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J’ai cru avoir vécu l’enfer. Mais quand tu es venu au monde, dès que mon regard s’est posé sur toi, j’ai su que rien ne pourrait égaler le stress, l’inquiétude d’une mère. Je n’ai pas bronché quand on m’a malmenée, battue, humiliée. Seulement, j’ai vite compris que j’aurais pu déplacer des montagnes pour toi, tuer le fou qui te voudrait du mal. Petit être né trop tôt, relié aux fils du moniteur qui bipe avec monotonie, aux perfusions insérées dans chacun de tes bras, dans ton cordon ombilical fraîchement coupé et sur le sommet de ton crâne, à la sonde qui s’insinue dans ton nez, tout cet attirail m’a retourné le cœur. Mon monde s’est écroulé devant la couveuse qui t’aiderait à grandir jusqu’à ce que tu atteignes la date du terme.
Devant toi, un instinct de survie s’est mêlé à un autre, primaire, brutal. On dit que l’instinct maternel n’existe pas et les spécialistes affirment que ce n’est qu’un sentiment que l’on se forge durant notre vie, prenant exemple sur nos mères et femmes qui nous entourent. Comment expliquer ce que je ressens, alors que je n’ai jamais eu d’exemple de la part d’une mère digne de ce nom ? Et, quand tes doigts ont serré l’un des miens avec tant de force, je me suis fait une promesse ; te protéger… envers et contre tout.
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