À quelque chose, malheur est bon !

2 minutes de lecture

" Qu'à mettre un sot à la raison,

Toujours serait-ce à juste cause,

Qu'on le dit bon à quelque chose. "

Jean de La Fontaine

*

Me plongeant dans mon passé, je retrouve l'une de mes attitudes que j'avais eue en réaction à une punition, dans un cadre scolaire. Ainsi, je me souviens que lors d'une étude du soir en école militaire, juste avant le repas, j'avais composé un véritable plaidoyer autour de l'art de balayer.

*

Ce matin-là, je terminai de balayer les feuilles tombées d'une allée couvertes de platanes le long de la place d'armes de l'école militaire. Animées par un vent capricieux d'automne, elles se décidèrent à choir inlassement sur les pavés me laissant complètement désemparés devant une telle tournure d'évènement. Je venais de transpirer à grosses gouttes à pousser sur le bâton en bois du manche à balai avec des longs poils rouges plastifiés.

À peine avais-je terminé, que plusieurs feuilles s'agglutinaient à nouveau sur le sol comme pour se jouer de moi. Et devant l'horaire à respecter non seulement pour l'inspection des travaux d'intérêt général mais aussi pour rejoindre la salle de classe, je n'étais pas à prendre avec des pincettes. Comme un fait exprès, par un vent tournoyant, les feuilles trouvèrent refuge tout autour de la poubelle fixée au mur, comme pour démontrer que je n'étais pas capable de bien faire les choses.

Il se dessinait en filigranes l'absurdité de la vie dépeint dans le Mythe de Sisyphe.

Bien évidemment, tout ceci me valut une punition qui, si elle n'était pas bien exécutée, me verrait privé d'une évasion de weekend avec mes camarades de scoutisme. Pourtant j'aimais par-dessus tout ces sorties en forêt, les bivouacs et les randonnées. J'appréciais quand nous marchions le long des pistes de sous-bois à profiter de l'abri des houpiers et de la diversité des plantes. Cela me coupait surtout de ma routine de très jeune étudiant et cela me permettait de m'échapper des difficultés qui étaient les miennes à assimiler des matières, dont certaines très techniques, ce qui me désespérait au plus haut point.

La punition se lèverait si je rendais une copie de quatre pages dans laquelle j'écrirais cent fois, que je devais réaliser avec application mes corvées. Trouvant que la sentence ne présentait rien de très intelligent, sans doute habité par une haute opinion de moi-même, je coupais donc avec des ciseaux virtuels dans la consigne pour la transformer en quelque chose de bien plus constructif.

Aussi, lors de cette étude du soir, l'inspiration vint me rendre visite avec des accents de poésie. Les mots arrivaient tout seuls, et les feuilles de mes arguments se ramassaient à la pelle. Petit à petit se dessina l'intérêt de convertir une punition en quelque chose de positif, d'ouvert, de lumineux.

Mes camarades, à qui je fis lire ma prose, apprécièrent mon texte mais plus encore notre surveillant, un appelé, scientifique du contingent. Sa mission consistait à nous surveiller lors des études de fin de journée. Et il s'avérait tout-à-fait compétent à nous aider dans certaines matières et parfois aussi, en assurant un enseignement d'une discipline en tant que professeur.

*

Âgé de tout juste quinze ans, j'allais passer le BEPC, qui deviendra le Brevet des collèges. Et en cette année 1973, j'obtins mon diplôme avec une très bonne moyenne grâce aux mathématiques où je réalisai un dix-huit sur vingt qui venait récompenser mes efforts malgré mes plus grandes difficultés en la matière.

=O=

Annotations

Vous aimez lire Jean-Michel Palacios ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0