Trente jours
Je reçus un appel téléphonique tôt dans la matinée qui me réveilla en sursaut. Je plissai les yeux, aveuglée par la lumière de l’écran. Qui avait eu cette bonne idée de m’appeler à huit heures du matin le seul jour dans la semaine où je n’avais pas cours avant quatorze heures, hein ? Enervée, prête à crier, je répondis d’une voix un peu sèche.
— Allo ?
— Bonjour, madame Winter ?
— Oui, c’est bien moi.
— Bonjour, la maison d’édition Hachette.
Je me redressai violemment. Ma tête se mit à tourner et il me fallut quelques secondes pour que cela se calme. Une maison d’édition ? Ce n’était pas possible !
— Ah, euh, oui, bonjour, fis-je de ma voix la plus douce.
— Voilà, votre livre nous a vraiment beaucoup plu alors nous aimerions vous rencontrer afin de discuter des détails ensemble. Seriez-vous d’accord ?
Impossible… Impo…
Je fus sortie de mes rêves avec autant de violence qu’un ouragan qui emporte une maison. Je veux retourner dans ce rêve, laissez-moi y retourner je vous en prie ! Déçue, j’éteignis ce fichu réveil qui continuait de m’arracher les oreilles et m’assis doucement sur mon lit, la tête encore perdue dans mon rêve. Mon livre… mon livre publié… c’était définitivement un très beau rêve. Allumant ma lampe de chevet, je tournai doucement la tête vers mon ordinateur qui trônait sur mon bureau. A l’intérieur se trouvait mon roman, mais un roman en cours d’écriture. Je l’avais presque terminé puisqu’il ne manquait que deux chapitres. D’ailleurs, je savais ce qu’ils devaient contenir, les mots étaient gravés dans ma tête depuis tout ce temps. Mais, la partie que j’appréhendais, la partie qui m’effrayait le plus, était de le relire afin de corriger les fautes, les contre-sens et éventuellement de modifier des passages. Allez savoir pourquoi, cela faisait plusieurs mois que je l’avais laissé de côté simplement par peur de cette étape finale. Et puis, je devais aussi trouver une personne assez courageuse pour le lire en entier sur un ordinateur afin d’avoir un point de vue extérieur.
Toutefois, c’était décidé, j’allais le terminer ! Il fallait bien qu’un jour je réussisse à boucler ce livre, non ? J’attrapai rapidement un de mes carnets et y traçai quelques lignes. J’y inscrivis tous les jours qui composaient le mois d’août. Un mois. Trente jours pour arriver à mon objectif. Trente jours pour terminer mon roman afin qu’il soit prêt à être envoyé aux maisons d’édition. J’étais certaine que c’était possible. J’avais encore un mois de vacances et je voulais utiliser ce temps au mieux. Dorénavant, finies les journées aux lit et en pyjama à regarder des séries, des films ou bien à lire. Il fallait que je m’active pour le terminer et créer un système dans mon carnet afin de remplir cet objectif était le plus efficace à mes yeux. Voir les choses à faire écrites me motivait. De plus, je savais que je serais déçue de moi si je n’y arrivais pas. Alors c’est parti, nous sommes le premier août et il me reste trente jours pour finir mon livre !
Jour 1
Après avoir fermé mon carnet, je me levai pour me rendre dans ma cuisine afin de prendre mon petit-déjeuner. Le premier repas de la journée a toujours été le plus important à mes yeux ! Il me donnait la force nécessaire pour survivre à un nouveau jour. Certes, depuis deux mois ils n’étaient plus trop vigoureux, mais quand même ! Une fois dégusté devant une vidéo, je me préparai un thé et retournai m’installer dans ma chambre. Il était déjà neuf heures et demi. Chaque jour, mon réveil sonnait à neuf heures pour ne pas que je passe la matinée à dormir. Je n’aimais pas. Je préférais encore passer mes heures du matin à regarder des vidéos au lit plutôt qu’à dormir, même si au final, cette activité ne m’apportait pas grand-chose. Peut-être aurait-elle pu si je regardais des documentaires. Or ce n’était pas le cas. Je favorisais plutôt les vidéos de dessins, de lecteurs ou autre.
Je m’assis confortablement dans mon lit, appuyée contre mes oreillers et l’ordinateur sur mes jambes. J’ouvris le document renfermant mes précieux mois de travail et… rien. J’étais figée, mes doigts posés sur les touches qui ne trouvaient pas le courage d’écrire. Alors, je remontai au début du chapitre précédant et lus. C’était souvent ce que je faisais pour me remettre à l’esprit la trame de mon histoire.
Après avoir terminé ma lecture, je me levai et attrapai un autre carnet qui renfermait l’évolution de mon livre ainsi que la description des personnages principaux. Bien que je connusse parfaitement mon histoire et que je sache exactement ce que je devais écrire, relire mes notes me plaisait et me permettait parfois de retrouver l’inspiration.
