Septembre
Septembre et déjà la chute libre du jour, son clignotement dans le réseau aérien des branches, l’agitation du vent pareil à une cendre. Les heures sont si calmes, les secondes si étales dans la ligne longue de l’automne. Il y a si peu d’événements et les paroles sont de coton, les pensées pareilles à une soie impalpable que tisserait la lame de l’ennui. J’ai laissé ma porte entr’ouverte. Parfois, dans un éclair de lumière, s’y inscrit le vol innocent d’’un gobe-mouche ou bien la tache claire s’un sizerin. Seul bruit de la plume qui glisse sur la nappe lisse du papier. Les pins, sapins et trembles sont une présence si discrète que je n’en perçois même plus le vert atténué, si proche de la teinte de l’eau. Puis, soudain, dans la toile unie du temps, comme une longue déchirure, un grincement venu de très loin, un cri qu’on ne connaissait plus qu’au pli intime de la mémoire.
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