Cinq sens pour se souvenir
Etendue sur son lit, je m’abandonne aux souvenirs. Je repense à sa naissance, je me rappelle de ma fierté lors de son premier « maman », de ma joie alors qu’il venait se jeter dans mes bras, d’un pas hésitant, maladroit. Mon cœur se serre à la pensée de sa première rentrée scolaire, puis je pleure encore de soulagement en me remémorant les résultats positifs de son concours.
La tête sur son oreiller, je respire les effluves de son shampoing et de son eau de toilette, fraîche et boisée.
Mes doigts caressent le velours chaud du petit lutin aux couleurs vives, son premier doudou. Je le porte à mes lèvres, et apprécie la douceur des extrémités en satin, tout comme lui, avant.
Chausser ses lunettes était le premier acte de son rituel matinal. Mes yeux se posent inévitablement sur la table de nuit, où il les abandonnait chaque soir. Elles sont toujours là ! Evidemment, ce sont les anciennes. Je les pose sur mon nez et regarde avec nostalgie chaque meuble, chaque objet, chaque recoin de cette pièce, emplie de sa présence.
La correction des verres rend ma vue trouble, néanmoins, je distingue un emballage que je connais bien. Le paquet de barres chocolatées qu’il avait prévu d’emporter attend, oublié sur le bureau. Je me lève, m’en approche, déchire le sachet et m’empare d’une sucrerie. Quel délice, ce biscuit croquant, ce caramel coulant et ce chocolat fondant !
Je suis tirée de ma nostalgie par les vibrations de mon téléphone. J’accepte l’appel avec empressement et approche l’appareil de mon oreille :
« Bonjour maman, je suis bien arrivé ! »
J’étouffe un sanglot. Mon fils s’est envolé hier pour vivre son destin.
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