Pour garder ma demeure en mon absence, et protéger mon invité de ses propres démons. Je vais recruter à mon tour un assistant. Féréal. Un paladin, venu voilà quelques années mettre fin au règne des terreurs des nécromants. Un objectif un peu trop noble. C'est sans doute pour punir son péché d'orgueil que son dieu n'avait pas voulu qu'il réussisse, et que les nécromants – après l'avoir tué – se soient plus à le ranimer. Depuis, il errait sur les terres des nécromants, cherchant un but à son existence.

J'en avais vu beaucoup, de ces morts sans objectif qui s'abîmaient en prières et en contemplation. D'ici quelques saisons, Fereal tomberait en pièces pour rejoindre la terre et les délices promis pour l'après-vie. Mais en attendant, il défendrait ma maison. Il restait un paladin malgré tout, et il devait assistance à ceux qui lui réclamait de l'aide. Il protégerait mon invité. Moins efficacement que moi, certes, mais Fereal était robuste, il saurait maintenir les portes devant un assaut. Et de son vivant, c'était un guerrier efficace. Il lui en restait quelques automatismes. Au combat, il abattrait plus d'un zombi avant de s'effondrer.

Je lui abandonnai a demeure et mon invité qui roula des yeux terrifiées en apprenant qui veillerait à sa sécurité pendant les prochaines semaines. Mais en aprenant que je me rendais à Hohenraumheim. Sans doute estimait til qu'une fois l'alchimiste ramené ici, je n'aurais plus besoin de lui et que je le libérerais. Grande marque de confiance de sa part, car il eut été encore plus siple et moins risqué, alors de le vendre aux nécroants.

Puis je quittai ma demeure à la recherche du commandant de l'armée des nécromants. Eisenkopf était d'une autre trempe. Celui à qui on avait confié la plus puissante arme dont disposaient les nécromants étaient un mort en sursis de disparition. De son vivant, le haut de son crâne avait été remplacé par une plaque de métal. Cela lui avait un temps sauvé la vie. Mais c'est dans la mort qu'elle lui rendait les plus grands services.

Eisenkopf, au soleil, voyait son crâne entrer littéralement en ébullition. Et ses pensées se précipitaient en un torrent irrépréssible, faisant de lui un génie de la stratégie. Eisenkopf pensait comme le feu. Brûlant son cerveau pour des éclairs d'intelligence surhumaine. Mais cela le détruisait à un rythme accéléré, chaque bataille gagnée le rapprochant de sa fin.

Eisenkopf avait été le plus puissant commandeur des nécromants. Puis un général hors norme.

Maintenant, c'était un commandant efficace. D'ici peu, il porterait une bannière, montrant encore une astuce rarement vue chez un zombi ordinaire. Puis il finirait, le crâne vide, errant dans la masse jusqu'à sa disparition. Mais il aurrait acquis ce qui se rapprochait le plus de la gloire pour les nécromants : il avait écrit de sa main plusieurs pages de leurs Chroniques d'Eternité et, même s'il avait perdu ce privilège envié, ceux qui les rédigeaient désormais parlaient toujours de ses faits d'armes.

A part cela, Eisenkopf menait sa troupe avec efficacité. Devant le chariot marchaient 50 zombis brinquebalants menés par un eclaireur muet comme la tombe. Eisenkopf s'était entouré de dix soldats plus habiles en cas de coup dur. Des zombis capables de balancer épée et bouclier au rythme des ordres qu'on leur donnait. "Frappez ! " Ils frappaient "Parez !" Ils paraient. Dirigés avec compétence, ils étaient le marteau destiné à repousser l'adversaire vers la masse des zombis stupides. Et puis il y avait Eisenkopf lui même. Un vrai guerrier. S'il me défiait, je le battrais. Mais pas sans mal.