Une lettre du futur dois paraître étonnante. Étonne-toi. Et ensuite lis-la, lis-la attentivement et crois-moi : la guerre est horrible.
Tu connais l'Afrique, tu y vis. Ne la fuis surtout pas mais garde espoir car il nous faudra, à toi et à moi plus que de l'espoir. Il fait nuit et j'écris sans savoir quoi dire. Dans ma tête, c'est la seule et même idée qui défile : je dois m'écrire, il faut qu'on change le monde.
Ce que je te demande est plus grand, si tu le veux, c'est un avertissement ; je préfère marcher dans un enfer les yeux grands ouverts plutôt qu'aveugle.
Il fait noir et j'écris... J'ai faim, j'ai peur et j'ai froid. La guerre est là ; partout des morts. Fuir n'est plus la solution. Où aller ? Partout c'est la guerre. Les Kalachnikovs chantent l'horrible chant de la frayeur. La guerre est horrible.
Je ne vois plus personne, ni papa, ni maman, ni grand-frère. Je suis seul, sont-il mort ? Je l'ignore. Tout le monde est mort. Les visages ont changé, personne ne rit plus.
Il fait noir et j'écris... Profite de tes beaux temps. Tu fais toujours le bien... fais-le toujours. Mais il faudra encore plus, empêche la guerre s'il te plait... Peu importe comment tu feras, empêche la guerre.
Une autre chose que tu dois faire pour moi : serre Dado très fort, aime-le très fort et dis-le lui. Il ne vivra pas longtemps. Triste à savoir, mais j'aurais voulu le savoir. Je préfère marcher dans un enfer les yeux grands ouverts plutôt qu'aveugle.
Écrite par toi, dans le futur.