Chapitre 5.
Directes, ses mains lâchent la télécommande et viennent tirer dessus pour se dégager. Il gesticule, cherche à respirer, se débat.
Pour pouvoir mieux le contrôler, j'appuie sa tête sur mon torse. Ainsi, ça me permet de surpasser sa force sans avoir à faiblir devant sa carcasse. Je le tiens dans mes points comme la vermine qu'il est. Dans cette posture, ses yeux me découvrent, et j'y lis la rage imbriquée dedans. Ce vieux réflexe, je le connais, souvent mes victimes l'arbore au début. C'est leur instinct de survie qui le leur insuffle. C'est une sorte d'allumette que l'on gratterait devant un pyromane.
À vrai dire, je me moque d'avoir mon visage à découvert et qu'il comprenne que je suis celui dont parle tant. De toute façon, même si j'avais pris soin de le camoufler avant de venir ici, la situation resterait ce qu'elle est. Alors, à quoi bon me faire chier ?
J'aurai pu croiser une autre femme au supermarché du coin ou à un feu rouge et la choisir, si ce n'est que mon obsession est tombée sur Clémentine. N'importe où, où j'aurai vu cette femme, elle m'aurait hypnotisé. Ma pulsion n'aurait pas divergé. J'aurai fini par l'avoir d'une quelconque manière. Même si elle avait su que je suis celui que les médias ont pris l'habitude de surnommer le harceleur nocturne. Je ne lui aurais pas laissé la chance de me filer entre les doigts. Peut-être et je dis bien peut-être, aurais-je simplement adaptés mes agissements pour ne pas à avoir à aller chez eux. Intelligemment, j'aurais fait en sorte de les attirer tous les deux à moi sans que ça se sache.
Avant d'entendre le flash info, je savais que personne ne se doutait de ce à quoi je ressemblais, mais j'étais loin de m'imaginer, que c'était encore le cas aujourd'hui. Je suis surpris, mais je ne devrais pas l'être puisque je n'avais qu'à regarder la télé ses jours derniers pour le savoir. À être toujours trop occupé, on peut passer à côté de certaines choses, il va falloir que je m'en rappel ! Toutefois, je ne suis pas resté dans l'ignorance totale. J'ai pris parfois l'occasion d'allumer et d'écouter la radio de ma bagnole. J'ai donc j'ai reçu quelques actualités, pour peu que je la laisse tourner. Elles étaient suffisantes puisque je suis toujours libre d'aller et venir, mais elles manquaient de précisions. Le fait est que, étant toujours un inconnu pour le reste du monde, je reste l'histoire que l'on raconte aux informations. Un mauvais rêve que ce pauvre type ne pourra même pas se souvenir et exposer. Je suis un homme sans aucun visage et éphémère.
— La...la...lâchez-moi !
Ses jambes fléchissent à mesure que sa respiration se fait absente. Il toussote, et je ressens sa peur prendre l'avantage sur sa volonté. Son visage passe d'une couleur plutôt rosée à un rouge plus vif. Si je ne desserre pas maintenant, il va mourir là. Trop tôt, trop vite. Ce n'est pas ce que je veux.
Ma chère Clémentine doit voir le plaisir que cela me procurera de la savoir tout à moi, comme toutes les femmes avant elle. Elle ne sera pas l'exception à cette règle. D'autant plus, qu'il y a quelque chose qui me crie qu'elle est différente des autres, et qui voudrait qu'elle soit plus impliquée encore, qu'elle participe à sa fin. Cependant, j'ai un peu trop peur d'accorder du crédit au mari, alors je ne vais pas lui accorder ce privilège. Je préfère me fier à ce que je connais, mes habitudes, et la garder spectatrice. On aura tout le temps de partager le reste tous les deux.
Je réfléchis à le ramener à la chambre en le traînant par la peau du cou si nécessaire, mais il essaye de se libérer. Il veut me donner un coup de coude dans l'estomac. C'est un acte purement prévisible et futile. J'en ai vu d'autres. J'arrive à l'éviter en lâchant une main de la corde pour stopper son bras dans l'élan. Le fait de d'avoir dû créer un espace entre nous, m'a donné suffisamment de place pour lui tordre, dans un angle anormal. Entre son cou que je peux et rêve de broyer, et son bras, sans doute douloureux, des gémissements plaintifs sort de ses lèvres. Une goutte de sueur roule sur sa joue. Il est éprouvé et grimace.
Il va falloir qu'il se fasse à l'idée que, depuis que j'ai passée la porte, il a déjà perdu le combat. Il ne peux plus rien pour que tout redevienne comme avant. Je n'irai pas voir ailleurs sans en avoir terminé ici.
— Je te conseille de te calmer si tu ne veux pas que je te pulvérise tout de suite, lui chuchotais-je à l'oreille. Tu n'as pas l'air de savoir qui je suis, lui dis-je.
Sur ces mots, je le lâche et le pousse de manière à le faire violemment tomber au sol. Je marche si vite vers lui qu'il n'a pas le temps de saisir ce qui se passe. Je lui tire les cheveux pour relever sa tête et lui mets un premier poing dans la gueule en profitant de l'adrénaline substantielle qu'il me donne.
— Je vais prendre soin de te le faire découvrir, continuais-je en le lui collant une autre droite. Tu peux essayer de jouer au con, mais saches que je sais y jouer aussi.
Je sens sa pommette qui craque sous mes phalanges et la secoue un instant pour faire disparaître la sensation qui les traverse.
— Je suis très bon joueur, rajoutais-je. En fait, je n'ai pas souvenir d'avoir un jour perdu.
Je me défoule à nouveau sur lui avec mon autre main tout en lui parlant. C'est exorcisant. Ça me fais un bien fou.
— Tu sais, je fais rarement des promesses, mais en voilà une que je suis sûr de tenir : tu vas regretter ta vie ! J'espère que tu es près ! terminais-je.
Intérieurement, je me fais la suite de cette promesse. Celle de me montrer plus cruel que le portrait que l'on a jusqu'ici tiré de moi. Je veux qu'il voie entièrement ma part sombre quelques soit l'angle sous laquelle il la perçoit. Je veux qu'il se rende compte, que je ne suis pas un meurtrier des plus tendre.
J'entends des pas précipités puis des pleurs dans l'escalier. Je me redresse sans cesser de l'agripper et tourne la tête dans la direction du son. Je vois une paire de jambes en petite culotte et chemise froissée blanche qui se tient immobile dessus, un instant paralysé. Je regarde plus haut. Putain, c'est Clém. Sa tenue met en valeur ses courbes et ses cheveux bruns tombent en cascade sur ses épaules qui tressautent. Elle est plus bandante de près. Ma queue regonfle plus vite qu'elle n'a ramolli. On dirait une petite biche affolée. J'adore ça. J'étire un peu le cou pour mieux la mater.
Mon cœur s'emballe. J'ai dû mal à détourner les yeux alors que je dois encore régler le cas à ce type.
Il la lui aussi entendu. Dans un demi-souffle, je l'entends lui dire :
— Ma...chérie, fuis !
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