L'Étranger
Une minute de lecture
Pleurant sur leur front noir, les têtes de bergère
Observent sa venue aux heures de la nuit,
Mais aucune n'attend, ni du reste n'espère
Changer de sens à l'aube et vaincre leur ennui.
C'est une ombre sans nom, un spectre de passage,
Bien connu de la lune et d'un millier de soirs,
Qui peut dire aujourd'hui connaître son visage,
Ou même ses parents, ou même ses miroirs.
La foule entend parfois les notes de son rire
Mais l'étranger sait bien ce qui se cache au fond,
Sanglots de violon et discordante lyre,
En silence et discrète, son âme se morfond.
Il est las d'être lui, perdu sous son étoile,
Et de toujours douter de chaque lendemain,
Alors il rêve encor de lever la grand-voile
Pour voguer sans retour loin d'un monde inhumain.
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