Chapitre 11 Zivatanerae - Partie 2

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 Hank fut tiré de son sommeil par quelqu'un qui lui secouait l'épaule. Pendant un bref instant, il crut qu'il était toujours avec Sin fo et Reg'liss, mais en ouvrant les yeux, il revint brutalement à la réalité. En face de lui se tenait l'homme-corbeau qui l'avait blessé à la tête. Il avait des favoris et une moustache fournis, et portait un plastron en cuir gravé de runes et riveté de clous dorés. Hank s'assit en grognant.

– Moi vous suivre, nous partir c'est ça, demanda-t-il en baillant à s’en décrocher la mâchoire.

– Je vous en serai gré en effet.

 Hank se sentit tout à fait stupide.

– Oh, euh... Je ne pensais pas que vous parliez si bien ma langue.

– Pensiez-vous que nous soyons stupides au point de ne pas pouvoir comprendre votre langue ?

– Non bien sûr, mais vos amis...

– Mes amis n'ont pas eu autant que moi le loisir d'étudier votre langage, mais ils ont fait des efforts pour que vous puissiez les comprendre. J'apprécierais donc que vous ne les traitiez pas avec une telle condescendance, conclut l'homme-corbeau en le fixant avec un regard sévère.

– Je vous assure que ce n'était pas mon intention, s'excusa Hank.

 Il sortit du lit en grelottant. Le feu s'était éteint pendant qu'il dormait et la température de la pièce avait nettement baissé. Lorsque l'homme-corbeau sortit de la pièce et l'invita à le suivre d'un geste de la main, Hank lui demanda :

– Vous ne m'attachez pas ?

– Allez-vous tenter de vous enfuir ?

– Non.

– Alors cela sera inutile, n'est-ce pas ?

 Le jeune homme haussa les épaules et le suivit au dehors. Un autre homme-corbeau, plus jeune, les attendait sur le pas de la porte. Ce n'était pas le même que la veille, et celui-ci le regarda avec plus de curiosité que de crainte. L'homme-corbeau au plastron sembla le rappeler à l'ordre avec quelques mots dans leur langue, et le plus jeune dégaina la courte lame qu'il portait à la ceinture. Hank n'avait pas été enfermé pendant la nuit et il n'était plus entravé, mais il n'était semble-t-il toujours pas considéré comme un invité.

 Ils partirent à la file indienne à travers le long couloir qui défilait toujours en ligne droite. Hank repérait de temps en temps des pièces à gauche ou à droite lorsqu'il voyait des pierres dépassant des murs parfaitement lisses. Puis petit à petit, ils passèrent devant de plus en plus de portes ouvertes, laissant apparaître des armureries, des celliers, des bibliothèques et même ce qui semblait être une salle de classe où étaient assis une vingtaine de jeunes enfants avec de petites ailes blanches dans le dos. L'un d’entre eux tourna d’ailleurs la tête dans leur direction et donna un coup de coude à son voisin avant de les pointer du doigt. Hank lui adressa un sourire avant d'être poussé légèrement dans le dos par le jeune garde pour presser le pas. Des dizaines de questions pour ses deux guides se bousculaient dans sa tête. Il commença par celle qui lui brûlait les lèvres depuis deux jours.

– Qui êtes-vous au juste ?

 Il avait voulu demander « Qu'est-ce que vous êtes ? », mais il s'était ravisé, sentant que cela aurait heurté leur susceptibilité.

– Nous sommes les Revanis, répondit le vieil homme-corbeau.

– Revanis ? C'est comme ça que vous appellent les gens ?

– Personne ne nous a appelés ainsi. C'est ainsi que nous nous sommes nommés, car c'est ce que nous sommes.

 Hank sentait qu'il devait choisir soigneusement ses questions s'il voulait obtenir des réponses claires.

– Vous vivez tous dans ce tunnel ?

– Aucun de nous n'y vit.

– Mais alors tous ces gens - Hank vit son interlocuteur froncer légèrement les sourcils - pardon, tous ces revanis, que font-ils ici ?

– Nous nous servons de ces tunnels parce qu'ils offrent de la place, mais cela ne signifie pas que nous y vivions. Nos demeures se trouvent de l'autre côté de la montagne, dans une vallée.

– C'est là que vous m'emmenez ?

– En effet.

– Mais pourquoi ?

– Notre Taeki nous a demandé de vous y conduire.

Taeki, questionna Hank en tentant de reproduire parfaitement le son qu’il avait entendu. Il s'agit de votre chef ?

– Je ne connais pas le terme exact pour définir Taeki, répondit le revani après un instant de réflexion. Il s'agit de notre guide, notre lumière.

– Que peut-il bien me vouloir ?

– Je ne peux répondre à cette question. Notre Taeki veut vous voir, et j'ai été chargé de vous ramener.

 Ils marchèrent encore près d'une demi-heure avant de voir une lueur qui n'était pas due aux lanternes accrochées aux murs. Après presque une journée passée dans les entrailles de la montagne, la lumière du jour aveugla Hank pendant quelques instants. Et lorsqu'il recouvra la vue, c'est l'usage de la parole qui lui fit défaut. Il ne put émettre d'autre son qu'un long sifflement admiratif.

 La beauté de la cascade qu'il avait vue la veille n'était rien en comparaison de la vallée des revanis. C'était une terre fertile, entourée de murailles rocheuses, le long desquelles la neige des sommets coulait en de multiples chutes d'eau. Au pied des chutes, des bassins avaient été aménagés afin de permettre l'irrigation de nombreuses cultures en terrasse. L'eau s'écoulait ensuite en de nombreux ruisseaux qui traversaient quelques champs plats, une vaste forêt dans le coin ouest de la vallée, et ce qui étaient sans doute les jardins des nombreuses demeures qui parsemaient la vallée. Tous ces cours d'eau se rejoignaient finalement au centre de la vallée, où un gigantesque tourbillon évacuait toute cette eau par des conduits souterrains vers la mer, de l'autre côté des montagnes.

 Hank regarda en contrebas et vit que les parois abruptes ne présentaient aucun chemin praticable. Le vieil homme-corbeau sembla deviner sa pensée, car il lui dit :

– On ne peut entrer et sortir de la vallée des revanis qu'en volant. Voilà pourquoi ce lieu est notre royaume. Bienvenue à Zivatanerae.

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