Hanouna est une chèvre, j'ai des preuves. ( putaclick )
J’avais souvent entendu cette phrase : "L’école t’ouvrira des portes."
Alors j’ai écouté. J’ai suivi la voie tracée, j’ai fait ce qu’on attendait.
J’ai merdé souvent, mais j’ai essayé.
J’ai décroché le diplôme que mes parents voulaient tant,
mais j’y ai laissé un bout de moi.
J’étais pas à ma place.
Costume trop serré, dialogues mal écrits,
juste un figurant dans un scénario qui n’était pas le mien.
Pour les profs, j’étais une perte de temps, un roi du dernier tiers,
l’erreur statistique qu’on finit par oublier.
Dehors, j’étais trop étrange pour être une proie,
alors j’ai fait ce que font les fantômes :
j’ai appris à disparaître.
À la fin, il ne restait plus rien.
Rien qu’un type seul,
avec une confiance en charpie.
Puis on m’a dit : "La volonté, c’est la clé."
Alors j’ai écouté.
J’ai bossé, j’ai plié l’échine, j’ai saigné.
On m’a exploité, j’ai donné plus que demandé.
En retour ?
Des tapes dans le dos et des promesses en papier mâché.
J’étais déjà malheureux, mais j’ai continué.
Parce que c’est ce que font les mecs bien, non ?
Mes boss étaient contents,
alors j’ai cru que ça voulait dire quelque chose.
Dehors, j’étais trop occupé pour voir les coups venir.
J’ai presque cru devenir quelqu’un.
Jusqu’à ce que, comme toujours,
tout s’effondre.
Et moi ?
Moi, je suis resté là,
seul, avec une confiance en cendres.
Alors ils ont répété : "La roue tourne, ça finira par aller."
J’ai écouté, encore.
J’ai baissé mes ambitions, mais pas mon espoir.
J’ai attendu, j’ai encaissé,
j’ai parié sur ce putain de karma.
Puis j’ai ouvert les yeux.
J’ai regardé mes échecs, j’ai regardé le monde.
Et j’ai compris.
Le bonheur, c’est pas pour moi.
Même si je jette le costume, je resterai l’inadapté.
Même si je me tiens droit,
je serai toujours celui qu’on oublie,
celui qu’on prend et qu’on jette.
L’amour et la réussite me fuient depuis quarante ans,
et je sais qu’ils ne changeront pas d’avis demain.
Alors j’ai essayé de me raccrocher aux mots des autres.
À ceux qui m’avaient fait rêver,
à ceux qui, un jour, m’avaient fait croire qu’il y avait autre chose.
Les poètes de la loose, les écrivains du désespoir,
les voix rauques et brisées qui transformaient la misère en art.
Avant, ils me parlaient. Maintenant ?
Leurs mots sonnent creux.
Comme des vieilles rengaines qu’on chantonne sans y croire.
Leurs colères ressemblent à du théâtre,
leurs blessures à des décors peints.
Ils ont peut-être changé.
Ou alors, c’est moi qui ai fini par voir l’envers du décor.
Alors j’ai arrêté d’écouter.
J’ai laissé le silence avaler ce qu’il restait.
Et quand mon heure viendra,
je rejoindrai ma confiance perdue.
Sans bruit.
Sans attente.
Juste en quête d’un peu de paix.
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