Chapitre 9
Vendredi matin
- Ca y est tout le monde est prêt ?
- Non attends, Nougat n’est pas sellé et Platon encore au box !
- Ok, je vais jeter un œil.
Tout le monde s’affaire, les animaux, les enfants, les adultes. Un joyeux bazar anime le haras ce matin, mais malgré tout, tout doit être parfaitement calé pour cette journée en forêt.
Il faut penser à tout, repas, trousses de secours, crème solaire, serviettes de bain… ils partiraient pour une expédition de trois jours qu’ils n’en seraient pas moins chargés.
Clothilde et Sarah gèrent totalement tout le matériel, Jérôme vérifie que les enfants sont bien installés, tout en dévisageant leur belle maitresse du coin de l’œil. Celle-ci s’est vêtue d’un short en jean assez court, et d’un tee-shirt rose pour cette journée. Il fait encore très chaud, et elle va marcher assez longtemps. Il fallait qu’elle soit à l’aise.
Tout le monde vérifie qu’il a son sac à dos, sa bouteille d’eau, et l’expédition se met en marche. Il est 10h, la balade doit durer presque 2h vu le rythme des cavaliers débutants et les nombreuses pauses qu’ils feront avant d’arriver sur les lieux du pique-nique.
- Les filles, vous passez devant ! Je ferme la marche avec Stella.
- Ok chef !
Les palefrenières prennent la tête du groupe, les enfants sont en file indienne, tête relevée par la fierté, Amandine déambule au milieu de toute la troupe, et Jérôme, tout au fond, peut ainsi l’admirer sans trop se faire remarquer, tout en gardant un œil sur chaque animal.
- Maitresse regarde comme j’y arrive trop bien !
- Je vois Siyane, continue tu te débrouilles très bien !
- Et moi Maitresse, t’as vu ! sans les mains !
- Non non non ! ne fais pas l’imbécile, vous devez faire exactement ce que Jérôme vous a appris, pas de fantaisie sinon on rentre !
- Oh non !! Ali arrête ! à cause de toi on va pas finir la sortie !
- Oh ça va, je rigolais !
- Maitresssse ! Viens voir !!
Amandine court d’un poney à l’autre, les enfants la sollicitant plus que de raison. Cette promenade est incroyable, le temps est superbe, le décor est splendide, les élèves sont euphoriques mais sérieux malgré tout…C’est parfait. Elle en profite bien sûr pour les interroger sur la flore qu’ils croisent. Fleurs, arbres, arbustes, rien ne vaut le réel pour apprendre des choses, plutôt que les photos d’un vieux manuel.
L’enseignante regrette presque de ne pas avoir assez anticipé cette sortie. Elle aurait pu faire ramasser aux enfants quelques feuilles tombées au sol, et leur faire réaliser un herbier à leur retour en classe. Ou encore les faire travailler sur les animaux de la forêt, chercher d’éventuelles traces, des nids, des pelotes de réjection… Elle fourmillait d’idées, mais ce n’était plus le moment. Au lieu de batifoler avec toutes les personnes ou presque croisées ici, elle aurait dû travailler davantage. Tant pis. L’année prochaine peut-être. Mais y en aurait-il une ? Ce n’est pas le moment de penser à ça. Ni au reste d’ailleurs. Même si ce qu’elle a vécu depuis cinq jours est totalement dingue, cette journée est la plus importante. Elle doit être complètement à ce qu’elle fait, et entièrement à la disposition de ses élèves.
Quand Jérôme ordonne la première pause pour faire boire les poneys, Amandine rassemble les élèves pour les féliciter sur leur attitude jusqu’à maintenant. Elle cueille une clématite et la fait passer entre les petites mains. Pistil, étamines, pétales… on improvise un petit cours sur les végétaux. Les filles veulent se faire des colliers de fleurs, tandis que Youssef leur crie dessus car on ne détruit pas la nature pour ça. Il a raison, et elles…déjà si petites mais tellement dans le paraitre.
- Mais c’est pour être jolie Maitresse !
- Vous n’avez pas besoin de ça pour être jolies les filles.
C’est Clothilde qui est intervenue.
- Apprenez à être belles pour ce que vous êtes, pas ce que vous portez ou mettez sur vous.