Or cette fois-ci, cela ne marcha pas. Je retournai sur mon roman et me retrouvai à nouveau paralysée. Je me saisis de ma tasse et, sans y prendre garde, me brûlai les lèvres. La journée commençait bien. Dépitée, je fermai mon ordinateur et allai me doucher.
Vêtue d’habits confortables, je revins dans ma chambre et m’installai cette fois à mon bureau. J’écrivis quelques petites phrases qui m’étaient venues à l’esprit durant ma douche. Cela fut ma seule production de la journée.
Le soir venu, avant de me coucher, j’ouvris mon carnet et y dessinai un petit rond en face du premier août. C’était un début. Après tout, cela faisait de longs mois que je n’avais pas continué mon roman, alors quelques lignes étaient mieux que rien.
Jour 2
Aujourd’hui, j’écris un chapitre ! Telle était ma résolution en me levant ce matin. Quant au résultat, il n’était pas si mal. Je réussis à produire plusieurs paragraphes. Je passais beaucoup de temps à relire chacune de mes phrases, les corrigeant, les modifiant, les tournant autrement, ou les effaçant. Il m’arrivait aussi de rester bloquée sur une même phrase pendant à peu près un quart d’heure. Je détestais quand ces moments arrivaient. J’avais toujours l’impression que je n’arriverais jamais à la tourner de la manière dont elle sonnait dans ma tête. Car oui, toutes mes phrases tournaient de façon magnifique dans mon esprit. Mais une fois sur le papier, certaines étaient vraiment décevantes.
Au final, je ne réussis pas réellement mon objectif de la journée, mais j’y avais pas mal contribué. Je m’empressai de dessiner un rond en face de ce deuxième jour de travail, contente de moi.
Demain, nous serons samedi. Trouver le temps d’écrire le week-end était compliqué. Mes parents organisaient à chaque fois des activités en famille du matin au soir, ce qui m’empêchait d’avoir accès à mon ordinateur. En plus, eux qui travaillaient beaucoup la semaine considéraient que tout le monde devait se débrancher de son téléphone, ordinateur ou autre le temps de deux jours. Néanmoins, c’était une initiative que je respectais car je trouvais l’idée intéressante de prendre de la distance avec ce flux d’informations constant auquel nous sommes sans arrêt confrontés. Néanmoins, ces deux jours de perdus n’allaient pas m’arranger.
Jour 3 et 4
Comme prévu, mes parents planifièrent tout un tas de choses à faire avec mon frère et moi. Mon frère s’appelle Harry et a quatre ans de plus que moi soit vingt-quatre ans. Depuis tout petit, nous sommes tous les deux très proches. Durant son adolescence, il rechignait beaucoup à partager ces week-ends avec nous mais n’en a jamais été épargné ! Maintenant, il était souvent heureux que nous passions du temps tous ensemble.
Le premier jour, nous sommes allés nous balader en forêt avec notre chien, Midgard. J’en profitai pour prendre plusieurs photos que cela soit de ma famille et de notre chien ou des paysages qui défilaient au fur et à mesure de notre promenade. C’était ressourçant et amusant. Nous avons découvert un lac doté d’une belle eau turquoise et avons décidé d’y faire une pause pour reprendre des forces. Je m’amusais à lancer un bâton à Midgard qui revenait trempé et ne se gênait pas pour s’ébrouer juste à côté de nous.
Le soir, nous étions tous très fatigués de notre après-midi. Le repas terminé, je montai rapidement dormir sans même jeter un coup d’œil à mon téléphone.
Au programme le lendemain, après-midi jeux de société et soirée films accompagnée de pizzas ! Une journée reposante mais absolument pas productive. Pour être honnête, mon roman m’était complètement sorti de la tête.
Jour 5
En me réveillant, je réalisai enfin que j’avais perdu deux précieux jours de travail. Ouvrant mon carnet, j’eus une moue emplie de déception devant les deux ronds inexistants. Il fallait absolument que je rattrape le temps perdu, c’était inévitable. Suite à la préparation d’un bon thé – car je ne peux pas écrire sans – je m’installai sur la terrasse dans un transat. Nous étions en plein milieu de l’après-midi alors je m’assurai de bien rester à l’ombre car, quand vous avez une peau blanche, le soleil est loin d’être recommandé.
J’écrivis plusieurs lignes, motivée et inspirée, prête à en découdre ! Mais je sentis la fatigue arriver et s’emparer de moi. Mes yeux peinaient à rester ouverts et je n’arrêtais pas de bailler à m’en décrocher la mâchoire. Malgré tout, je m’accrochai à mon clavier, continuant de taper activement sur les touches en ignorant la fatigue.
Puis quelques minutes après, je ne pus continuer. Je posai mon ordinateur sur la table basse située sur ma droite et fermai les yeux quelques minutes, juste le temps de me reposer un peu.
Quelque chose me secoua et me parla sans que je ne comprenne. Emergeant doucement de mon sommeil, j’ouvris les yeux et vis le visage de ma mère au-dessus de moi.
— Il est quelle heure ? demandai-je encore endormie.
— Il est vingt heures, nous allons passer à table.
