- Lilith, calme-toi…

- Ne me laissez pas, répéta-t-elle.

Le père regardait Lilith avec émotion. Se pouvait-il que cette enfant se soit autant attachée à lui, que lui à elle ? Alors même qu’une famille lui tendait les bras, prête à lui donner amour et avenir. Pouvait-il autoriser qu'une telle chance pour cette fillette ne passe ? Elle était jeune, les enfants s’attachent facilement aux cœurs bienveillants. Mais lui était adulte et il devait prendre la décision de la raison et non celle du cœur. Que lui disait-elle ?

Il observa un instant Lilith, torturé… C’était comme si elle s’était éteinte. Même au couvent, lorsqu’il l’avait trouvée, elle ne semblait pas être si malheureuse. Il voulait la garder auprès de lui, mais il voulait surtout ce qui était le mieux pour elle. Et le mieux n’est-ce pas cette famille, douce et aimante ?

- Mon Père, dit une voix grave et hésitante à la porte, qui était restée ouverte.

Ronan et Katelle étaient tous les deux là, témoins de la supplique de Lilith, à leur insu.

- Mon père. Celui-ci tourna la tête vers Katelle qui poursuivit : le cœur de Lilith a choisi sa famille.

Ces paroles d’une mère ôtèrent les derniers doutes des yeux du religieux, qui plongèrent dans ceux de Lilith. Il prit ses mains dans les siennes.

- Tu m’appelleras « mon Père » et je t’appellerai « ma fille » sourit-il ému à son tour.