Chapitre 6
Mercredi après midi
Les images d’Alexis si près d’elle, son corps, sa bouche, son regard…il est difficile à Amandine de passer à autre chose. Elle s’est totalement abandonnée à lui, suivant ses envies, voulant assouvir son désir. Que c’était bon…
- Ah bonjour Amandine !
- Bonjour Clothilde.
- Vous faites des heures sup ?
- Oui…je devais aller avec Jérôme faire le trajet d’une balade qu’il veut faire faire aux enfants vendredi.
- Ah oui, le petit sentier dans la forêt, il m’en a parlé. Mais il vous a posé un lapin ?
- Non, il a dû partir chez un monsieur qui avait besoin d’aide.
- Ah oui… Jérôme est un très bon directeur de haras, pas du genre à rester dans le bureau bien au contraire.
- Oui j’ai cru comprendre.
- C’est bien, on a besoin d’un homme comme lui ici.
Amandine soupire sans vraiment s’en rendre compte. Clothilde serait-elle elle aussi attirée par le directeur ? Ce serait assez logique…il est son supérieur, bel homme, très bel homme…
- Salut toi ! Ah bonjour Maitresse !
- Bonjour Sarah.
- On vous manquait c’est ça ?
Sarah toute souriante se dirige vers Clothilde, passe un bras autour de son cou et l’embrasse sur la bouche.
Elle se retourne et regarde la tête d’Amandine, qui bouche ouverte, se demande si elle a bien vu.
- On ne vous choque pas j’espère ? Devant les enfants, on ne montre rien, mais Clo et moi sommes ensemble.
- Ah, et bien, c’est génial. Vous vous êtes rencontrées ici ?
- Et oui. Jérôme a embauché Clo parce que toute seule, c’était trop difficile pour moi. Il a fait passer des entretiens à plusieurs personnes, et moi j’ai flashé sur elle. Bon c’est vrai qu’ici, il y a beaucoup de femmes qui sont de passage.
- Oui je me doute.
- Et toutes plus belles les unes que les autres.
- Et…Alexis en profite j’imagine.
Amandine a osé poser la question. Le fait que Sarah ose s’afficher au grand jour avec Clothilde lui donne une certaine occasion de devenir plus complice avec les jeunes femmes. Mais…cette question a – t – elle vraiment un sens ? Le fait qu’Alexis soit un homme à femmes changera quoi ? Elle arrêtera d’avoir envie de lui ? Ce désir est physique, elle ne sait rien de lui, n’envisage pas une seule seconde d’entamer une relation avec lui, alors…pourquoi cette question.
- Il ne se prive pas en effet. Mais, vous savez, vous avez toutes vos chances avec lui. Vous êtes une très belle femme.
Amandine rougit. Déglutit. Se noie dans sa tasse de café.
- Sarah a raison Amandine. Ne soyez pas gênée. Vous devez savoir que n’importe qui peut avoir du désir pour vous. Et alors aujourd’hui avec cette robe…vous êtes sublime.
Amandine bredouille un remerciement. C’est la première fois qu’une femme, mais en fait, deux, lui font un tel compliment.
Les deux jeunes femmes sourient, s’embrassent, discutent de leur journée et des soins à apporter aux poneys pour qu’ils soient complètement disponibles pour les enfants le lendemain.
Amandine avale de minuscules gorgées, prend part de temps en temps à la conversation mais écoute et surtout observe la liberté avec laquelle ces deux jeunes femmes assument qui elles sont, alors qu’elle, elle s’en veut d’être qui elle est.
Un vrombissement retentit au loin, et Amandine comprend que c’est le quad, et Jérôme, qui sont de retour. Machinalement elle se recoiffe, réajuste sa robe, comme pour dissimuler qu’elle était toute froissée il y a une heure à peine.
Jérôme gare le quad et court presque jusqu’à la petite salle.
- Ah tu es encore là ! Super ! Je suis désolé, ça a duré plus que je ne le pensais…merci d’être restée, je suis content. Tu as trouvé de quoi t’occuper ? Alexis est parti ? Où sont les filles ?
Jérôme pose mille questions sans attendre les réponses. Il en veut à son client, il s’en veut à lui-même, il a perdu du temps, et il n’en reste plus beaucoup avant que les gamins du club arrivent pour leur séance hebdomadaire du mercredi après-midi.
Sans perdre une seconde de plus, il entraine Amandine vers la cour, et lui tend un casque.
- Ca t’embête si finalement je te montre l’endroit en quad ? On ira plus vite comme ça.
