02/09 : Le Jargon de la profession
Chaque profession possède son jargon, ses expressions à elle propres, qui passent pour un mystère, un délire abscons pour le néophyte. Aristophane pourrait écrire une nouvelle comédie en savourant de l'incompréhension du profane devant ces nouveaux mystères d'Eleusis.
Admirez plutôt les mots employés. tout d'abord on ne parle pas de budget, c'est un terme trop froid, qui renvoit à l'univers inhumain des comptables, hé ! ce n'est pas pour rien si dans Harry Potter, ce sont les gobelins de Gringotts qui gèrent les florins. Non, on parle de "générosité", ainsi l'on dira " Coca Cola a décidé d'accorder 10 000 € de générosité à sa nouvelle campagne de promotion".
Ensuite, l'argent n'est pas dépensé, ni même consommé, il est brûlé ! Quel ne fût pas ma stupeur lorsque j'entendis parler d'argent brûlé à longueur de journée ! Dans la même veine, ou le même feu selon le point de vue, on parlera de surcrammage pour un dépassement de budget ou de "burn" pour la part d'un budget effectivement consommé. Mais rassurez-vous cher lecteur, car les "vagues" , les campagnes marketing, viennent éteindre ces départs de flammes ! (ou alors au contraire attiser ces flammes consuméristes en distribuant promotions et coupons)
Oui, le "burn", pourquoi utiliser un verbe pour désigner un nom ? Nul ne s'est posé la question.
Dans le même franglais douteux, les magasins n'ont pas de clients, non c'est trop corporate, là où la RATP parle d'usagers (sans doute pour se dédouaner de l'indigence de ses services dont la qualité en effet est indigne d'une entreprise sérieuse) . Bref, revenons à nos acheteurs, ou plutôt nos "shoppeurs" . Bizarre, il me semblait que dans la langue de Shakespeare on parlait plutôt de "customer", "purchaser" , "buyer" ou même "client" soyons fou. Mais l'international est à ce prix, un mauvais franglais incompris.
Un dernier pour la route, on utilise le terme de granularité pour désigner un système, un emboîtement de catégories, de la plus particulière à la plus générale, à la manière des poupées gigognes ou d'une arborescence. Prenez par exemple une bouteille de Coca-Cola zéro, sa catégorie sera l'ensemble des Sodas Coca-Cola, sa sous-famille sera l'ensemble des sodas, et sa famille sera l'ensemble des boissons.
Alors que dans les faits, le terme granularité ne désigne que l'élément le plus fin de ce système, celui de plus petite taille, ici ce serait la bouteille de coca zéro, l'individu, la feuille.
Bref le poète en moi rit jaune, il tente de défaire les noeuds de cerveau provoqués par cette implosion lexicale.
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