Cette nuit-là, dans la chambre du monastère, il ne put trouver le sommeil. Les questions se bousculaient dans sa tête, l’empêchant de plonger dans la douce sérénité de la nuit. À défaut, il chercha du réconfort en regardant Lilith dormir dans le lit voisin. Ses traits apaisés, oublieux du monde environnant, étaient sa bouffée d’oxygène dans cet endroit clos et bien trop bruyant qu’était devenu son esprit.

La scène de la conversation, qu’ils avaient eue dans la bibliothèque se rejouait encore et encore, sans discontinuer, derrière ses paupières au supplice. Le visage de Lilith, lorsqu’elle lui avait demandé si son père pouvait être encore en vie, ne parvenait pas à s’effacer sur sa rétine. L’incandescence de ses yeux, lorsqu'elle avait proféré ses paroles, était gravé au fer rouge dans sa mémoire. Il y voyait encore les flammes de l’espoir danser dans ses iris d’enfant orpheline.

Si elle apprenait quelque chose à ce sujet, cela changerait-il les choses entre eux ? Voudrait-elle partir, s’il venait à se dévoiler à elle un jour ? Lui en voudrait-telle de l’avoir laissée derrière lui, pourrait-elle l’aimer ? Plus important encore, serait-elle prête à entendre la vérité ? À l’accepter ? À lui pardonner ?

Les questions tourbillonnèrent ainsi dans son esprit une bonne partie de la nuit, lui occultant les réponses. Les matines sonnèrent, puis les laudes ainsi que les offices suivants, sans qu’il parvienne à s’apaiser. Ce n’est qu’au petite matin qu’il finit par être happé par le sommeil.