Les Bonnes
Le 16 avril 2020
J'ai trouvé cet ouvrage dans une cabine aux livres et je l'ai emporté pour découvrir l'écriture de Jean Genet (1910-1990). Un auteur dont la personnalité et le parcours atypique m'intriguaient depuis longtemps. Pupille de l'Assistance Publique, ancien légionnaire, homosexuel, délinquant récidiviste, poète, auteur dramatique, adulé par Sartre et Cocteau, détesté par Mauriac, ce profil à de quoi attiser la curiosité. De plus, "Les Bonnes" est considérée comme sa meilleure œuvre théâtrale. Je n'aime pas particulièrement le théâtre, je préfère la mise en scène par les mots plutôt que par le décor ou les costumes, mais je reconnais le génie des acteurs pour sublimer un texte. Comme il s'agit d'un texte court, 113 pages, je n'ai pas hésité trop longtemps pour commencer cette lecture.
La quatrième de couverture donnait peu d'informations sur le sujet et je n'avais donc aucun a priori. Après avoir lu une petite trentaine de pages, j'ai interrompu ma lecture, car je n'accrochais pas aux dialogues, ni aux personnages. Pour relancer mon intérêt, j'ai voulu voir s'il existait une vidéo de la pièce sur YouTube, je suis tombé sur la mise en scène de Jacques Vincey.
J'ai trouvé cela très glauque, outrancier, étrange, encore plus déconcertant que l'effet produit par la simple lecture du texte de Genet. Du coup, mon premier réflexe a été de ranger le livre dans ma bibliothèque et d'oublier cette lecture décevante.
Cependant, ma curiosité n'étant pas vraiment satisfaite, je décide de me documenter un peu sur cette œuvre et j'apprends que la première représentation a été un échec, ce qui n'est toujours pas engageant. Cependant, depuis sa création en 1947, la puissance dramatique des "Bonnes" a été reconnue et a fait l'objet de plusieurs adaptations, cette pièce est même étudiée au lycée. Ce bruit de fond est ténu, mais celui du big bang aussi, alors je persévère.
Je reprends ma lecture.
L'histoire ressemble à l'affaire Papin, un fait divers tragique qui s'est déroulé au Mans en 1933, deux employées de maison, auteures d'un double meurtre sur leur patronne et sa fille, les deux victimes sont retrouvées mortes, atrocement mutilées à coups de marteau. Jean Genet déclarera toujours ne pas s'être inspiré de cette histoire, c'est troublant, car il y a beaucoup de points communs entre la pièce et le crime des sœurs Papin, mais l'épilogue est différent.
J'arrive au terme de ma lecture.
Finalement, ma première impression était la bonne (jeu de mots facile). Je n'ai pas trouvé un grand intérêt à cette lecture qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Cela m'a toutefois donné l'occasion de comparer l'effet produit par la lecture et par l'écoute de la pièce où le jeu des comédiens et leur déclamation donnent évidemment une dimension supplémentaire à l'œuvre.
L'auteur a voulu déstabiliser et surprendre le spectateur et il a atteint son but, les dialogues sont intenses et surprenants, le contraste entre la personnalité de la maîtresse de maison, qui semble tout à fait équilibrée et bienveillante, et la folie paranoïaque de ses employées est saisissant. Une manière originale de traiter les rapports maîtres/domestiques, sans plus. Je reste un peu sur ma faim avec Jean Genet, mais c'est partie remise.
Bibliographie :
"Les Bonnes", Jean Genet, Folio (2016), 113 pages.
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