Jour 2

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Le bus arrive donc. Nous faisons valider nos tickets auprès d'un allemand jovial, riant de l'état morbide de Léo. "Lucas and Léo", nous dit-il. "I don't understand" répond Léo. "You don't understand your name ?" s'étonne l'allemand, comprenant qu'on ne peut pas plus discuter avec un italien malade qu'avec un russe bourré.

Nous montons donc. Le bus est bondé, et les seules places disponibles se trouvent être tout au fond du bus, là où les caïds de lycée s'assoient habituellement. Léo se met donc à côté d'un gros allemand blond, et moi d'une grosse allemande brune. Le bus part, et je regrette encore la petite anglaise croisée à Génève.

Tout le monde pionce dans ce bus. Léo succombe lui aussi au sommeil, et je décide après un peu de lecture, de m'y mettre aussi.

Six heures de route nous séparent de Vienne, et je les passai à trouver le sommeil, en supportant le poids de la grosse allemande se servant de moi comme oreiller.

Cinq heures du matin, nous y voilà. Le bus nous jette à Vienne, il fait nuit, et seulement quelques personnes savent vraiment où aller. Léo et moi, nous sommes perdus, dépités. A la recherche d'un café, nous entrons dans ce qui s'avère être une station de métro. On s'asseoit par terre, cherchant quoi faire, et une Autrichienne nous dit de nous lever. Celle-ci n'a pas volé sa terminaison, bien que ce n'était pas dans ce sens que je l'entendais à la base.

On se barre du métro. Il fait toujours nuit, la ville est encore morte, et Léo a froid. "Rejoignons l'auberge" je lui dis, et nous voila partis pour quarante minutes de marche dans le froid autrichien que j'avais apréhendé à raison. Léo fait la gueule. Il veut un plumard, et le laisse entendre.

Vienne, comme nous le voyons à ce moment, n'est pas si joli que ça. La ville subirait-elle la même surcôte que Paris ?

Enfin, nous arrivons à l'auberge. Un gentil allemand nous accueille, nous disant que les lits que nous avons réservés n'était pas encore libres, mais qu'on pouvait attendre ici au chaud.

Je suis crevé, Léo aussi. Alors nous nous affolons sur les confortables divans de l'accueil, et pionçons comme deux épaves au fond de la mer. Il était six heures du matin. Mais alors que mes yeux commencent à se fermer, un homme descend en panique vers l'accueil. Au son de ses pas, il a l'air pieds nus, et au ton de sa voix, il a l'air paniqué. "I locked myself outside" dit-il, et alors que la curiosité me pousse à ouvrier enfin les yeux, j'aperçois ledit homme. Il est grand, grassouillet, mais surtout, il est complétement à poil. Il se cache son zgueg avec ses mains, et comme un gros bébé demande de l'aide au mec de l'accueil qui parait tout embêté de parler à nudiste. Je me pince, pour être sûr, mais non, le mec est bien à poil, comme un con, au milieu de du hall de l'auberge. J'essaie de réveiller Léo pour lui montrer ce gros cul à la graisse gigotante à chaque mouvement, mais il ne bronche pas, et me répond un simple "Je dors, connard." Ma foi, il a raison, l'heure est au sommeil, et non à la contemplation de grand mec à poil.

Deux heures plus tard, nous nous réveillons. Il est toujours trop tôt pour accèder à nos chambres, alors nous décidons de sortir prendre un petit-déjeuner. Omelette, tartines et café, nous reprenons goût à la vie en regardant les autrichiens partirent au boulot en ce morose lundi. Le serveur nous prend pour des ritals, et essaie de placer des mots italiens en nous parlant. C'est drôle, alors on le laisse faire.

Après délibération, on décide d'aller à un musée de peintures. Parmi les touristes, nous contemplons des oeuvres, en se forçant un peu à s'intéresser, puis au bout de plusieurs heures, nous partons. Alors que nous réfléchissons à la suite de notre journée, une petite blonde avec des couettes, seule, prend des photos. Elle a l'air aussi touriste que nous, et en la voyant découvrir avec étonnement les beautés de la ville, j'ai envie de m'approcher d'elle. Je veux lui parler, en savoir plus de cette petite femme à couettes; mais Léo a faim. Nous nous éloignons donc de la blonde, et trouvons de quoi manger.

Nous sommes à Vienne, capitale historique, qui possède une richesse aussi bien culinaire qu'architecturale. Alors, comme deux gros cons, nous allons manger dans un restaurant italien.

A la fin de nos pâtes, Léo est trop mal, et veut dormir. Nous partons vers l'auberge, fatigués, puants et grelottants de froid. On nous donne notre chambre. Nous sommes dans un dortoir de six lits, et trois d'entre eux sont déjà occupés. Nous choisissons les nôtres avec Léo, et après une bonne douche, je me mets enfin au lit, et dort confortablement. Il est quinze heures.

Trois heures plus tard, je suis réveillé par des voix bizarres. Des femmes parlent en espagnol, donc fort et vite, et quelqu'un chantonne quelque chose. Léo est réveillé, et fait des exercices musicaux, tandis que je découvre que nos partenaires de chambre sont espagnols.

Je me lève, dis bonjour aux espagnoles, et avec Léo, nous partons prendre de quoi manger. Je réalise à ce moment que j'ai dit bonjours aux deux hispaniques avec mon érection du matin encore en place. Ma foi, elles vont sûrement me prendre pour un pervers; espérons que cela excite l'une d'entre elles; voire les deux.

On sort donc. Comme si c'était dans nos gênes de franchouillards, nous achetons du pain (trop cher et pas bon) ainsi que du fromage (idem que le pain). Retour à l'auberge, où nous dégustons ce festin autour d'une bonne bière. Je fume une cigarette, puis direction la chambre pour encore dormir. Léo est vite attrapé par Morphée, mais moi je ne trouve pas le sommeil.

Je me dis, que ça serait bien de retranscrire toute cette épopée par écrit, alors je descends avec un carnet, de l'argent, et me pose au bar. Je sympathise avec les gérants, je les laisse me faire goûter leurs bières, et à l'heure où j'écris cette ligne, j'en suis à mon deuxième litre de houblon et ai la tête qui tourne un peu.

Je vais pisser, et me coucher pour de bon cette fois. Il est vingt-trois heures.

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