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Les branches des arbres étaient couvertes de petits bourgeons. Au bout de quelques minutes, ces petits écrins de vie s'ouvraient pour laisser place à de frêles feuilles ou à des minuscules fleurs d'un rose pâle. Partout sur le sol, des brins d'herbe émergeaient autour des troncs ; des tiges s'élançaient hors de la terre et bientôt, des fleurs de multiples couleurs apparaissaient. Lentement, cette portion de la forêt revivait. Des animaux mal réveillés sortaient de leurs terriers, sentant le doux regain de température.

En levant la tête, au travers des hauts branchages des arbres, on apercevait une partie du firmament. Celui-ci était d'une blancheur maladive, mais, avec les températures se radoucissant, l'atmosphère se réchauffa doucement. Peu à peu, un ciel bleu ponctué de quelques nuages fut visible. Le soleil envoya ses premiers rayons pour illuminer la forêt, jusqu'alors en proie à l'ombre à cause de l'épaisse couverture de feuilles.

Parmi cet émerveillement, un homme foulait les brins d'herbe tous juste nés et laissait une traînée de fleurs magnifiques derrière lui. L'homme possédait une longue chevelure brune attachée en une natte fluide qui lui arrivait au milieu du dos. Une fine couronne de fleurs ornait son front. Il portait un pantalon léger beige surmonté d'une veste verte. Il n'émettait aucun bruit quand il marchait, ses pieds nus frôlant les douces pétales des fleurs à peine écloses. Il semblait n'avoir plus d'une vingtaine ou une trentaine d'années mais il était en fait aussi vieux que le monde lui-même.

Une nuée de papillons aux couleurs chatoyantes l'entourait pendant qu'il marchait. Certains se posaient sur la tête ou les épaules du jeune homme et il leur souriait. De temps à autres, il écartait les bras et des dizaines de papillons aux couleurs de l'arc-en-ciel venaient s'y poser. Puis, tous en même temps, ses compagnons s'envolaient et formaient une bulle mouvante autour de l'homme. Un rire éclatant accompagnait alors la douce musique du retour de la flore dans la partie de la forêt qu'il traversait.

Les animaux et les insectes faisaient un timide retour au sein de cette partie de la forêt. Quelques tristement célèbres taons essayèrent de s'approcher du jeune homme pour lui administrer une piqûre fatale. Quand ils se rendirent compte de qui il s'agissait, à l'aura qu'il dégageait et aux papillons qui l'accompagnait, ils passèrent leur chemin.

Parfois, l'homme avait envie de s'arrêter pour admirer les tulipes qui venait de naître, elles dansaient encore au bout de leurs tiges à cause du poids soudain de leurs pétales. Il voulait s'agenouiller pour caresser les doux boutons de roses et les sentir se déployer sous ses doigts. Il désirait profiter du moment au sein de cette forêt qui devenait sublime sous son action. Mais il ne pouvait pas s'attarder ; pas cette fois.

Les dizaines de papillons qui le suivait dûrent battre des ailes plus vigoureusement pour pouvoir continuer à rester au même niveau que l'homme. D'ailleurs, certains semblaient fatigués de la longue distance qu'ils avaient été obligés de parcourir en si peu de temps. Ceux-là se posèrent sur les vêtements de l'homme afin de se reposer. Il ressemblait à un arc-en-ciel avec tous ces papillons aux diverses teintes accrochés à lui.

Il se dirigeait vers l'Est, traversant la limite de la forêt d'Arval. C'était le moment, il était attendu. Il ne devait pas perdre de temps, il n'avait probablement que trop contemplé la renaissance du paysage sans s'en rendre compte. Il accéléra légèrement le pas, laissant toujours derrière lui une traînée de verdure et de fleurs.

Il était le Roi du Printemps et avait une mission à mener à bien.

« The white butterfly announces the spring »

Proverbe