CHAPITRE 3 - Après tout

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"A quarante ans, on est riche ou on n'est rien."

Daniel Pennac, La petite Marchande de Prose (1989)

Après tout, on s'en remet.

Non. On s'en remet pas. Il nous faut baiser sinon on va craquer. Et pas en sexe, mais en amour. Alors quand je suis entré en cinquième, j'ai rencontré Océane. Rejet total (Psychopathe, va !). J'ai rencontré Cassandre. Pas eu le temps de lui dire mes sentiments (Ouah, Nono !). Et l'adoration humiliante : les bagarres et les croix ! J'étais à Paulhan (déménagement après tant d'années), et je faisais déjà le guignol (trois croix en trois semaines, et une bagarre qui n'en finit pas).

Mais le plus énervant, ce fut de voir les façons de comment on me traitait. mon pote Jessy, un jour, me dit sur un banc :

- La classe de quatrième B, la classe de quatrième C, la classe de sixième A, les cinquième D, C et A. Tous te détestent, et pourtant, le collège entier te connait, il t'admire. Comment fais-tu ? Faut que tu te calmes !

- Le secret, c'est qu'il faut se faire respecter comme Tony Montana : sauf quel lui tuez, moi je dis ce que je pense.

- Gauthier, il y'en a marre ! Après, tout me tombe sur moi, ils veulent tous te faire la gueule !

- Rien à foutre, ma gueule est déjà servie sur le plateau de la CPE. Moi, j'ai des gens qui m'admire ! J'ai Lou-Ann, j'ai Cassandre, j'ai quinze autres potes ! Et j'ai Hannah ! Alors que veux-tu ? Le seul problème : si on casse la gueule à mes potes, je pète la gueule à un autre ! Sans doute, je suis en ébullition comme un fou, mais on ne tue pas ce que j'aime !

Et j'ai rencontré Ines : coupé court au souffle.

Elle m'a tapé sur les nerfs, elle m'a brisé menu ! Biondelli, comme une blondasse avec la peau pulpeuse : une fille comme les autres, qui ne me faisait rien du tout.

- Dégage de ce banc, toi, t'as rien à y faire.

- Tu veux me taper sur les nerfs encore ? Parce que si c'a remplit les murs, t'iras passer la serpière avec tes cheveux.

- Pas besoin, il me manque le Turtle Wax mais j'ai le liquide anti-Gauthier.

- Putain, la meuf, elle me les brise sévère !

(Bien sûr, elle ne s'en lassa jamais pendant des semaines.)

Et j'ai commencé mon bref amour pour elle. Elle s'est adoucie, ses moqueries ont fini en taquinerie "Tu sais, les belges, quand ils enlèvent leurs verres à l'alcootest, c'est parce qu'ils sont émerveillés par ta présence...".

Mais elle ne ressentais rien pour moi. Alors les taquineries ne furent que passagères et elle recommença de plus belle comme une peste. Je n'aurais nul doute à vous faire croire que j'étais fou d'aimer mon ennemie. Je l'aimais, c'était tout. Point Final.

En théorie, il fallait que je vois un psy pour me remettre de l'extraordinaire nouveauté du monde. D'une démarche sautillante, je l'attendais toujours à la porte du C.D.I pour une convention telle qu'on se faisait toujours virer de la salle informatique avec un mot qu'on oubliait tout juste de signer...Elèves tout juste modèles, hé, hé.

Mais jacasser tout cela et jubiler devant ces monstruosités qu'on formât énerva à un tel point ma mère qu'elle me rappela la loi de l'intello :

- "On doit se serrer les coudes, passer incognito devant la société, et ne jamais prendre les devants, au risque de se faire punir". Tu crois que c'a m'amuses toutes ces croix dans ton carnet ? TROIS CROIX = UNE HEURE DE COLLE ! Tu veux vraiment finir collé comme tes amis ?

(Et ma fête d'anniversaire qui approchait !)

- Donne-moi ton ordin

ateur : tu es privé d'écriture...

La meilleure. L'écriture, le littéraire, le réalisme libéral ! Je m'évadais de mes murs de prison en écrivant. Et ce fut ce soir de punition que me vint l'idée de l'Ange du Bonheur (l'Ange TAXI havrais...).

Un simple chauffeur de taxi du Havre qui finit toujours sa course là où il ne faut pas. Et son père qui meurt un jour, il part à Séville et Polosk avec son ami Matt pour enquêter. Pour la faire courte, je croyais pouvoir enfin conclure le marché du livre dans les conventions peu connues de l'édition.

Le Livre est un sigle, voyez-vous, un signe aussi qui nous montre à tous l'accès à la richesse et la gloire. Comme dis un jour Pennac.

"A quarante ans, on est riche ou on n'est rien"

A quoi rimais cette citation ? A la valeur subordonnée du ministre Chabotte qui croyais tout savoir sur la richesse, qui mourut d'une balle dans le crâne retourné, comme Gauthier et Calignac alors !

Et bien sûr, mon écriture rima entre les ordinateurs du C.D.I ("Tu écris ? Il écris vite au clavier, dis-moi !") et les papiers enveloppés de ma demeure. Si bien que je m'en fus un jour au pays des merveilles comme Alice pour affronter mes démons.

- Tu lis quoi ?

- C'a te regarde ?

- Ines, je veux qu'on se pardonne...

- Pas moi, t'es bizarre.

(Voix impardonnable de peste. Joues pourpres.)

- Et toi alors ? Bon, hum...Tu lis alors ?

- Putain t'es bouché ou quoi ? Bon, Ok : la nouvelle BD Mortelle Adèle, c'a te va ?

- Julien a dit qu'il te faisait la lecture des Sexys Mangas.

- Merde, le con ! Putain, dégage, pervers !

- Ouah ! Mais qu'est-ce que j'ai fait ?!

- Allez, c'est bon !! J'te taquine, passe-moi l'heure, s'teu plé !

(Ouais)

Et ce fut ainsi que démarra notre bonne relation. Le seul jour où elle me parla ainsi.

Le néant, après.

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