Deuxième partie - La forêt Toutafénormale (3)
Cette nuit-là,
dans le cahin-caha de la cabine,
nos deux amis
dormaient à poings fermés.
Ils avaient bien mangé,
à s'en lécher les babines,
encore du rat,
que Florine avait appris à aimer.
La petite fille, pourtant,
fut réveillée par une secousse.
Elle ouvrit les yeux,
dans l'obscurité de la nuit.
« — Zut,
qu'est-ce que ça donne la frousse ! »
Aldor, à ses côtés,
dormait sans faire de bruit.
Elle marcha jusqu'à une fenêtre
et observa le ciel.
Y tournoyaient les Avalerêves,
géants démentiels.
Tandis que Florine
observait leurs plumes colorées,
la plus grande poussa
un mugissement torturé.
La créature paraissait désemparée,
triste et seule,
l'écho de tous les sentiments
que Florine ressentaient.
« — Tu me comprends, hein ?
Mon cœur est un puzzle.
Sans papa et sans maman,
il ne sera jamais complet.
— Te souviens-tu de tes rêves,
avant ton réveil ?
Aldor, lui, ne s'en souvient jamais,
loin de sa grotte. »
Florine ricana
tandis qu'Aldor gravissait ses côtes,
puis, le dragon posa sur elle
des yeux pleins de sommeil.
« — Non, avoua Florine,
je ne me souviens de rien.
Je me suis endormie, et, d'un coup,
j'étais réveillée.
— C'est parce que ces monstres-là sont des vauriens,
ils nous volent nos rêves.
Nos pensées sont balayées ! »
La petite fille, intriguée,
observa les cieux étoilés.
« — Ces monstres-là
ont l'air plutôt mélancoliques.
Peut-être que leurs sentiments
sont en fait voilés
par leur apparence
pleine de couleurs bucoliques.
— Florine,
je crois que tu ne comprends pas ce qu'ils font.
Vois-tu,
les Avalerêves dévorent vraiment nos songes.
Après ça, tes émotions et les leurs...
tout se confond.
S'ils pleurent ce soir,
c'est ta tristesse qui les ronge. »
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