Fantaisie Hivernale
Un bref instant, l'air s'immobilise, mille étincelles tombent du ciel. Elles caressent la cime des arbres, se déposent sur leurs aiguilles, camaïeu de vert, seules notes de couleur au sein du gel. C'est au creux d'une large branche qu'il apparait : le temps est venu, celui du lutin de l'hiver.
Arrivé de nulle part, vêtu de son manteau d'étoiles, coiffé et chaussé de rouge, un large sourire sur son visage de nuit, se présente à vous, Luzibar.
Lumière des crépuscules glacés, ami du silence ouaté, du froid qui cristallise l'onde des cascatelles irisées ; il bondit de stalactites en stalagmites. Ensuite, glisse sur les névés de champs figés, escalade des montagnes couronnées d'éternité.
Apprenez, vous qui l'apercevez, qu'il enchantera vos journées givrées.
Mais voyez, l'éclat se ternit ; est-ce de la mélancolie ? Oui, elle le saisit et l'attriste. Une larme unique s'échappe de son iris pâle. Sanglot cristallin, il se fige, resplendit. À présent, vous tous le savez : notre lutin sous l'enneigé du ciel, parfois rêve de soleil.
Son esprit l'emporte si loin en direction du sable fin, des rouleaux de l'écume océane, sous l'ombre de palmiers luxuriants caressés d'alizés embrasés. Des nefs blanches dansent sur les vagues, bercent son cœur alangui, et il ne peut se résigner à n'être que créature de froid. Quoi ? Mais il a droit de rêver ! De créer la courte illusion, d'être messager de beaux étés, aux bords de plages silicées.
Le songe soudain se transforme. A-t-il trop chaud sous l'astre incendiaire ? Ne va-t-il pas fondre à présent ? Il se réveille de ce sommeil, retrouve cristaux et joyaux de neige. Il est triste encore, mais résigné. Luzibar remue son nez, le remplit d'air glacé, le voilà à nouveau frigorifié, heureux malgré tout ; il sait qu’il vivra d’autres moments de douce chaleur, quand il s’endormira. Pour plusieurs mois cette fois. Ah ? Vous voulez savoir quand ? Mais voyons, dès le début du printemps.
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