- Pas de problème, une monture ou l’autre, je suis toujours partante !
Elle a vraiment dit ça ?? Elle s’auto-dissuade qu’elle parlait bien du moyen de locomotion, et aucunement des hommes qu’elle côtoie depuis deux jours…
Amandine aime le sexe, sous ses airs timides, elle est une amante qui n’a pas froid aux yeux, et elle sait se lâcher dans les moments les plus intimes. Mais elle n’assume que trop peu son côté sensuel. Elle est célibataire, en pleine force de l’âge, dans le droit total de s’amuser avec qui elle veut, mais une sorte de morale lui interdit de s’autoriser à multiplier les amants. Elle se contente de penser aux hommes qui lui plaisent, chez elle, et se satisfait elle-même. Cela évite les problèmes d’attachement. Même si bien sûr, elle rêve de rencontrer celui qui saura lui apporter l’équilibre parfait entre douceur, amour, confiance, bienveillance, désir et plaisir. Mais là, ces jours-ci, elle n’a pas envie de lutter, ni de trop réfléchir. Son attirance, ou plutôt, ses attirances pour ces deux hommes lui font perdre toute notion de raison, et être désirée par deux bellâtres en même temps est extrêmement flatteur et grisant.
Elle enfourche le quad, derrière Jérôme, et sans hésiter, laissant de côté sa pudeur et ses peurs, elle entoure de ses bras son bassin, s’accrochant ainsi à lui. Surpris, et comme pour justifier ce geste inattendu, Jérôme donne une grande accélération pour démarrer l’engin. Le corps d’Amandine se rapproche encore plus du sien. Il sourit légèrement, et s’élance avec envie dans les chemins forestiers. Il tente ça et là de donner quelques explications techniques pour la balade, mais avec le bruit du moteur, Amandine ne saisit qu’un mot sur deux. Elle observe le sentier qui est assez bien aménagé, et imagine parfaitement tous ces élèves émerveillés par ce privilège d’être de vrais cavaliers, en situation réelle de promenade.
Au bout de quelques minutes, Jérôme arrête le quad et somme Amandine d’en descendre. Il lui tend la main pour l’aider, sans quitter des yeux ses cuisses nues, sa robe ne faisant office que du minimum décent pour couvrir son intimité. Il se met à espérer qu’elle n’ait pas de sous-vêtement…mais le coup de chaud qui se répand en lui le ramène à la réalité. Il doit rester professionnel.
- Voilà, c’est ici que je pensais finir la promenade. Il y a de l’espace pour les bêtes, et on pourrait manger là, à l’ombre des arbres. Les enfants pourront aussi se tremper un peu les pieds dans le ruisseau, si leur maitresse est d’accord bien sûr.
- C’est une bonne idée, il va faire très chaud, mais ils vont terminer trempés de la tête aux pieds s’ils commencent à jouer avec l’eau, je les connais !
- On pourra prendre des serviettes, vu que Clothide et Sarah seront avec nous, elles prendront du matériel ne t’inquiète pas.
- Je ne m’inquiète pas, cet endroit est parfait, c’est vraiment une très bonne idée et…
Amandine s’arrête net. Jérôme enlève ses chaussures, ses chaussettes, relève le bas de son pantalon et elle espère qu’il enlève son tee shirt. La vue partielle qu’elle a eu de son corps ce matin quand il était sous la douche lui a donné envie d’en voir plus, d’en savourer plus, d’en toucher plus…
- Tu viens ? Je vais te montrer le ruisseau. Tu peux laisser tes chaussures ici ça ne craint absolument rien.
- Oh oui, je me doute, il n’y a pas l’air d’avoir beaucoup de passage ici.
- Non, c’est quasiment un terrain privé, on est seul au monde ici, toi et moi.
Ce « toi et moi » fait frémir la jeune enseignante, et à cet instant elle s’imagine parfaitement le transformer en « toi en moi ». Mais Jérôme ne montre pas tant d’attirance que ça pour elle. Même si Alexis a affirmé le contraire, même si parfois elle ressent son regard sur elle, qu’il la percute de ses yeux noirs, rien n’indique qu’il pourrait se passer quoi que ce soit entre eux. Et s’il ne fait pas le premier pas…
Tous deux pieds nus, ils se dirigent vers un petit ruisseau qui coupe la forêt en deux. Perchés sur des grosses pierres, ils s’amusent à observer le léger courant. Jérôme parle de la sérénité qu’il ressent quand il vient ici parfois. Amandine l’écoute, tente de croiser son regard mais il reste assez fermé.
