Chapitre 3 - Longue nuit noire

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Il y a une longue nuit noire. Lorsque le soleil se lève, je me redresse et je descends l'escalier. Maître Bergman dort toujours. La nuit a été agitée, et il serait cruel de le réveiller. Aussi, je le laisse dormir. J'ouvre le buffet de la salle à manger. J'en sors le bol et le tissu qui me servent pour mes fumigations. Avec le temps, le tissu s'est imprégné des vapeurs de mercure et il est devenu plus lourd, presque cassant. Mais à l'idée de la jeter, je suis parcourue par un frisson, quelque chose qui ressemble à de la peur. Je suis sûre que c'est le prémisse d'une maladie. Le signe d'une faiblesse, morale celle là, contre laquelle aucun des remèdes de mon invité ne pourra rien.

Je verse les produits dans le bol et la fumée dense monte vers moi. J'inspire à fond et sa densité emplit mes poumons.

Bains et fumigations. Un long rituel pour me mouvoir encore lorsque tous les autres se seront abandonnés à la mort. Il paraît que les reines de jadis prenaient des infusions d'or pour conserver leur jeunesse. Maître Bergman ne me propose que du mercure et des bains de plomb. A chacun selon son rang, j'imagine. Je suis Elsa, et je n'ai droit qu'aux métaux les moins nobles et les plus efficaces.

Lorsque j'entends du bruit dans la cellule, je remise mon attirail dans le buffet, et je vais ouvrir à mon invité.

Maître Bergman a le regard un peu vague, comme s'il avait pris de la cochenille. C'est peut être le cas. Peut être est il parvenu à en dissimuler quelque part. Je vais encore devoir fouiller sa chambre. Je n'aime pas trop ca, mais il n'est plus bon à rien lorsqu'il se drogue.

D'un pas mécanique, il gagne la cuisine, avale de l'eau et un oignon, quelques fruits secs, et deux pommes de terres bouillies. Puis il gagne son laboratoire.

Après la nuit qu'il vient de passer, je ne peux immédiatement faire l'inventaire de sa chambre. Il a besoin de calme et d'oubli. Il faudra attendre quelques jours, que son esprit se soit remis d'aplomb avant qu'il puisse supporter le nouveau traumatisme de la perte de sa drogue.

Dans le jardin, le ménage à été fait. Il traîne encore quelques morceaux, mais rien qui puisse encore inquiéter mon invité. Il en a vu d'autres qu'une poignée de doigts éparpillés sur les salades. Je les ramasse quand même. Je n'ai pas besoin de ce genre de chenilles là.

Le jardin n'a pas été trop endommagé. Quelques plants de tomates renversés que je redresse., des empreintes de pas sur des semis fragiles. Et un angle de la serre brisé. Les artisans viendront sans doute plus tard, lorsqu'ils se seront souvenus de l'emplacement où sont rangés leurs outils.

Puis mon invité m'appelle. L'un de pigeons voyageurs et revenu, porteur d'un message venu de l'un de ses lointatins correspondants. Ce maître alchimiste aurait trouvé une formule qui pourrait rendre inutile les bains de mercure et autres fumigations aux relents de plomb. Il suffirait de quelque perfusions chaque mois. Un gain de temps considérable. Et une liberté qui me permettrait à nouveau de m'éloigner de la maison.

"Comment s'appelle t'il ? Où habite t'il ?"

Wolfram de Neuberg. Il habite Hohenraumheim. Il possède le produit et le matériel qui permet de le transformer. Mais entre lui et l'alchimiste, il y a deux cent kilomètres. Deux cent kilomètres emplis de zombis. Hoenraumheim est une ville de la frontière. L'une de celles qui ont repoussé les assauts des morts vivants et qui s''efforcent maintenant de les détruire.

Hohenraumheim.

Certains donnent à leurs espoirs des noms paradisiaques, qui évoquent les palmiers, le sable blanc de terres lointaines. Le mien porte un nom de rocaille, un nom qui traîne, incertain et lourd comme un éboulement. Un nom que l'on croirait vomi par la terre, digne d'être prononcé par la bouche d'un zombi. J'irai à Hohenraumheim.. Je trouverai l'alchimiste. Je le ramènerai, lui et sa formule.

Mon invité griffonne une réponse, qu'il glisse dans la bague d'un autre volatile. Merveilleux animaux capables de survoler d'une traite 200 kilomètres de plaine à zombis, sans craindre d'autre danger que l'attaque d'un rapace. Je quitte la pièce et vais chercher mon épée. Je la prends toujours lorsque je rends une visite de courtoisie à mes puissants voisins. Cela leur rappelle qui se tient en face d'eux.

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