Chapitre 17 La vie de château - Partie 3

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Six ans auparavant.

 La petite Tabatha était en pleurs. Elle était assise sur son lit, les jambes pliées, le visage caché par ses longs cheveux blonds, la tête enfouie dans ses genoux. Quelqu'un toqua à la porte. Sa mère passa sa tête dans l'entrebâillement.

– Je peux entrer ma chérie ?

 La petite ne répondant pas, Eowyn vint s’asseoir à côté d'elle. Elle prit le visage de sa fille dans sa main et lui écarta la frange de la main droite pour la regarder dans les yeux.

– Pourquoi as-tu tant de chagrin ?

– Jacob... Jacob m'a dit que je ne reverrai plus jamais grand-père.

– Oui, ton grand-père a dû partir très loin et il ne pourra pas revenir...

– Il est parti à cause de moi ?

– Bien sûr que non, pourquoi dis-tu ça ?

– L'autre jour, j'ai renversé un vase sur le tapis du grand salon, et il était très fâché. Mais je n'avais pas fait exprès, et maintenant il est parti.

 La petite Tabatha fut secouée d'un sanglot. Sa mère la prit dans ses bras.

– Chut, c'est fini. Ton grand-père t'aimait, et il n'était pas fâché contre toi. Tu n'y es absolument pour rien, tu m'entends ? Ton grand-père était un vieux monsieur, et il était très fatigué. C'est pour ça qu'il est parti dans un lieu où il pourra se reposer.

– Mais pourquoi est-ce qu'il ne reviendra pas après ?

– Parce que cet endroit, aussi merveilleux soit-il, est un endroit dont on ne peut pas partir. C'est pour ça que ton grand-père a attendu si longtemps pour y aller. Tu comprends ?

 La petite sortit son visage de l'épaule de sa mère et renifla bruyamment.

– Je crois.

– C'est normal d'être triste, mais il ne faut plus que tu pleures. Il faut que tu sois forte, comme grand-père, d'accord ? Fais-moi un sourire.

 Tabatha sourit timidement et sa mère l'embrassa sur le front.

– Tu es bien la fille de ton père. N'oublie jamais ça. Il n'y a pas de honte à être triste, mais il ne faut jamais se laisser abattre. Un sourire te fera souvent plus de bien que des larmes.

 Le lendemain, le royaume tout entier s'était arrêté pour un jour de deuil national. Les drapeaux étaient en berne, les commerces étaient fermés, et la population s'était rassemblée sur les places publiques ou dans les lieux de culte. Au palais, des tentures noires avaient été accrochées, et pas un bruit ne se faisait entendre dans les couloirs. Tous les habitants du palais s'étaient réunis dans la chapelle pour rendre un dernier hommage à leur souverain. Les gens de la cour, qui rivalisaient d'ordinaire d'audace et d'extravagance dans leurs choix vestimentaires, affichaient tous ce jour-là une respectueuse austérité.

 La reine, le visage caché derrière un voile noir, se tenait debout derrière le cercueil, entourée de son fils et de sa belle fille, qui la soutenait discrètement en la tenant par l'épaule. Les autres membres de la famille royale étaient assis aux premiers rangs. Jacob s'était mis dans un coin avec Tabatha et lui tenait la main. Derrière la famille du roi se trouvaient les nobles de haut rang, puis la petite noblesse. Le personnel du château était également présent, mais beaucoup avaient dû rester debout au fond de la salle, car il n'y avait pas assez de sièges dans la chapelle.

 L'archevêque avait parlé pendant près d'une heure, évoquant l'œuvre et les hauts faits du roi, puis Albus avait pris sa place pour parler de l'homme qu'était son père. Lorsqu'il eut terminé, il remercia le dieu Alik d’avoir veillé sur son père durant toute sa vie, puis il pria le dieu Yembet de l'accueillir en son royaume. Le silence s'abattit ensuite dans la chapelle et tous observèrent une minute de silence. L'archevêque se releva, ôta la couronne qui ceignait toujours le front du souverain défunt, et dans un geste cérémonieux, vint la déposer sur la tête de Albus, et d'une voix forte déclara :

– Le roi est mort, vive le roi !

 Tous dans la chapelle se levèrent et reprirent en chœur :

– Longue vie au roi Albus !

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