Les vilains cumulus s'en sont allés, laissant derrière eux quelques fines voilures éparses de cirrostratus. Le gris morose de cet hiver sans neige laisse place, dans le ciel, à un doux azur nuancé des teintes dorées du soleil, brillant majestueusement à son zénith.

Les champs, au loin derrière la maison, sont nappés d'une couche d'herbe fraiche des plus vertes. Près de la petite rivière qui coule en une mélodie de clapotements relaxants, les arbres encore découverts préparent leur nouveau feuillage, les fleurs, elles-mêmes, commencent déjà à pointer le nez dehors, perçant le sol de leur toutes fines tiges, elles se précipiteront bientôt au plus haut dans l'air toujours assez frais.

Tout autour du jardin, c'est aussi le réveil de tous les petits êtres, les oiseaux font leurs vocalises afin d'être près pour ce qui les attend, peut-on entendre, ci et là, un rossignol gazouiller ou les pigeons roucouler, perchés sur le toit de l'église toute proche.

Les sol se réchauffant doucement des rayons perçants du grand astre jaune se parsèment aussi de quelques téméraires petits insectes, devant déjà chercher de quoi se réapprovisionner après le rude hiver.

C'est partout la vie qui sort d'un sommeil un peu tourmenté. Qui prépare avec enthousiasme le nouveau cycle qui nous attend.

Toutes ces nuances neuves se jetant dans mes yeux, les bruits mélodieux les accompagnant m'emplissant les oreilles, font s'évader mes pensées, ne laissant dans mon esprit que la douce légèreté qui règne ici.

Comme si, l'hiver s'éloignant, il emportait avec lui cette tristesse dont j'étais remplie il y a encore quelques semaines, quelques jours même. Quand alors je n'avais envie que de m'endormir pour toujours, aujourd'hui, respirant cet air frais à plein poumons, la peau caressée par la douce chaleur du soleil au milieu de cette toute jeune vie, je n'ai envie que de dire :

"Qu'il fait bon vivre."