Chouchou

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Trois jours de mistral à rester enfermé et soudain le ciel lavé sur un jour nouveau. Las de cet emprisonnement forcé, Mathieu enfila ses baskets, son short et son maillot favori – le bleu de l'équipe de France de Football marqué du numéro 10 –, et sortit faire quelques foulées le long de la plage.

D'un pas assuré, il courut le long des dunes sauvages, dépassa quelques campings avec des vacanciers encore endormis et atteignit enfin la plage principale et sa zone commerciale, où quelques sportifs comme lui ou de solitaires promeneurs de chien étaient les seuls à profiter de cette journée de liberté et de renouveau.

Soudain, il entendit des aboiements et les cris de femme. Une demoiselle en détresse ? Héroique, Mathieu stoppa son jogging et se tourna vers la plage, où une magnifique blonde moulée dans une très courte robe rouge avec des talons aiguille et un décolleté plus que pigeonnant, se battait avait avec un gros chien Barbet. De toute évidence, la grosse bestiole s'entêtait à s'aventurer dans la mer, contre l'avis de sa maîtresse.

— Voyou-han ! Non-han, Voyou -han ! J'ai dit non-han ! criait la jeune femme pour le retenir, tandis qu'elle perdait l'équilibre avec ses échasses enfoncées dans le sable.

— Wouf, wouf ! répondit le chien, se délivrant de sa laisse.

Dans son élan, la bête fit tomber sa maîtresse par terree et Mathieu se précipita pour l'aider à se relever. Au loin, l'énorme chien se jeta tout heureux dans les vagues.

— Oh, merci-han ! Merci, monsieur-eu ! Mais-hin, mon petit Voyou-han ! Il devient fou-ou avec la mer-eu ! Comment-han je vais pouvoir-eu le chercher-eu ?

—Ne vous inquiétez pas, mademoiselle ! Je m'en occupe !

L'héroïque Mathieu enleva son maillot, laissant à découvert ses pectoraux musclés, se déchaussa et abandonna le tout aux pieds de la dame, puis courut s'enfoncer dans l'eau. Avec son charme habituel – même les chiens ne lui résistent pas –, il appela le dénommé Voyou qui barbotait joyeusement entre les vagues. Avec agilité, le héros réussit à attraper la laisse pendante du chien et tenta de l'amadouer. Confiant, le canidé se laissa faire, sortit de l'eau et se précipita vers sa maîtresse. D'ailleurs, Mathieu s'étonna de ne pas la voir toute seule. Elle était accompagnée d'un vieux schnock avec un Chihuahua surexcité à ses pieds. Voyou atteignit enfin sa maîtresse en piétinant les affaires laissés par Mathieu, puis secoua sa fourrure pour enlever l'excès d'eau.

— Oh, Voyou-ou ! Coquin-hin ! Oh, merci-han !

A la vue du gros chien, le Chihuahua s'excita encore plus et ses cris énervants noyèrent dans une cacophonie les avertissements de son maître.

Lorsque le héros du dimanche les rejoignit et chercha des yeux ses habits sur le sable, il comprit enfin ce que le Sugar Daddy disait à sa bestiole :

— Stop Chouchou ! Tu vas encore avoir une crise de diarrhée comme la dernière fois ! Oh zut !

Mathieu fixa d'un air dépité son beau maillot et ses baskets dernier cri. Combien de jours faudra-t-il pour nettoyer ce désastre ?

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