Le voyage onirique

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Léon ne se réveilla pas dans son lit mais sur une couverture épaisse posée sur un sol chaud. Intrigué, il s’assit et regarda autour de lui. Il était dans une petite chambre en bois complètement nue hormis le futon sur lequel il s’était réveillé. Un des murs était en papier et pouvait visiblement coulisser, une douce lueur passait au travers et baignait la pièce dans une lumière fantomatique.

  Un mouvement à côté de lui attira son attention et baissant le regard il vit qu’il n’était pas seul dans ce lit de fortune, une femme nue était endormie sous les couvertures. Son dos montait et descendait au rythme de sa respiration, faisant onduler le tatouage qui ornait sa peau. Léon se pencha pour sentir son odeur, elle sentait si bon, il avança sa main pour lisser une mèche de ses cheveux lisses quand elle se retournait, tenant la couverture sur sa poitrine, le visage effrayé.

  • N’ayez pas peur, dit-il en lui souriant, nous sommes dans un rêve, je crois… un très beau rêve.

La femme le dévisagea, ses traits fins étaient d’origine asiatique, ses pommettes hautes étaient illuminées par des yeux en amande couleur noisette, ses cheveux châtains étaient longs et fins, et encadraient son visage puis cascadaient sur ses épaules menues.

  • Léon ? demanda-t-elle incertaine
  • Oui ? tu connais mon prénom, mais je ne connais pas le tien…
  • Ruby… je crois ? c’est comme ça qu’il… que tu m’appelles.

Léon n’en revenait pas. Il tendit la main pour caresser les cheveux de la jeune femme qui se détendit à son contact, mais quand il fit descendre sa main vers la gorge de la belle pour l’enserrer, elle lâcha la couverture et posa ses mains sur son avant-bras, le suppliant du regard d’arrêter.

  • Qu’est ce que tu m’as fait ? demanda-t-il en serrant sa main sur son cou.
  • Rien ! rien du tout !

Il l’attira à lui pour la regarder dans les yeux, elle était terrifiée et essayait de le repousser en tapant sa main sur son bras.

  • Tu… Tu t’étais ouvert le crâne, je t’ai sauvé la vie ! arrête, tu me fais mal !

Des larmes coulaient maintenant librement le long de ses joues. Elle lui griffait le bras pour essayer de se dégager.

  Léon se revit, il n’y a pas si longtemps en train de malmener sa pauvre renarde. Ce n’était pas lui, il n’était pas violent. Il la laissa partir et elle se recroquevilla sur elle-même, enserrant sa gorge douloureuse.

  • Pardon, je ne voulais pas serrer si fort. J’ai l’impression de ne plus être moi-même, la violence, ce n’est pas dans mon caractère d’habitude.
  • Je… je sais, c’est pour ça que je restais près de toi. Mais maintenant tu es maudit comme moi.
  • Maudit ? Comment ça ?
  • Tu es habité par un esprit animal, tout comme moi le renard. C’est lui qui te soigne et te donne ta force. Mais c’est lui aussi qui te rend… moins patient, plus… animal.

Léon regarda alors ses mains puis son ventre.

  • Mais comment est-ce possible ? on peut l’annuler ?
  • Non, je ne crois pas, je suis née comme ça. C’est ma grand-mère qui me l’a légué, elle aussi était une renarde.
  • Et moi ? c’est quoi mon animal ?
  • Je ne sais pas, ferme les yeux et regardes toi.

Léon ferma les yeux et se concentra. Il voyait un pelage gris cendré, avec des oreilles pointues, une queue touffue et de larges pattes aux griffes acérées.

  • Je pense que je suis un loup…

#

Quand il ouvrit les yeux, le rêve devenait moins net, les contours de la pièce commençaient à s’effacer. Léon tendit les mains pour enlacer la jeune femme, mais elle avait disparu et il s’éveilla dans son lit.

  • Ruby !

Il sauta au bas de l’échelle. La renarde était là sur le canapé, la queue posée sur son museau, elle le regardait comme une dame vous observerait, cachée derrière son éventail. Il lui tendit les bras et elle vint s’y blottir. Ensemble ils remontèrent l’échelle pour retourner se coucher et peut-être rêver.

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