Et voilà qu’on improvise un cours de philo. C’est ça, exactement ça qui fait vibrer Amandine pour son métier. C’est pouvoir aborder n’importe quel thème avec les enfants. Pouvoir profiter de leur innocence, de leur questionnement sur la vie, et leur apporter un maximum de bon sens pour qu’ils construisent leur être, et leur devenir. Clothilde s’en sort plutôt bien avec ces phrases subtiles mais adaptées à l’âge des enfants. Amandine la détaille. C’est une jolie jeune fille…qui pourrait peut-être être celle qu’elle a embrassée et caressée hier soir. Comment savoir ? Clothilde n’a rien laissé paraitre ce matin, ni même Sarah. Elles avaient le même enthousiasme que les autres jours, ont reparlé vaguement de la soirée mais ne se sont pas attardées sur le sujet.
Le moment de reprendre la balade est proclamé par le directeur du haras. Directeur, ça lui va bien, car on sent bien que diriger, contrôler, sa vie, ses émotions et ses envies, c’est une grande partie de lui.
Avec son ton ferme et autoritaire, il reprend en main le commandement, et la petite troupe poursuit la balade.
Certains enfants commencent à réclamer le repas, mais il reste encore trente minutes avant de pouvoir s’installer pour le déjeuner.
Amandine continue de jouer les reporters photo, et Jérôme poursuit sa contemplation de la jeune femme. Quelle sera la suite de tout ça ? L’inviter à dîner ? Faire plus ample connaissance dans l’espoir d’aller plus loin qu’un simple désir physique ? Elle est tellement jeune…y a – t – il un quelconque avenir à tout ça ? Ou alors, juste se laisser aller à l’envie purement sexuelle, juste pour prendre du bon temps, et la laisser profiter de sa vie, de sa jeunesse, sans attendre plus ? Il a terriblement envie d’elle, d’un vrai moment sensuel, et confortable. Il veut…il veut lui faire l’amour. Pas la baiser. Il veut lui procurer le plaisir qu’elle mérite. Même si elle a montré qu’elle était sûrement moins farouche qu’elle n’y parait, c’est impossible pour lui de faire ça à la va vite. Il pourrait l’inviter chez lui dans ce cas ? Il lui préparerait un bon plat, il se débrouille pas trop mal, et lui proposer ensuite un moment tendre et coquin dans son lit… Il faut en tout cas qu’il se décide, car c’est la dernière journée, la dernière occasion de lui faire une proposition. En attendant, il se délecte de la voir sautiller entre les bêtes, de voir ses cheveux virevolter autour de son doux visage, de voir son petit cul bien moulé dans son short lui procurer…une belle envie d’elle.
- Pas trop fatiguée Maitresse ?
- Non ça va Sarah, merci. Et puis c’est très bien ainsi, ça me fait faire un peu de sport.
- Oh, tu n’en as pas vraiment besoin, tu es parfaite comme tu es.
Amandine prend le clin d’œil de la jeune femme comme un aveu.. Se pourrait-il finalement que ?...
- Maitresse ! Ali il veut me doubler !
- Non non non, on commence pas à s’énerver, on est presque arrivé, on va bientôt manger et vous pourrez jouer.
- Ouais !!!! on a faim ! on a faim !
- Mais chuteuuuuh ! Fermez-la ! On doit rester calme vous avez oublié ou quoi ?
- Aya, parle correctement ! Tu as raison, mais il y a d’autres manières de le dire.
- Oui mais Maitresse c’est grave ce qu’ils font là.
Quelques minutes de plus, et les voilà à l’endroit où le quad s’est arrêté mercredi. Les enfants descendent des poneys, et chacun attache son animal à un poteau prévu à cet effet.
Jérôme fait un rapide débrief sur cet aller, et félicite les enfants qui ont parfaitement su se comporter et amener leur animal à destination. Amandine le remercie pour sa bienveillance, et tout le monde peut enfin sortir son pique-nique. L’enseignante passe d’enfant en enfant pour les aider à déballer leur sandwich, ouvrir leur paquet de chips…
Le repas commence, Amandine rejoint les adultes qui parlent des animaux. Elle picore sa salade, l’air ailleurs. Jérôme aimerait se rapprocher d’elle, simplement poser son bras près du sien, mais hors de question de montrer son faible pour elle devant Clothilde et Sarah.
