- Arrête, barbare ! Cesse d’exterminer, femme guerrière. Hostile, insolente, jalouse, kaléidoscopique, mais n’oublie pas que résonneront sous tes ultimes vanités, Walkyrie, xéranthèmes, yeuses zodiacales…

- Silence, vieillard !

La guerrière retira son épée du corps du vieux sage, puis soupira. Combien d’âmes avait-elle prises aujourd’hui ? Combien étaient morts sous les coups féroces de sa lame ? Une lassitude l’étreignit. Puis, elle repensa aux derniers mots du vieil homme. Une nouvelle fois, elle venait d’être maudite. Bien souvent, les dernières paroles des mourants se résumaient à de vaines supplications, des hurlements déchirants ou bien des injures. Elle n’en avait cure. Rien ne parvenait à l’ébranler. Rien ne pourrait affecter son cœur. Plus jamais.

Comme à chaque fois que le soleil passait derrière l’horizon, elle regarda son chemin. Toute petite, une oracle de son clan lui avait prédit qu’elle trouverait l’arbre du temps, et qu’au creux de ses branches, elle trouverait le plus précieux des trésors. La seule contrainte était bien élevée pour l’enfant qu’elle était alors : elle devait éteindre assez de vies pour que son existence soit maudite à tout jamais, et que la mort ne puisse plus la prendre. Ainsi seulement, elle pourrait approcher l’arbre. La jeune fille avait alors saisie une épée, et dit à l’ancienne :

- Il en sera ainsi.

Elle quitta sa tribu, les siens, et parti accomplir sa quête sanglante. Aujourd’hui, il était trop tard pour elle pour reculer. Elle devait persévérer dans son destin teinté d’écarlate. Et un jour, elle atteindrait l’arbre aux innombrables ramifications.