Mardi – après midi

L’après-midi, les enfants doivent mettre en pratique ce que Sarah et Clothilde leur ont enseigné la veille sur le soin des poneys. Tout le monde prend son rôle très à cœur et Amandine semble oublier ses idées troublées. Mais quand Jérôme se poste à ses côtés, même si c’est pour parler « poney »…elle sent ses sens partir en vrille.

- Je voulais vous parler de quelque chose…

Ca y est…Amandine sent son cœur accélérer…il l’a vue tout à l’heure dans les bras d’Alexis…il trouve ça honteux…c’est sûr…

- Vu que vos élèves sont plutôt doués, je pensais vous proposer une sortie en forêt pour vendredi, le dernier jour.

La jeune femme pousse un long soupir de soulagement.

- C’est…une très bonne idée. Ca leur ferait extrêmement plaisir c’est certain. Mais vous êtes sûr qu’ils en seront capables ? Là c’est un autre exercice, plus de barrière, plus d’enclos…

- Je pense que oui. Il faut préparer la sortie bien sûr. Et…j’aurais besoin de votre aide.

- Oui avec plaisir, qu’est-ce que je peux faire ?

- On pourrait en parler…demain ? Vous n’avez pas classe n’est-ce pas ? Je vous oblige à revenir un mercredi alors que vous êtes de repos mais…

- Pas du tout je viendrai avec grand plaisir !

Amandine se surprend elle-même à prononcer ces mots. Elle les a d’ailleurs presque criés, comme pour entériner cet espèce de rendez-vous qui n’en est sûrement pas un…

- Parfait. 11h ça vous va ? Inutile de vous faire lever aux aurores. Vous méritez un peu de repos quand même, avec vos petites terreurs qui ne vous laissent pas beaucoup de répit.

- 11h c’est très bien.

- Je suis ravi de pouvoir vous proposer ça.

Ca…la sortie en forêt ou ça…se voir le mercredi sans les enfants ? Amandine réalise doucement…demain elle se retrouvera seule avec Jérôme… son esprit s’évade… il veut qu’ils soient seuls ? non…il doit proposer ça à toutes les classes, toutes les enseignantes… il a quand même dit que les enfants étaient extraordinairement doués…mais ça doit arriver souvent…non ? Elle ne sait plus quoi penser, et un doux stress commence à monter alors qu’elle imagine le haras vide de tout enfant.

L’ambiance doit être bien différente sans l’agitation, les bruits, les cris.

Est-ce qu’elle sera aussi à l’aise, pour peu qu’elle le soit, seule avec le directeur ?

Clothilde réclame l’aide d’Amandine pour un exercice théorique sur le vocabulaire lié au cheval. Elle reprend son rôle, se poste devant les enfants, assise en tailleur et commence son explication calmement, sereinement. Sa voix si posée apaise tout le monde, et en particulier Jérôme, qui l’observe depuis le hangar.

Il entend à peine ses mots, mais regarde ses lèvres bouger, ses yeux qu’elle balaye sur chacun des mômes. Il savoure ses silences ponctués de sourires quand elle écoute un enfant parler. Demain il pourra l’approcher, passer du temps avec elle, la connaitre davantage. Tout ce qu’il aime. Evidemment qu’elle est agréable à regarder…et bien plus que ça. Mais le feeling est tellement important. Ce qu’il ressent en étant près d’elle est bien de l’ordre du physique, mais ce qui se passe quand il la regarde, comme maintenant, c’est autre chose.

- Hey, tu vois que tu la mates !

- Alex…non…

- Jé, ça va, laisse toi aller pour une fois. Vas-y !

- Je ne la connais pas !

- Pas besoin de grands discours pour se faire plaisir tu sais.

- Toi, tu fonctionnes comme ça, mais moi je préfère prendre le temps.

- A trop prendre ton temps tu passes à côté de tes envies !

- Non…simplement je sais les maitriser. Enfin je crois.

- Fais comme tu veux, mais moi, elle m’excite terriblement cette maitresse…avec son cul bien moulé là…j’en ferai qu’une bouchée crois – moi.

- Tu en ferais ? ou tu en feras ?

- Ah ça…

Alexis éclate de rire. Aucune gêne entre les deux hommes qui se connaissent bien. Malgré leurs différences, leur amour commun des chevaux et leur professionnalisme ont fait d’eux des amis.

Ils n’hésitent à se raconter leurs aventures érotiques, c’est un sujet léger qui permet de se rapprocher et qui a le mérite de les amuser. Ils doivent parfois faire face à des situations difficiles, et les moments de détente au haras sont les bienvenus.

Habituellement, le type de femme qu’Alexis convoite se rapproche de ce qu’on pourrait appeler des bimbos…la femme qui met en avant chacun des traits de sa féminité, qui grossit même ces traits. Elles sont souvent faites sur le même modèle, et pour une fois, il s’attarde sur une femme moins exubérante. Sa timidité l’amuse et il se demande jusqu’où il pourrait aller avec elle.

Clothilde termine la séance de vocabulaire, et salue les enfants en leur disant de bien se reposer le lendemain. Mine de rien, le rythme est soutenu, et le stage demande beaucoup de concentration et d’investissement moral et physique.

Le physique…c’est bien ce qui tracasse Amandine aussi. Elle passe la tête dans le hangar pour dire au revoir à Jérôme.

- A demain Jérôme.

- A demain. J’ai hâte d’y être.

Il prononce les mots de manière un peu sèche, mais Amandine sourit, et rassemble les enfants pour monter dans le car.

Demain, elle, Jérôme, seuls. L’idée la stresse autant qu’elle l’impatiente.