— Quoi ?! criai-je, cette fois bien réveillée.
Je me relevai rapidement, confirmant les dires de ma mère en regardant mon téléphone. Et elle avait raison, malheureusement.
— Non… C’est pas vrai…
— Tu n’as pas faim ?
— Si mais j’ai dormi toute l’après-midi.
— C’est le contrecoup de notre marche de samedi, ma grande ! Moi aussi j’ai lutté contre le sommeil au boulot. Aller, viens manger maintenant, ça va être froid sinon.
Déçue de moi, je me levai et trainai des pieds jusqu’à la table. Encore une après-midi de perdue ! J’étais censée rattraper mon retard, pas en prendre plus. Déjà cinq jours… La fin de mon objectif sera bientôt là et je dors au lieu d’écrire ! Je passai le repas la tête dans mon assiette, ne trouvant pas l’envie de discuter.
Après le dîner, j’effectuai un petit rond dans mon carnet, triste de mon pitoyable résultat de la journée. Tant pis, je ferai mieux demain.
Jour 6
Qui dit vacances, dit sorties. Je reçus un appel téléphonique ce matin de ma meilleure amie me suppliant de l’accompagner à la plage cet après-midi. Je n’en avais aucune envie. Je n’étais pas une grande amatrice de la plage et seul mon roman m’obsédait. Mais après ses maintes supplications, je me résignai à accepter. Malheureusement, je ne pouvais emmener mon ordinateur avec moi parce que je ne voulais pas qu’il risque de s’abimer avec le sable ou qu’il me soit volé.
De retour le soir, après une journée à m’amuser avec mon amie, je m’écroulai sur mon lit suite à une bonne douche. L’ordinateur était à portée de main alors je l’attrapai tant bien que mal. Mon corps et mon esprit étaient à bout de force. Alors, à défaut d’écrire, je relus ma production des jours précédents. Je modifiai quelques mots mais cela fut mon seul travail pour aujourd’hui.
Attrapant mon carnet, j’y rajoutai un rond bien plus petit que les précédents. J’avais tout de même produit quelque chose qui serait cela de moins durant la relecture finale ! Evidemment, je disais plus cela pour me rassurer qu’autre chose.
Jour 7
Nous sommes mercredi. Aujourd’hui, personne ne me fera sortir, personne ne viendra me déranger et la fatigue ne me rattrapera pas !
M’ayant au préalable préparé un thé, je m’installai sur la table du jardin avec mon ordinateur. Cette fois, les mots défilaient sous mes doigts sans interruption. J’avais mis mon téléphone en mode silencieux pour ne pas être perturbée par d’éventuels messages ou appels. Seul notre chien venait parfois réclamer des caresses.
A la fin de l’après-midi, lorsque ma famille rentra à la maison, j’avais fini le chapitre en cours ainsi qu’un nouveau. En soit, j’avais enfin terminé l’écriture de mon livre ! Je sautai un peu partout, fière de mon exploit et de mon courage, fière de ma motivation ! Sauf que je m’arrêtai rapidement. Certes, le premier jet était terminé. Mais maintenant, la terrible étape m’attendait. D’ailleurs, il me fallait rapidement trouver quelqu’un qui serait motivé pour le lire ! Et j’avais déjà ma petite idée.
Après le dîner, je me saisis de mon téléphone. J’avais reçu plusieurs messages dans la journée dont un d’un ami qui me proposait de sortir. Il avait évidemment renoncé après m’avoir appelée trois fois. Un prochain jour ! J’allai dans ma liste de contacts et sélectionnai un numéro. Après quelques sonneries, une voix féminine répondit.
— Allo ?
— Eh salut ! Comment tu vas ?
— Bien mais on s’est vues hier tu sais.
— Je sais mais j’ai oublié de te parler d’un petit quelque chose !
— Je t’écoute.
— Bon alors, tu sais, je t’ai parlé de mon roman ?
— Oui, ton challenge de trente jours pour terminer son écriture.
— Exactement ! Et bien je l’ai terminé ! Mais maintenant, j’ai besoin de quelqu’un pour le lire. J’ai besoin d’un avis extérieur tu vois ?
— Je vois mais Lynna, tu sais à quel point je déteste lire. Demande plutôt à ta mère, non ?
— Elle n’aura jamais le temps… Je sais que tu n’aimes pas lire mais je me suis dit que pour une fois peut-être…
— Désolée Lynna !
Nous discutâmes encore quelques minutes. Toute ma joie d’avoir terminé l’écriture de mon roman disparût. Je n’avais vraiment aucune idée pour trouver une autre personne. Triste, je rajoutai un rond avec des étincelles autour dans mon carnet. J’attendais ce jour avec impatience, le jour où je terminerais enfin mon livre même s’il me fallait encore le relire. Je m’imaginais heureuse, le criant sur tous les toits. Au lieu de cela, j’étais déçue et à nouveau démotivée. A quoi bon me fixer un objectif si en milieu de parcours j’avais déjà perdu ? J’allai me coucher sur ces tristes pensées.
