Première partie - Aldor (8)
« — N'aie pas peur,
murmura-t-elle d'une voix douce,
jamais je ne te ferai quoique ce soit, tu sais,
qui pourrait te faire mal
ou te blesser.
— Oh, mais chère Florine, il n'a pas la frousse ! »
Et, derrière les récipients de bois et de verre,
s'avança un tout petit dragon
à l'air fier.
Au bord de la table,
installé sur ses pattes arrière,
il toussa quelques flammèches
et, d'une voix fluette,
déclama ces vers :
« — Florine, tu as percé son secret le plus intime.
Aldor n'est pas du tout un dragon titanesque.
À peine plus grand qu'un grain de sable infime,
il n'a rien de ses cousins cauchemardesques.
Si, avec les montagnes, les autres se confondent,
Aldor, lui, est frappé d'une ironie profonde.
Malgré tous les subterfuges et toutes les volontés,
il est le plus minuscule dragon jamais conté.
Alors, poursuit Aldor,
vas-tu, aujourd'hui, m'écraser ? »
Pour toute réponse,
Florine posa sa main sur la table,
un geste bienveillant
pour tenter de l'apprivoiser.
Sous le regard interloqué
du dragon affable,
elle prononça les mots
qui décidèrent la créature :
« — Tu sais, Aldor,
rien ne sert d'être grand par la taille.
Plus que tout, le cœur, l'âme
et notre propre nature,
nous permettront toujours
de remporter les batailles.
Sans ton aide aujourd'hui,
ma vie aurait pu se terminer.
Malgré ta peur et tes doutes,
tu m'as accueillie chez toi,
alors comprends bien ceci :
rien ne sert de te miner,
tu resteras à jamais
le plus grand des dragons, pour moi. »
Ému, Aldor escalada
la paume de main de Florine,
y frotta affectueusement
toutes les écailles de sa tête.
Il grimpa le long de son bras,
soufflant du feu par les narines,
et, confortablement,
s'installa sur l'épaule de la fillette.
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