Chapitre 10
- Steve ?! Qu’est-ce que tu fais là ?!
- Salut, Taylor Swift. Je t’ai suivie.
- Ben, pourquoi ?
Son regard glisse vers mon père et j’amène Steve dans le couloir.
- Je comprends mieux pourquoi t’étais affolée. Me dis pas que tu vas encore écrire une chanson triste là-dessus.
- Pff, non. Mais pourquoi tu m’as suivie ?
- T’étais paniquée, je me demande ce que t’avais.
- Qu’est-ce que ça peut te faire ?
- Je m’inquiète pour toi, c’est tout.
Je hausse un sourcil et croise mes bras.
- Et pourquoi ça ?
- Tu vois vraiment pas ou tu cherches juste à me le faire dire ?
Il se penche et me regarde dans les yeux.
- Alors ? demande-t’il.
- Bah… je sais pas. Te faire dire quoi ?
Il se redresse et retient sûrement son rire.
- Que je t’aime.
Il me fait un clin d’oeil. Il est sérieux ? On ne se connaît que depuis… je ne sais pas moi, trois semaines.
- Je te demande pas de me répondre. Je tenais juste à te le dire. Peut-être que ça t’inspirera une chanson.
Il hausse les épaules et commence à repartir.
- Bye, Taylor Swift !
- Attends.
Il se retourne.
- Quoi ?
- On ne se connaît pas depuis longtemps, tu peux pas dire ça, enfin…
- C’est vrai, mais ça fait quand même longtemps que je t’observe. Je t’avais déjà entendue chanter avant, en plus. Tu chantais Cruel Summer de Taylor Swift. Ça fait partie des raisons pour laquelle je t’appelle comme ça. Tu chantes tout le temps du Taylor Swift.
- C’est faux, dis-je.
- Je parle quand tu fais des auditions.
- Et les autres raisons ? demande-je.
- J’avais lu quelque part qu’elle avait été nommée femme la plus belle d’Amérique ou un truc comme ça. Et sinon, c’est tout.
Nouveau clin d’oeil. Moi, je rougis.
- Bref, c’est ton choix. Si tu ne veux pas sortir avec moi, tant pis.
- Si ! Enfin… c’est que…
- Hé, on s’en fout du total des heures passées ensemble. Si tu me plais et que c’est réciproque, je ne vois pas où est le problème.
Steve a raison. Il n’y a aucun problème.
- D’accord.
- Super, alors.
Il s’approche de moi et dépose un court baiser sur mes lèvres avant de s’en aller.
Il y a quelques semaines à peine, je disais ne pas vouloir sortir avec Steve. Et maintenant, me voilà en couple avec lui. Holly ne va pas en croire ses oreilles.
Maman a fini par revenir à la maison, elle s’était juste évanouie, la raison est inconnue. Elle m’a entraînée dans une danse dans le salon quand elle a appris que j’étais avec Steve.
- Tu vas voir, ma chérie, me dit-elle. À ta prochaine répétition, je te ferai magnifique. Même si tu l’es déjà.
La prochaine répétition arrive plus tôt que prévue. Maman me dit que, si Steve s’est transformé en gentil garçon pour moi, je vais devoir me transformer en fille rebelle pour lui. Au moins pour la blague. Je compte redevenir moi-même après.
Ma mère me fait mettre un mini-short noir en cuir clouté par-dessus des collants noirs, elle me donne un débardeur avec une tête de mort que je dois absolument laisser en dehors de mon short, ainsi qu’une veste en cuir. Ensuite, elle me fait un trait de khôl sous mes yeux, elle met de l’eye-liner et du mascara et teinte mes lèvres d’un rouge sang. Pour compléter ce look de bad girl, elle me prête ses bottes noires à chaînes.
- Fais très attention avec. Elles appartiennent à ma période gothique, soit à mes quatorze ans. Bref, tu peux y aller, ma belle. Quand t’arrives, chante la chanson de la fin de Grease. C’est tout à fait dans le contexte.
Ma mère en fait toujours trop, mais je l’adore.
J’ouvre la porte du hangar en hurlant :
- You’re the one that I want, hou, hou, hou, honey.
Avant d’éclater de rire. Puis je remarque que c’est Simon qui est là, et pas Steve. Je rougis.
- Ah… haha… Simon… Je… ne m’attendais pas à te voir ici.
- Pourquoi ? Je fais partie du groupe, moi aussi. Ouah, Brooklyn, c’est quoi ce style ? Ça y est, t’es devenue une vraie rockeuse ?
- Euh, non. Ce n’est que temporaire. C’est ma mère qui a tenu à ce que je m’habille comme ça.
Les autres arrivent et Holly me dévisage, étonnée. Steve s’occupe de leur expliquer le délire. Puis on entreprend de jouer Trop importante et Laisse-moi tomber pour s’échauffer, avant de continuer avec Noyée où ont réussi le passage de solo de piano essayé la dernière fois.
- Bon, Brooklyn n’a plus qu’à écrire une chanson joyeuse et on aura notre set pour le festival de Noël.
- Justement, j’en ai une.
Je sors la feuille de mon sac où j’ai griffonné les paroles de Miracle. Ce n’est pas ma préférée, mais je l’apprécie quand même. Je l’ai écrite hier soir.
- T’es la meilleure, dit Jason en me serrant dans ses bras. (Steve se tend et Jason rigole.) Rassure-toi, Steve, je ne compte pas te voler Brooklyn, je suis gay !
Il se détend et on commence à réfléchir tous ensemble pour un accompagnement pour Miracle, sûrement la chanson la plus clichée que j’ai écrite.
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