Jour 8 et 9
Ma famille travaillait pendant ces deux jours alors j’étais seule à la maison. Je les passai à me lamenter en mangeant des céréales devant la télé. Plusieurs fois, j’ouvris mon carnet pour observer mes ronds et relire les paroles d’encouragement que j’avais écrit. Mais il n’y avait rien à faire, j’étais déçue que ma meilleure amie ne m’aide pas.
Vendredi soir, le neuvième jour, lors du dîner avec ma famille, tous remarquèrent ma tête d’enterrement. Peut-être que la veille ils n’avaient pas osé m’en parler, pensant que cela irait mieux le lendemain. Ils me questionnèrent, s’inquiétant pour moi. Je leur expliquai qu’il me restait vingt et un jours pour véritablement finir mon livre mais que ma meilleure amie ne voulait même pas m’aider. Je leur explicitai mon besoin d’avoir une personne lisant mon roman pour la première fois afin de me donner son avis et d’éventuellement remarquer des contre-sens et fautes d’orthographe. Je voyais qu’ils affichaient tous une tête désolée pour moi. Mais je voulais de l’aide, pas de la pitié.
Je finis mon assiette et montai dans ma chambre sans prendre de dessert, cela m’avait coupé l’appétit.
Jour 10 et 11
Comme tous les week-ends, mes parents avaient à nouveau prévu un emploi du temps très chargé. Je tentai de l’esquiver pour cette fois-ci mais cela ne marcha pas. En réalité, cela n’avait jamais marché. Impossible d’échapper au week-end familial. En plus, pour couronner le tout, ma mère m’informa que mes grands-parents maternels et paternels venaient déjeuner à la maison le dimanche.
Le samedi, nous nous rendîmes dans une petite ville non loin de chez nous pour une après-midi culturelle. Nous visitâmes la ville avec un guide touristique et nous terminâmes l’après-midi dans un musée. En temps normal, cela aurait pu être une superbe journée pour moi. J’aimais beaucoup en apprendre plus sur toutes sortes de choses. Or, ce n’était pas le bon jour. J’étais encore dépitée. A quoi bon ? A cause d’un stupide défi que je me suis lancée ? Pourtant, j’aime plus que tout relever les défis. Ils me tirent vers le haut. De plus, j’ai horreur de ne pas respecter quelque chose que j’ai écrit dans mon carnet. J’ai l’impression d’y avoir gaspillé une page si je ne le réussis pas. Et surtout, le jour où je relirai mon carnet afin de me rappeler le bon vieux temps, je ne verrai que mon échec.
Le dimanche, je me forçai à sourire afin de ne pas inquiéter mes grands-parents. Je pensai à proposer à l’un d’eux de participer à la lecture de mon roman. Or, je ne les connais que trop bien, qu’importe celui auquel je demande, il me dira que mon livre est parfait et qu’il ne faut rien changer. Néanmoins, j’avais besoin d’un avis sincère, d’une personne qui n’hésiterait pas à me dire si quelque chose n’allait pas.
Le soir-même, j’ouvris mon carnet et contemplai les deux ronds absents. Une larme roula le long de ma joue avant d’être chassée par ma main.
Jour 12, 13, 14, 15
Ce lundi, dans l’après-midi, j’ouvris mon roman et commençai à le lire depuis le début. La nuit m’avait porté conseil et je me dis qu’à défaut d’avoir l’aide d’une tierce personne, je pouvais toujours débuter la relecture seule. Et puis, c’était un peu ridicule de m’enfermer dans ma déception au lieu de le continuer malgré tout !
Je passai donc les quatre premiers jours de la semaine à relire mon livre. J’y modifiais des passages et des phrases qui semblaient incompréhensibles ou mal dits. J’en effaçais certains et certaines s’ils étaient inutiles. Et j’en rajoutais d’autres si cela manquait de détails. Je découvrais des contre-sens ou des incohérences dans la trame de l’histoire et modifiais cette dernière. J’étais motivée et je m’empressais, à chaque fin de journée, de rajouter un petit rond dans mon carnet.
Pas une seule fois je ne me laissai déranger par autrui. D’ailleurs, depuis mon dernier coup de téléphone à ma meilleure amie, je n’avais aucune nouvelle d’elle. J’étais encore déçue par son refus qui me restait en travers de la gorge. Je savais que cela irait mieux mais, pour le moment, je préférais rester à l’écart, seule au monde avec mon roman.
Jour 16
Ce vendredi, alors que j’en étais à un peu moins de la moitié de mon roman, j’entendis Midgard aboyer méchamment. D’ordinaire, c’était un chien calme et silencieux qui n’aboyait que lors d’un danger comme une personne non familière devant notre portail. Il continuait. Je me dépêchai de le rejoindre. Mon inquiétude grandissait, d’autant plus que j’étais seule à la maison. Et puis, qui pouvait bien venir sonner un vendredi vers treize heures ?
Lorsque j’arrivai près de notre portail, j’appelai Midgard afin qu’il se calme. Je tentai de parler d’une voix assurée.
— Qui est-ce ?
