que vous êtes satisfaite de cette première journée.

- C’est vraiment super. Merci encore de nous accueillir.

- C’est un plaisir, vos gamins sont extras et vous…

- Maitreeeeeesse ! je trouve plus ma casquette !!

- J’arrive Malik !!... A demain Jérôme.

Il tend sa main vers elle.

- A demain.

La poignée de main est douce et ferme à la fois.

Comme elle.

Comme lui.