Elle ne sait pas qu’il tente de se contenir. Elle ne ressent pas l’envie qu’il a de la prendre dans ses bras, de l’allonger sur l’herbe et de lui enlever sa robe sauvagement. Il lutte. Pas ici, pas sur le lieu de travail, pas à la va vite…même si ses entrailles le poussent à la déshabiller du regard et du reste. Alors il parle, essaye de mener une conversation banale, évite de la regarder tant elle le désarme.
Il est déjà 13h, et le soleil brûle leur peau. Amandine se rafraichit en mettant ses mains dans l’eau pour en enduire ses bras et ses épaules. Penchée en avant ainsi, sa robe se décolle légèrement de sa poitrine, laissant apparaitre son soutien-gorge, et ses seins bien trop cachés dedans.
Jérôme plonge ses yeux et ne s’en détache pas. Quand Amandine se redresse, et perçoit le regard insistant du directeur sur son corps, elle veut s’assurer que ce n’est pas un simple hasard, que lui aussi a peut-être déjà envisagé un rapprochement avec elle. Prise d’un élan de confiance, elle se décale d’une pierre, se penche à nouveau mais sans baisser la tête cette fois. Jérôme la suit des yeux, passant de son visage à ce décolleté qui décidément s’amuse un peu trop avec lui. Amandine se remet debout, et le regard indiscret qui reste figé sur sa poitrine lui confirme que Jérôme est attiré par elle. C’est tout ce qui lui fallait pour être subitement animée par une sensuelle assurance.
Oubliant sa retenue, et sans quitter Jérôme des yeux, elle fait glisser une bretelle de sa robe sur son épaule. La mâchoire de Jérôme se crispe. Amandine se mordille les lèvres, et répète son geste à l’identique de l’autre côté. Sa robe tombe légèrement, mais s’arrête en haut de sa poitrine. Jérôme sent ses abdominaux se contracter, et tente de garder son sang-froid devant une telle invitation. Mais…en est-ce réellement une ? Il n’aimerait pas tout gâcher, s’il y avait une quelconque chance pour qu’il puisse entamer une histoire avec cette jeune femme…jeune, oui, bien trop jeune pour lui. Il l’observe et la différence d’âge lui saute aux yeux immédiatement… Que pourrait-elle bien faire d’un homme avec quinze années de plus ?... Ses pensées le contrarient, alors qu’Amandine, quasi immobile, ne le lâche pas du regard.
De ses mains, elle fait coulisser davantage sa robe, qui descend lentement sur son ventre, son bassin, ses jambes et termine sur ses chevilles. Elle la saisit avant qu’elle ne touche l’eau, et la jette sur le bord de la rive. La voilà à demi nue devant Jérôme. Ne sachant que faire, ni que dire, attendant une réponse de sa part, un mot, un signe que cette audace n’est pas vaine.
Elle est sublime…si vulnérable. Elle semble timide et invitante à la fois, Jérôme ne sait plus quoi penser. Amandine baisse les yeux et semble deviner, enfin, un grand désir dans le pantalon de cet homme si déstabilisant par son silence.
Jérôme comprend ce qu’elle regarde, et ce qu’elle…réclame, peut-être. Lentement, il ouvre sa braguette. Amandine ouvre grand ses yeux et s’arrête de respirer quelques secondes. Dans une symétrie parfaite, ses mains saisissent les bretelles de son soutien-gorge pour les faire coulisser le long de ses bras.
Toujours silencieux, Jérôme baisse son pantalon sur ses chevilles. Son caleçon noir est tendu, gonflé, et son sexe tressaille quand Amandine enlève son soutien-gorge totalement.
Ses seins sont sublimes. Là, à quelques centimètres de lui. La gêne a laissé place à l’amusement. Quand Amandine sent qu’elle plait, sa timidité s’envole, et la voilà prête à jouer. L’érection qui lui fait face n’est pas un mirage. Jérôme a envie d’elle, et elle a envie de lui.