Malheureusement, je décelai très facilement de la peur dans ma voix. Je n’avais pas cette capacité à cacher mes émotions ; mes yeux, ma voix ou mes gestes me trahissant sans arrêt.
J’aperçus une petite tête à travers un trou dans notre grillage imitant l’herbe qui me souriait. Je souris à mon tour et m’approchais du portail afin de l’ouvrir. J’ordonnai à Midgard de rester sage, lui faisant une caresse pour le rassurer.
— Mais qu’est-ce que tu fais là ? Entre voyons ! l’invitai-je.
— Je passai dans le coin, alors je me suis dit que tu serais peut-être là puisque tu ne réponds plus au téléphone.
— Tu as essayé de me joindre ?
— Oui, mercredi dernier, trois fois ! Et aujourd’hui aussi. Je m’inquiétais Lynna !
— Oh, que c’est mignon Alan. Il ne fallait pas !
— On ne sait jamais avec toi ! me dit-il en riant.
J’étais réputée douée pour me mettre dans des situations gênantes… mes amis ne le savaient que trop bien. Je l’invitai à entrer, lui proposant quelque chose à boire ou à manger.
Revenant avec deux verres de thé glacé, je repris.
— C’est vrai que j’ai complètement oublié de répondre à tes SMS, je suis désolée, fis-je en câlinant Midgard assis à ma gauche.
— Ça va, je te pardonne. Bon alors, pourquoi cette disparition soudaine du monde virtuel ?
— Tu sais que j’écris un roman, non ?
— Ouais, tu m’as assez baratiné avec ça ! lança-t-il en plaisantant. Oh, que j’espère être publiée ! Ah mais il faut que je le finisse d’abord. Je vais le finir, oui ! dit-il en prenant une imitation de ma voix. Tu me le disais à peu près tous les mois mais tu n’avançais jamais dessus. Bon, tu en es où maintenant ?
— Je l’ai terminé ! clamai-je en le voyant hausser ses sourcils de surprise. Oui, oui Monsieur ! Bel et bien terminé. Je suis maintenant en pleine relecture. C’est long et fastidieux. Il me reste deux semaines pile pour terminer la relecture !
— Pourquoi ? Tu as un train à prendre ?
Si j’avais été à côté de lui, je lui aurais certainement mis un petit coup de poing dans l’épaule.
— Non, idiot ! Mais je me suis fixée un challenge pour y arriver. Je dois terminer l’écriture et la relecture de mon livre en trente jours ! Bon, pour l’écriture, il ne me restait que deux chapitres alors ç’a été. Maintenant, j’en suis à la relecture.
— Je vois. Et ça avance ?
— Eh bien, ça avance ! J’en suis à un peu moins de la moitié. Mais déjà, je vais perdre quatre jours. Tu sais, mes parents organisent toujours ces week-ends où tu ne dois pas toucher à ton téléphone et ordinateur de la journée. Et je suis tellement fatiguée que je n’y touche vraiment pas ! Donc comme il reste deux week-ends, ça fait quatre jours en moins donc il me reste seulement dix jours !
— C’est bien que tu te sois motivée comme ça. Tu me le feras lire ?
Un instant, je restai bouche bée. Mais pourquoi ? Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ! Je me donnai un petit coup sur la tête, déçue par moi-même.
— J’ai dit quoi pour que tu réagisses comme ça ?
— Non mais je suis bête ! Ah, mais vraiment ! Tu aimes lire toi, non ?
— Euh, oui, répondit-il en me regardant comme si j’étais dingue.
— Mais pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ? Attends faut que je t’explique.
— Je n’attends que ça !
— L’autre jour, j’ai appelé Emma pour lui proposer de lire mon livre afin de me donner un avis.
Je l’aperçus pouffer mais je repris.
— On ne sait jamais ! Je ne pensais pas qu’elle aimait si peu les livres au point de me dire non.
— Fallait s’y attendre ! Bon et quoi ? Tu n’as pas pensé à moi, c’est ça ?
— On peut dire ça comme ça… répondis-je en détournant le regard.
— Ça va t’inquiète, je peux comprendre que tu penses d’abord à elle.
— Hum. Bon et tu te sentirais de lire mon bouquin sur ton ordinateur en… deux semaines ?
— Ah oui, tu veux vraiment terminer complètement ton livre d’ici le trente août quoi ?
Il marqua une pause, je le vis réfléchir. Je n’osai pas l’interrompre, pensant plus faire de mal que de bien.
— Bon, c’est d’accord. Je n’ai pas de livres à lire en ce moment alors pourquoi pas. Et tu as de la chance que je lise vite ma vieille ! Mais attention, je serai intransigeant, et j’en ai des livres lus derrière moi. J’ai de quoi bien l’évaluer !
— Tu me sauves ! criai-je remplie de joie en me levant pour lui faire un bisou sur la joue. Je t’envoie tout ce que j’ai déjà relu tout à l’heure et je t’enverrai la suite au fur et à mesure de mes relectures !
