Je m'exprime en écrivant parce que parler m'est difficile. C'est vrai, à quoi sert d'articuler deux mots lorsqu'on peut les tracer en fines arabesques sur une feuille immaculée qui goûtera pourtant à la douleur des maux imprononcés ?
Attraper un stylo, le faire glisser entre ses doigts pour laisser filer des pensées assassines. Ce geste, un petit mouvement du poignet qui donne un sens à tout cela. Comme gravés à jamais, mes sentiments muets, libérant un cœur meurtri, brisé par cent sévices, par mille murmures oubliés. J'ai donné de ma personne, j'ai songé, longtemps, longuement à ce que serait ma vie si je parlais plus que ce que j'écris, le résultat est abominable. Quelle perte de temps de chuchoter, lorsque je peux ne jamais oublier les sentiments qui malmènent mon esprit, laissent mon âme en errance. Comment pourrai-je savoir, réaliser, le parcours effectué si par mégarde je laissais s'échapper mes émotions pour les enterrer à jamais. J'ai marqué un carnet, trente-six en réalité, et dans quelques années, ils ne resteront qu'eux mais garderont un peu de moi.
Alors... chaque jour qui passe, je panse mon cœur à l'encre d'un crayon.