Le chant de Zii-Forr'An'Aïdas

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Être né de la sorte, le jour de la Fin. Et j’ai vu dans ses yeux, la mort des humains.

Perdu sur ce–

A qui donc puis-je pa–

A peine consc–

Ah. Ah, c’est une horreur. J’ai des gouffres dans le ventre, au plus profond de moi. Tout y est avalé ! Je veux le dire. Je veux dire ce qui s’est passé. Je veux pouvoir ne pas– Mais que mon esprit me permette de finir, d’avoir les mots pour– pour dire ce qui aurait dû, ce qui devrait être dit de ce qui– Ah !

J’essaie de parler et voilà déjà que je n’ai rien dit de tout ce temps mais d’autres auraient eu les– D’autres mes meilleurs les autres que moi je ne suis pas capable de ceci de– de– Ils auraient mieux faits, tous, un autre que moi l'aurait dit sans soucis, et ce serait beaux, il aurait dit ça aussi simplement que– que–

Et voilà, là, là, me voilà sans mot mais que voulais–

Il y là, là, dans ce crâne, quelque chose qui ne veut pas sortir ! Mais sors donc ! Je veux pouvoir expliquer... Mais expliquer à qui, bon dieu, à qui ? Pour moi, alors. C'est pour moi que je veux le dire, pour le bon plaisir d'avoir bien dit... Pour le principe ! Voilà, le principe c'est– c'est– c'est quoi, comment est-ce que j'explique ce que le principe fait, ce que c'est, ce que c'est mais comment je le dis ? Donnez-moi les mots, les bons, comme ceux des têtes. Ils nous sont tombés dessus, ils ont ils ont ils ont les mots– HORREUR HORREUR c'était Mais

mais qu'est-ce que je fais de mal ? Pourquoi je n'ai pas les mots !

Les têtes Les têtes mais quoi ? Mais que tout cela sorte… il y en a trop en moi

si un autre avait survécu au lieu de moi mais il aurait mieux fait il aurait mieux dit il aurait trouvé les mots parce qu’à moi ça me fuit ça me hait j’ai tout l’être qui ne veut plus ni penser ni faire– Calme !

Calme ! Par pitié calme j’ai honte

Pardon, pardon j’ai pas le pardon pardon s’il-te-plait calme toi je dois me calmer pardon pardon mais pardon

tout raté je suis une honte sur la vie pathé– Bah oui pathétique ! Et même leur demander pardon, mais c’est faible, je suis un faible, voilà votre dernier qui demande pardon. A qui ?! A qui je suis le dernier pourquoi il a fallu que ce soit moi qui survive j’ai même pas les mots pour le comprendre ou en parler ou le décrire ou me le faire voir ou– ou faire– ou où est– Calme

Il faut être calme. Il faut il faut il faut il faut il faut sinon comment dire– comment on dit quelque chose ? comment– j’ai honte

Je veux être digne comme d’autres auraient pu l’être… Mais qu’est-ce que ça veut dire ce que je viens de dire ? C’est un assemblement d’inutilités, ça sert à rien ! à rien ! Mais qu’on– Aaaa maisje– maiscalmeetdemandepardoncalmecalme calme calme

Calme. Pardon. Pardon. Je demande pardon, au rien qui m’écoute je demande pardon. J’abuse de ta patience, vide, je vous absue, je voubsue à la gueule, mais oui jvobse, jvobse, je suisje suis, voilà je suis.

Je voudrais ne plus. Tout simplement, plus rien. Je veux pas être seul. Mais même ça, je sais pas le dire mieux que ‘‘je veux pas être seul’’. Si un autre– Si un autre était là, un meilleur, mais il aurait pas ce souci, il, lui il trouverait les mots pour– pour en finir. Moi je commencerais, lui il finirait.

On pourrait décrire ensemble, on pourrait dire ce que ça veut dire d’être seul.

Ainsi écouta Le Rat, s’arrêtant pour regarder le survivant dans un désert blanc.

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