Nous continuâmes de parler pendant une bonne partie de l’après-midi. J’étais tellement aux anges que je ne pensais même plus à toutes ces précieuses heures que je perdais à bavarder. Mais, après tout, il me sauvait mon challenge alors je pouvais lui accorder quelques heures à discuter !
Une fois parti, je m’empressai de lui envoyer le début. J’avais hâte d’entendre son avis bien que j’espérai de tout cœur ne rien avoir à modifier de nouveau. Toutefois, je lui avais plusieurs fois répété d’être honnête et il m’avait à chaque fois répondu qu’il le serait.
Lors du dîner, ma famille fut vraiment contente que mon sourire soit revenu ! Je leur expliquai ma conversation avec Alan dans les moindres détails, encore toute excitée. Mais après cela, ils en vinrent au programme du week-end. Maudis soit-il.
Jour 17 et 18
Bien qu’extrêmement motivée à terminer la lecture de mon roman, je ne trouvai pas la force de le faire ni le samedi, ni le dimanche soir. Comme à chaque fois, je m’écroulai sur mon lit et m’endormis aussitôt, après seulement quelques pages de mon livre en cours de lecture.
Mais c’était un bon week-end. Contrairement au dernier, j’étais bien plus enjouée à l’idée de m’amuser en compagnie de ma famille. Le samedi, nous passâmes l’après-midi dans un centre commercial près de chez nous afin de faire des courses. Tout le monde avait besoin de s’acheter un petit quelque chose alors c’était l’occasion ! Nous rentrâmes tôt afin de préparer un repas pique-nique pour le soir. En effet, nous allâmes sur une plage autorisée aux animaux en compagnie de Midgard. C’était reposant et amusant malgré les moustiques embêtants.
Le dimanche, tous fatigués par notre après-midi à faire les boutiques, nous jouâmes aux jeux de société sur la terrasse en buvant le thé glacé maison soigneusement préparé par ma mère. Le soir, nous regardâmes un film que mon frère nous avait assuré absolument génial. Et c’était le cas, heureusement pour lui !
Jour 19
En ce début de semaine, je reçus un appel d’Alan. Cette fois, j’avais laissé mon téléphone en mode sonnerie afin d’être certaine de ne pas le rater. J’avais vraiment hâte de savoir ce qu’il pensait du début. Je m’empressai donc de répondre. Nous parlâmes environ trente minutes. Globalement, il aimait beaucoup ! Il me fit rectifier quelques petites choses qui m’avait échappées. Il n’avait pas encore tout lu mais avait bien avancé durant le week-end alors que, de mon côté, j’avais complètement stagné. Il me taquina un peu à ce sujet puis raccrocha, m’incitant à continuer et à lui envoyer la suite de l’histoire.
Je passai la journée à lire en compagnie de mes fidèles tasses de thé. Maintenant, le soir arrivait bien trop vite.
Jour 20, 21 et 22
Ces trois jours se succédèrent à nouveau de relectures et de modifications. Alan m’appelait une fois par jour afin de me signaler les éventuelles erreurs oubliées. Et à chaque fois, il tentait de me faire parler sur la suite de l’histoire, ce qui me faisait bien rire !
Alan était un très bon ami, mais je n’avais jamais été aussi proche de lui que maintenant. Je le connaissais depuis maintenant deux ans. Je l’avais rencontré durant le jour de ma pré-rentrée à l’université. Complètement perdue, j’aperçus un garçon à l’air angoissé. Je m’approchai de lui et lui demandai sa filière. Par chance, nous étions dans la même promotion. Et depuis deux ans, nous avons continué à prendre de nos nouvelles même si nous ne nous voyions seulement un ou deux jours par semaine voire pas du tout en fonction des emplois du temps. Et cette année, nous allions entrer en troisième année. J’espérai le voir un peu plus souvent. Durant ces quelques jours, j’eus l’impression de réapprendre à le connaître. C’est vrai que nous avons tous évolué et changé depuis notre premier jour à la fac. Alors pourquoi pas !
Jour 23
Catastrophe.
Alan m’appela en début d’après-midi. Je sentis au ton de sa voix que quelque chose clochait. Balayant les commentaires positifs de Hum. et de O.K., je m’impatientai quant à l’annonce de la mauvaise nouvelle. Certes, il ne m’avait rien laissé entendre comme quoi quelque chose posait problème mais je le sentais venir.
Et en effet, cela arriva. Après en avoir terminé avec les remarques positives, dont j’eus l’impression qu’il m’en parla en premier afin d’amoindrir la remarque négative qui allait suivre, il en vint enfin au fait. Un chapitre entier n’allait pas. Sur le moment, je ne compris pas exactement en quoi, mais après ses diverses explications, cela me sauta aux yeux comme un nez au milieu de la figure ! Comment n’avais-je pas pu le remarquer ? Ma voix se mit à sangloter au téléphone. Je m’apitoyais sur mon sort, répétant Comment je vais faire ? ou encore Pourquoi cela tombe sur moi ? Ce dernier essaya tant bien que mal de me calmer et de me remonter le moral. Non, vraiment, c’était une catastrophe.
