Chapitre 3 - Prague (suite)
Le 11 juillet, l’avion de Noutinski atterrit à Prague. On conduisit l’écrivain à son hôtel avec une petite escorte, qui l’amusa beaucoup. Le lendemain, il y aurait la rencontre à l’Institut. Alexandre proposa à Igor Noutinski, qu’il avait rencontré plusieurs fois à Paris, de venir manger à la maison le soir, ce qui fut fort apprécié par le vieux homme, désireux de ne pas rester avec des gens qu’il ne connaissait pas. Lenka était nerveuse, c’était bien la première fois qu’ils recevaient un écrivain chez eux. La soirée fut très plaisante, même si Lenka était tendue, se réfugiant souvent dans la cuisine pour y chercher un verre, une nouvelle bouteille, des serviettes, ou des fruits. Igor buvait beaucoup. Vers minuit, il ne fut plus guère possible de poursuivre la conversation et Alexandre suggéra qu’il dorme à la maison. Lenka sursauta à cette proposition. « Pourquoi ne pas commander un taxi ? Il sera mieux à l’hôtel ! » Mais Alexandre lui répondit qu’elle-même avait suggéré d’héberger Morozov la dernière fois, pour assurer sa sécurité. Là, il s’agissait de ne pas laisser un ami rentrer ivre dans un hôtel, ce n’était pas très correct. « On peut préparer le lit dans le salon, ce n’est pas un problème » asséna-t-il. Lenka acquiesça, et partit chercher des draps. Igor les remercia chaleureusement. La nuit se passa bien. Il ronfla à peine.
Le lendemain, Igor repartit se faire une toilette à l’hôtel et revint immédiatement à l’Institut français, où il prépara la rencontre. Cette dernière fut très animée et joyeuse. Il eut l’occasion d’aborder le sujet de son prochain livre, de revenir sur les travers de la société russe, et tout en se moquant des oligarques et du pouvoir lui-même, dressa une image peu flatteuse du peuple russe, en s’intégrant lui-même dans ces défauts. « Je connais bien les Russes, j’en croise un tous les matins dans le miroir ! » rigolait-il. Il rentra en France le lendemain sans aucun souci.
Après cet épisode stressant pour tout le monde, Alexandre proposa à Lenka de partir en vacances en France, dans les Cévennes, là où sa famille avait ses origines. Lenka l’avait amené une fois dans le village où vivait sa mère et sa tante, en Slovaquie. Cela n’avait pas été très sympathique même s’il avait du mal à comprendre les conversations entre la mère et la fille. A cette époque, il ne comprenait pas encore très bien et confondait certains mots. Ce fut chaleureux mais laborieux. Lenka fut ravie à cette perspective. Ils n’avaient pas eu de vrais moments à eux depuis plus d’un an et l’incident Morozov. Ils iraient aux Vans, dans la basse Ardèche. L’endroit était magnifique. Ils pourraient faire du canoë sur le Chassezac, se balader dans le bois de Païolive, et visiter Notre-Dame-de-Thines.
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