Ils passent en revue chaque poney, vantant les mérites des plus âgés. Amandine écoute d’une oreille. Rapidement, elle doit reprendre du service auprès des enfants qui souhaitent déjà aller jouer. Après avoir ramassé tous les déchets, elle les autorise à sortir les jeux de cartes et les ballons. Elle va avoir environ vingt minutes de pause avant que les premiers conflits ne viennent troubler cette tranquillité.
Clothilde et Sarah sont parties vérifier que les poneys allaient bien. Elle rejoint donc Jérôme.
- C’est vraiment une sortie géniale, merci encore d’avoir proposé.
- Mais de rien, c’est mérité, vraiment. Autant pour les enfants que pour toi.
- Et bien…merci, encore. Eux comme moi, on a gardera un souvenir incroyable.
- Et…de moi, tu garderas un souvenir incroyable aussi ?
Jérôme n’en revient pas d’avoir prononcé ces mots.
- Evidemment. J’ai vécu des choses…très intéressantes ici.
- Tu es vraiment très belle Amandine.
Il a suffit de ça, de ces quelques mots, pour réveiller le désir en elle. Les enfants jouent, calmement. Alors, elle aussi, elle veut jouer.
- Belle à quel point ?
- Belle au point que…non, je peux pas, pas ici. On doit garder la tête froide.
- Pourquoi ? Tu as peur de quoi ?
- Je….
- Tu sais quoi ? Moi, j’ai très chaud, vraiment très chaud, et le soleil n’y est pas pour grand-chose…
Bon sang mais à quoi elle joue ? Elle est fascinante, ses yeux reflètent un désir insolent, comme mercredi, dans le ruisseau.
- Amandine, ce n’est pas le moment de…
Elle se rapproche de lui, pour s’assoir en collant sa jambe gauche à la jambe droite du directeur.
- Bien sûr que si, c’est le moment. Le moment de te dire que j’ai adoré la manière dont tu m’as embrassée hier soir. J’y ai pensé toute la nuit, j’ai même commencé à me caresser en y repensant.
- Arrête…
- Mais, j’ai préféré me réserver. Je me suis dit que peut-être…on aurait l’occasion d’aller au bout de ce qu’on a commencé. Tu en as autant envie que moi, non ?
- Si. Bien sûr, tu me…tu me fais beaucoup d’effet…
- Je te fais bander Jérôme ?
Il la regarde, surpris, choqué, et excité.
- Tu as envie que je monte sur toi, là tout de suite ? Que je sente ton érection sous mes fesses ?
- Amandine putain…
- Ne soyez pas grossier Monsieur le directeur.
Elle se lève en un éclat de rire, laissant Jérôme admirer sa silhouette. Fière de sa bêtise, elle sait aussi qu’il était temps d’arrêter ce petit jeu, pour le moment en tout cas.
Elle a rejoint ses élèves pour organiser un jeu de course. Il ne décolle pas son regard d’elle. Et ne peut se décoller non plus du rocher sur lequel il est assis, seule option pour cacher son érection.
Après avoir bien fait courir tout le monde, Amandine demande à Jérôme s’ils peuvent descendre près du ruisseau. D’un hochement de tête silencieux, il lui fait signe que c’est d’accord. Les enfants enlèvent leurs chaussures, et se précipitent vers l’eau. Comme prévu, quelques minutes à peine suffisent pour qu’ils se retrouvent entièrement mouillés. Mais avec la chaleur, ce n’est pas plus mal. Ils se rafraichissent, s’amusent, tentent des ricochets ou même de pêcher les minuscules verrons qui passent par là.
Jérôme et Amandine ne peuvent s’empêcher évidemment, de repenser au ruisseau, et à leurs corps dénudés, offerts à la vue de l’autre. Chacun de son côté revit la scène, furtivement car les vingt enfants demandent toute leur attention.
Une fois tout le monde bien défoulé, ils retournent près des animaux. Il va être temps de prendre le chemin du retour, ils iront moins vite qu’à l’aller, il fait plus chaud et les poneys comme les enfants fatiguent davantage.
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