Le Plafond
Allongé sur le lit, le plafond nous regarde
De ses yeux creux et froids, assombris par la nuit,
Il glisse sous nos fronts en silence et grand bruit,
Et le rêve pourfend de sa langue blafarde.
Sous son air innocent, il sirote à la coupe
La sueur de tout corps prisonnier de ses draps,
Trou noir où le penser, tel un millier de rats,
S'immisce en masse obscure et prestement s'attroupe.
Assoifé, ce plafond nous pompe par les tempes,
Se charge le gosier de ténèbre et de sel,
Puis sans honte nous tend, même un soir de Noël,
L'image d'une corde accrochée à nos rampes.
Et c'est victorieux qu'il nous sourit parfois,
De ses lèvres d'ami, gardien de nos cellules,
Il promettait soleil, champs de fleurs, libellules,
Et non ce vieux rocher où s'enflamment nos voix.
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