Le galion
Au coucher du soleil, alors que le ciel devient sépia et quand la Lune ronde éclaire les flots calmes, le galion émerge des profondeurs. Étique, ruisselant d'embruns, les voiles déchiquetées au vent, il se découpe sur l'empyrée troublée ; squelette sombre des temps passés.
Du haut de la falaise, Rémi le découvre, cœur battant de peur, bouche sèche et frissonnant. Son copain à ses côtés lui chuchote :
— Voilà, ne te l'avais-je pas dit ?
Il acquiesce vivement :
— Oui, oui, à présent, nous pouvons partir.
— Te voilà bien pressé ? Il faut en profiter pour rassembler des preuves.
Il sort son téléphone et sans hésiter effectue plusieurs clichés. Une vive satisfaction illumine les traits poupins de Luc.
Brusquement, un vent délétère se lève, il charrie vers eux, haine, violence et pestilence.
Cette fois, ils sont deux à trembler et reculent ; Luc glisse son smartphone dans sa poche. Ensuite, vivement, ils courent vers leur véhicule qui patiente plus loin. Soudain une bourrasque les soulève. Ils crient leur surprise. Des volutes d'écumes montent jusqu'à eux, les emprisonnent, les emportent... Droit sur la spectre embarcation !
Ils ne sont plus que pure terreur. Une main invisible serre leurs gorges, étouffant les hurlements. Ainsi, c'est deux corps pantelants qui tombent sur le pont pourri du navire ; ils sont déjà morts !
Un concert de lamentations suit, le squelette navigant s'enfonce sous les eaux. Tribu lui a été payé. Désormais patient, il reviendra au siècle suivant...
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