Seuls les bruits de l’eau, des oiseaux, des avions viennent perturber le silence de la nature. Amandine glisse une main dans sa culotte, et sent son envie de bout de ses doigts. Jérôme se surprend à baisser son caleçon pour libérer son sexe bien trop à l’étroit. En voyant le résultat de ce qu’elle a provoqué, Amandine pousse un gémissement, qui l’encourage à enfoncer légèrement un doigt en elle. Jérôme réagit immédiatement en saisissant son membre. Il aimerait la toucher, l’embrasser, déguster son corps, mais le spectacle est saisissant. Cette jeune femme superbe, se livre à lui, sous ses yeux, se laisse aller à des caresses…il ne veut pas gâcher ça. Il la dévore des yeux, son visage qui commence à rougir, sa bouche qui s’ouvre sous les frôlements qu’elle semble s’infliger, et son corps…si parfait, si harmonieux…
Jérôme se masturbe lentement, sentant le plaisir arriver trop rapidement. Amandine se délecte de ce qu’elle voit…elle excite un homme, ce qui la rend encore plus ardente. Voir bander un homme devant elle la met dans un état incroyable, et ses gestes accélèrent. Ses doigts entrent et sortent de son vagin trempé, Jérôme laisse échapper quelques grognements de plaisir, auxquels elle répond par des murmures sensuels… ils se stimulent l’un l’autre, s’admirant, s’écoutant, s’excitant, sans se toucher, sans passer par le contact physique, simplement en contemplant l’autre enveloppé de désir… Amandine pousse des cris de plus en plus sonores, et Jérôme ne veut plus retenir sa jouissance… Il éjacule dans un râle, tandis qu’Amandine, voyant ce qu’elle a réussi à provoquer, termine elle aussi sur un orgasme puissant, qui lui fait fléchir les jambes. Jérôme se rapproche précipitamment d’elle pour la serrer contre lui, et quand elle relève la tête, l’embrasse sans aucune hésitation. Le baiser est puissant, ferme, comme pour dire merci, comme pour dire « je suis là ». Il aimerait vouloir dire tant de choses à la jeune femme, mais ses lèvres restent closent contre celles d’Amandine.
La jeune enseignante savoure ce moment, ce n’est pas un baiser torride, ce n’est pas un baiser d’envie de l’autre, mais un baiser presque…possessif. Lorsqu’ils se décollent enfin, Jérôme prend la parole.
- Tu es incroyable.
- Ca t’a plu ?
- Tu es époustouflante Amandine. Je n’ai jamais fait ça. Je… je ne sais même pas si ça se fait d’ailleurs, de se masturber comme ça devant une femme…
- C’était parfait Jérôme. J’ai adoré voir l’effet que je te fais. Ca me plait énormément… j’ai du mal à croire que c’est moi qui ai réussi à provoquer autant de plaisir…
- Dis pas n’importe quoi, tu es magnifique.
Amandine pose ses lèvres sur Jérôme en guise de réponse. Que dire d’autre de toute façon ?
En prétextant l’heure qui tourne, ils ramassent respectivement leurs vêtements, se rhabillent rapidement, et rejoignent le quad. Sur le chemin du retour, Amandine se love contre Jérôme, sans penser une seule seconde à la suite, à ce qui pourrait se passer, ou ne pas se passer, à ce qu’ils pourraient se dire ou ne pas se dire.
Lorsqu’ils arrivent au haras, Alexis fait monter un cheval dans un van. Jérôme le rejoint, il signe un document et part rassurer l’animal.
Alexis se dirige vers Amandine avec son troublant sourire.
- Alors, tu l’as retrouvé ton beau directeur ? Tu vois qu’il n’en a pas eu pour longtemps !
Il dépose un baiser dans le cou de la jeune femme, qui ne sait plus ce qui lui arrive.
- J’espère que vous avez passé un bon moment. Je dois filer à la clinique, mais demain…on se retrouve belle Amandine !
Il part en direction du véhicule, et échange quelques mots avec Jérôme. Amandine les observe. Mais à quoi ils jouent tous les deux ? Et elle ? Elle est passée de l’un à l’autre sans aucun scrupule ! Qu’est-ce qui lui arrive ? De toute façon, ce petit manège va s’arrêter très vite. Demain, retour des enfants, et là, pas question de se laisser aller à ce genre de petits jeux.
Le van s’éloigne, Jérôme retrouve Amandine. Des parents viennent d’arriver avec des adolescents, les entrainements vont débuter. Jérôme passe une main dans les cheveux d’Amandine. Il a une terrible envie de l’embrasser, mais pas là, pas ici, pas devant les parents. Amandine ferme les yeux, espérant sentir ses lèvres contre les siennes, mais c’est un simple « rentre bien, et on se voit demain » qui parvient à ses oreilles.
Elle le salue en retour, et prend le chemin de chez elle, la tête pleine d’images et de questionnements.
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