22. Rencontre fortuite
Un bruit cadencé, venant du lointain, mit en éveil les instincts de Messi qui commença à aboyer avec vigueur, réveillant nos voyageurs à l’aube. Cette rythmique apportée par le vent devenait de plus en plus sonore, au fur et à mesure qu'elle s'approchait du Père et de Lilith. L’inquiétude se dessina sur le visage encore endormi de cette dernière.
Des pas lourds tapaient en rythme le sol avec vigueur et autorité, ils s’approchaient de leur campement. Lilith interrogea du regard le Père Gabriel qui semblait pas plus inquiet que surpris lorsque des hommes, avançant en rang, apparurent dans leur champ de vision. Ils étaient tous identiquement vêtus et semblaient ne prêter aucune attention aux alentours, ni aux voyageurs. L’homme à leur tête s’arrêta pourtant à leur hauteur.
- Il n’est pas très prudent de voyager en cette période de l’année les salua-t-il avec la rigueur militaire. Les nuits sont froides aux portes de l’hiver. Celui-ci risque de vous surprendre bien avant votre destination. Quelle est-elle ?
- Très probablement la même que la vôtre. Père Gabriel, se présenta-t-il. Et voici Lilith. Je suis le médecin rattaché au campement militaire de la frontière nord.
- Allons donc ! Je suis le commandant de la troisième garnison, Commandant Maty. Laissez-nous vous accompagner jusqu’au camp. Votre voyage n’en sera que plus sûr.
- Je dois dire que nous avons eu la chance de ne faire aucune mauvaise rencontre dans notre périple jusqu’ici. Cependant, ce ne sera pas de refus de le poursuivre à vos côtés.
La troisième garnison comptait une centaine d’hommes, Lilith se montra un peu intimidée par tout ce monde. Elle et le religieux se joignirent aux soldats pour la suite du trajet. Le rythme militaire était plus soutenu que le leur ne l’avait été.
- Nous ne sommes plus très loin du but, confirma le commandant au Père Gabriel le soir venu. Dans moins de deux jours, nous franchirons les portes du camp. Nous nous y installerons pour l’hiver puis repartirons dans nos garnisons respectives au retour de la belle saison.
Ils discutaient autour d’un feu de camp en mangeant tandis que la nuit tombait. Lilith posa les yeux sur le Père qui acquiesça en souriant, l’invitant à les rejoindre d’un geste. Elle s’assit auprès de lui, Messi à sa suite et prit timidement la nourriture que lui tendit le général.
- Lilith, c’est bien ça ?
Elle se contenta d’acquiescer.
- Tu as un prénom peu commun, sans doute dû à sa symbolique. C’est comment ton nom ?
Lilith ne sut que répondre, elle restait timide devant cette stature militaire, pourtant bien jeune encore. L’apparence stricte et rigide du militaire corrélait à son franc-parler. Sa question était dénuée de circonvolution, pourtant rien en lui ne semblait vouloir blesser malgré cette absence de tact.
- Lilith, juste Lilith.
Elle baissa la tête, sans rencontrer le regard du Père qui la couvait, l’air chagriné.
- Si vous me permettez, mon Père, d’où vient cette enfant ?
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