Quand j’eus raccroché, je fixai mon attention sur mon roman. Telle une idiote, j’avais confondu deux personnages secondaires durant l’écriture de ce chapitre. Il fallait que cela tombe sur moi ! Mais le plus grand souci était que cette erreur s’était propagée à tous les chapitres qui suivaient. Donc, je devais modifier chacun d’eux...
Je commençai à réparer mon erreur durant l’après-midi. Cela me prit du temps car je devais à chaque fois revenir vers le chapitre afin d’être certaine de ne pas créer d’autres incohérences alors que je cherchais justement à les retirer. Une galère.
Jour 24 et 25
Je passai le week-end à angoisser. Je ne pensais qu’à une seule chose : retourner corriger mon erreur. Mais non, encore une fois, je devais me consacrer aux activités organisées. J’eus beaucoup de mal à les considérer avec joie et entrain. Mine de rien, il ne me restait que cinq jours pour corriger ce problème, reprendre ma relecture à partir de ce chapitre et à nouveau envoyer mon roman à Alan qui devait également le lire. Cela s’annonçait serré. Mais faisable. J’avais envie d’y croire ! Je m’accrochais au désir de finir et de réussir ce challenge. Après tout, il était bénéfique. Si je réussissais ce challenge, je pourrais enfin envoyer mon livre aux maisons d’édition et espérer que mon rêve devienne réalité. Je rêvais constamment d’être publiée et de voir mon nom apparaître sur une belle couverture avec mon travail à l’intérieur. Certes, il y avait aussi la possibilité que cela soit un échec total, mais je préférais m’imaginer le meilleur pour le moment.
Jour 26
Dès le réveil et après avoir englouti mon petit-déjeuner, je me pressai de me préparer un thé afin de continuer à modifier les chapitres les uns après les autres. Je m’installai sur la terrasse, prenant des forces grâce aux rayons du soleil encore doux. Aujourd’hui, je devais terminer les modifications, c’était impératif. Si possible, je voulais également avancer dans la relecture pour pouvoir faire parvenir la suite de mon roman à Alan le plus vite possible.
Mon repas de midi se résuma à un sandwich préparé et avalé à vitesse grand V pendant que je continuais, Midgard couché à mes pieds.
Durant le début de l’après-midi, Alan m’appela. Je répondis, lui dis que je le rappellerais au moment où je lui enverrais la suite et raccrochai immédiatement sans lui laisser dire un mot.
Vers dix-sept heures, j’eus enfin terminé chaque modification. Mon cerveau surchauffait, mes yeux souffraient, mes bras étaient engourdis, mais j’avais terminé. Avant d’entamer la lecture, je me levai et jouai avec Midgard qui ne demandait qu’à courir. J’avais besoin de garder mes yeux loin d’un écran quelques instants et de me rafraichir les idées. Je voulais entamer la relecture avec l’esprit bien clair.
Une grande demi-heure plus tard, je m’y attelai jusqu’à ce que mes parents rentrent du travail. J’avais bien avancé et, pour le moment, je ne remarquai plus aucune incohérence. Embrassant mon père, puis ma mère, j’appelai rapidement Alan avant que l’heure du repas n'arrive. Satisfaite de moi, je lui envoyai le nombre de chapitres que j’avais pu lire en environ une heure et demie. Il me félicita et raccrocha pour aller lire à son tour. Comment aurais-je fait sans son aide ? Je serai passée à côté d’une erreur épouvantable !
Heureuse, je décidai d’arrêter pour aujourd’hui. Il me restait quatre jours pour terminer la lecture et quatre jours s’avéraient largement suffisant. Par chance, le chapitre où j’avais commencé à confondre deux de mes personnages secondaires se situait après la première moitié du livre. Il suffisait qu’Alan puisse le finir le trente août, m’appelle pour me donner les dernières directives et j’aurais réussi. J’aurais réussi… Rien que d’y penser, je n’arrivais pas à y croire. Je n’arrivais pas à me dire que c’était possible. Je secouai la tête pour chasser ces pensées. J’aurais tout mon temps pour m’extasier après la réussite de mon challenge. Pour le moment, je devais me concentrer.
Jour 27, 28 et 29
Ces trois jours s’étaient ponctués de relectures, discussions au téléphone avec Alan et de préparations de thé. Pour l’instant, aucune grosse erreur ne fut remarquée. Parfois, il m’arrivait de me prendre la tête sur un paragraphe pendant une bonne heure, n’arrivant jamais à le rendre tel que je l’imaginais. Parfois aussi, je débattais d’un passage, d’une phrase voire d’un chapitre entier jusqu’à une heure avec Alan. Ce furent trois jours de travail acharné.
Pour le dernier jour, le jour ultime, le trentième jour, je proposai à Alan de venir chez moi après avoir terminé mon livre afin d’en discuter. Je voulais aussi qu’il soit présent pour clamer tout haut et avec moi que le livre était fini !
