49. L'éveil de Lilith
Statufiée au-dessus de la boîte, elle regardait à l’intérieur, émerveillée. Ces objets étaient la preuve que tout ce qu’elle avait lu était vrai. Elle avait des parents. Sa mère n’était pas juste une chimère sortie de son imagination. Elle avait une mère. Une mère, qui ne la prendrait jamais dans ses bras. Une mère qu’elle avait perdue trop tôt pour avoir des souvenirs. Trop tôt pour pouvoir lui dire « je t’aime ». Comme elle regrettait que la vie ne lui ait pas laissé le temps de formuler ses paroles. Elle tiqua à cette pensée. Non, la vie ne lui avait pas permis de connaître sa mère. Elle avait toujours su que sa mère était morte, mais malgré les propos des sœurs, elle s’était toujours posé la question pour son père. Quelles preuves avait-on de sa mort ? Combien de fois avait-elle rêvé de le retrouver, de partir avec lui? Elle avait raison alors d’y croire, il était vivant. Sa conscience reçut une décharge.
Il était vivant !
Elle se précipita sur la porte, l’ouvrit violemment et s’apprêtait à se propulser dehors quand elle rentra dans quelqu’un.
- Lilith !? Sursauta une voix surprise. Malgré les mois, elle reconnut tout de suite Ronan
- Je reviens, cria Lilith pressée, je reviens. J’ai oublié quelque chose ! Elle laissa là Ronan, interdit. Trop hébété pour réagir.
Elle dégringola les escaliers à toute vitesse, traversa le hall de l’infirmerie comme une furie, se jeta sur les portes sans ralentir, courut à travers tout le camp, pieds nus sur la fine couche de neige fraiche. Dépassant le réfectoire, les quartiers du général, ceux plus nombreux encore des soldats. Jamais le camp ne lui avait paru aussi immense qu’à cet instant. La peur de ne plus le revoir lui retournait l’estomac. Cette peur ne laissait la place à rien d’autre. Elle ne sentait pas la brûlure du froid sous ses pieds, ni son cœur qui battait la chamade sous l’effort si soudain, pas plus que les larmes brûlantes qui inondaient ses joues, contraste cruel avec le froid environnant. Seuls défilaient devant ses yeux inondés les bâtiments du camp, interminables.
- Pourvu qu’il ne soit pas trop tard, pourvu que je les rattrape !
Le camp était inquiétant dans ce silence. Pas le moindre passage de soldat, pas l’ombre d’un mouvement et ce silence pesant, douloureux. Comme il était différent sans eux, sans lui. L’entrée se rapprochait, elle voyait déjà l’épaisse muraille qui entourait le camp. Le visage de son sauveur, de son père, s’imposa à elle. L’aveuglant. Au détour d’un bâtiment, elle ne vit pas le verglas sous ses pieds et chuta. Ignorant ses mains et ses genoux douloureux elle se releva. Ils étaient là ! Sur le départ.
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