Jour 30
En me réveillant, j’ouvris mon carnet. Je contemplai le mois qui venait de passer. Il y avait des jours sans rond, certains avec un petit rond, d’autres avec un grand. Je souris, me rappelant les évènements de ce mois-ci, les bons comme les mauvais. J’y étais, j’étais enfin au dernier jour de mon défi. J’avais terminé la relecture de mon roman hier et envoyé les derniers chapitres à Alan. Je n’attendais qu’une seule chose : qu’il vienne terminer les dernières modifications avec moi.
Pour être honnête, mon cœur battait plus fort que les autres jours. Mon corps tout entier partageait cette joie mélangée à la peur. Je fus tout mon possible pour me détendre jusqu’à l’arrivée de mon ami. Je pris un bain, je bus du thé en écoutant de la musique zen, je caressai Midgard, je fis des exercices de respiration mais rien n’y faisait. Jusqu’au moment où je pourrai dire Mon livre est terminé, je ne saurai me détendre.
Vers le début de l’après-midi, mon cœur se rompit lorsque j’entendis l’interphone sonner et Midgard aboyer. Alan était là. Je courus lui ouvrir bien que je fusse dans le salon qui se situait non loin de notre portail. Il remarqua aussitôt ma nervosité et m’encouragea à me calmer au risque que je ne réussisse pas à me concentrer sur la fin du roman, un moment absolument crucial. Je la voulais surprenante, je voulais que les lecteurs l’attendent avec impatience !
Après avoir préparé du thé, nous nous installâmes dans le salon. Armée de mon ordinateur, je l’écoutai attentivement. Mon angoisse avait disparu, remplacée par une extrême concentration. Comme au téléphone, nous débattîmes pour la fin de l’histoire. Cela dura longtemps. Nous peaufinâmes les moindres détails. Il fallait qu’il soit terminé et que je n’aie plus besoin d’y toucher avant minuit. C’était crucial.
Lorsque ma famille rentra à la maison après leur dure journée de labeur, je paniquai. Nous n’avions pas fini et cela serait bientôt l’heure du repas donc Alan devrait partir. Non, ce n’était pas possible, nous devions finir, nous touchions le but ! J’allai demander à mes parents si mon ami pouvait dîner et ils ne s’y opposèrent pas du tout. Au contraire, ma mère n’était que joie. Alors, envahissant le salon, nous continuâmes.
Pendant le dîner, les sujets de conversation ne tournaient qu’autour de mon livre, de littérature et d’écriture. Cela ne déplaisait à personne puisque toute ma famille aimait lire. Il suffisait de regarder nos bibliothèques respectives pour s’en rendre compte ! Mes parents et mon frère m’encouragèrent et remercièrent sincèrement Alan de m’apporter son aide.
Après le dîner, nous nous installâmes dans ma chambre pour terminer. Plusieurs fois nous dérivâmes sur d’autres sujets, plaisantant et riant à gorges déployées. Il fallait bien détendre nos cerveaux fatigués. Et puis, nous touchions le but. La fin était proche.
Lorsque je mis un point final à la dernière phrase de mon roman, je levai les yeux et regardai Alan.
— On… on a fini, non ? soufflai-je.
— Oui, ton roman est bel et bien terminé Lynna, répondit Alan d’une voix assurée.
— Je n’en reviens pas. Sérieusement, je n’en reviens vraiment pas. Je me suis imaginée ce moment pendant des mois et des mois et encore plus durant ce mois-ci et m’y voilà. Non, c’est trop beau pour être vrai… Aïe ! Pourquoi tu m’as pincé ?
— Comme ça, tu es sûre que c’est vrai ! Tu as fini Lynna, tu as réussi ton défi !
— C’est grâce à toi ça. Comment je pourrais te remercier ? Regarde le travail que tu as fait pour moi ! C’est complètement dingue !
— Marque mon nom dans les remerciements et cela m’ira, dit-il en faisant un clin d’œil.
— Ça marche ! Compte sur moi !
Après être allés annoncer la nouvelle à mes parents et à mon frère — qui nous félicitèrent de tout cœur — je raccompagnai Alan jusqu’au portail en compagnie de Midgard.
— Merci encore pour tout Alan, vraiment.
— Mais de rien ! Et puis, c’est un bon livre, je suis sûr que tu réussiras à le faire publier.
— Ça, c’est encore un autre défi ! Mais j’espère aussi. Et puis, ça serait sympa qu’on se voit un peu plus cette année. Même si on n’a pas cours ensemble, on peut toujours se voir après.
— Ça me va parfaitement ! Aller, à plus Lynna. Et encore bravo !
— Merci ! Rentre bien !
Je le regardai s’éloigner, un sourire aux lèvres. Quand il disparût de ma vue, je rentrai à l’intérieur de la maison.
— Félicitations Lynna ! crièrent en cœur mes parents et mon frère.
Je ne pus m’empêcher de pleurer, mais de joie. Toute mon anxiété de la journée s’évapora. J’étais heureuse, terriblement heureuse.
Mais maintenant, une épreuve encore plus éprouvante me tendait les bras : la publication de mon livre.
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