Chapitre 23 La bataille du lac - Partie 2
Vingt minutes plus tard, tout le monde était réuni dans la hutte, en attente d'explications.
Sin fo prit la parole :
– Mes amis, nous avons un grave problème. D'autres que nous ont mis le pied sur cette île. Ils sont très forts, et j'ai peur que nous soyons en danger.
– Où sont-ils exactement ?
– Dans la montagne. Ils seront là demain, dans deux jours dans le meilleur des cas.
– Comment pouvez-vous savoir ça, s’interrogea Jacob.
Sin fo tourna la tête vers Hank, qui semblait lui aussi avide d'entendre la réponse à cette question. Néanmoins, c'est lui qui poursuivit :
– Ce n'est pas ça l'important. Faites confiance à ma femme, vous savez qu’elle n'est pas du genre à paniquer pour rien. Si elle dit que nous sommes en danger, nous devons tous nous préparer à défendre nos vies.
Tout le monde se mit à parler en même temps, et Hank dut hausser le ton pour couvrir le brouhaha et empêcher la panique de les gagner.
– Il faut nous organiser dès maintenant. J'ai besoin de trois personnes pour transporter de la nourriture et des couvertures près du lac. Je vais vous montrer où les installer. Les autres, vous allez couper du bois en vitesse. Nous allons construire une barricade avec des pieux. Prenez des arbres épais, mais pas trop quand même, il faut pouvoir les déplacer facilement. Disons des troncs de la largeur d'une cuisse de lopvent, ça sera parfait, conclut-il en formant un cercle en espaçant ses mains d'une trentaine de centimètres. Sin fo et moi allons regrouper tout ce qui pourra servir d'arme. Allez on se dépêche, on a beaucoup de travail et très peu de temps, cria Hank en tapant dans ses mains.
Le groupe se dispersa. Jacob s’attarda une seconde, comme s’il hésitait à poser une question. Puis il soupira et rejoignit Tabatha qui l’appelait au dehors, laissant Sin fo et Hank seuls dans la hutte. Après quelques instants de silence, Sin fo demanda :
– Crois-tu que tout cela sera suffisant ?
– Peut-être pas, mais c'est le mieux qu'on puisse faire en si peu de temps.
– Je ne te connaissais pas ces talents de meneur.
– J'ai horreur de faire ça, mais si personne ne prend le contrôle, tout le monde va paniquer et faire n'importe quoi. Ils doivent croire que nous maîtrisons la situation. Bon, mettons-nous au travail nous aussi.
Le reste de la journée se déroula dans une fébrilité tendue. Le transport des vivres et des couvertures ne prit pas longtemps, si bien que Indesit, Debbi et Ellis furent désignées pour une nouvelle tâche. Elles furent chargées de tailler en pointe les extrémités des troncs qu'on leur ramenait. Tabatha travailla avec elles, tandis que Maxou aidait Hank à installer les pieux dans les trous que Sin fo creusait pour eux.
Tout le monde s'était mis à l'œuvre avec ardeur, mais malgré cela, à la nuit tombée il n'y avait qu'une vingtaine de troncs dressés sur les rives du lac. Ryban regarda le résultat de leur travail et demanda à Hank :
– Vous croyez que ça suffira à nous protéger ?
– Honnêtement non. Mais ça vaut mieux que d'attendre sans rien faire.
– Donc ce qu'on fait ne sert à rien, demanda Ryban avec un ton légèrement défait.
– Au contraire. Toute protection est bonne à prendre. Nous ne sommes pas très nombreux, il faut réduire au maximum le champ de bataille.
– Et que devrons-nous faire au juste au cours de cette bataille ? Nous ne sommes pas des guerriers, et nous ne savons...
– Je vais aller en discuter avec ma femme, l'interrompit Hank. Nous allons essayer d'établir un plan.
– Que puis-je faire de plus ce soir ?
– Rien. Allez dormir, vous en aurez besoin.
Hank le quitta, retrouva Sin fo, la prit par la main et l’entraîna à l'écart du groupe.
– Où sont-ils, demanda-t-il sans détour.
– Toujours sur l'autre versant, mais très proches du sommet. S'ils ne sont pas encore au courant de notre présence, ils le seront demain dans la matinée.
– Comment peux-tu en être aussi sûre ?
– Je l'ai pressenti.
– Une sorte d'intuition féminine ? Ce n'est pas toi qui me reprochais il y a quelques jours encore de ne pas te dire toute la vérité ?
– Je ne te cache rien ! Comment t'expliquer ? Ce n'est pas dans ma tête, je ressens leur présence à travers mon esprit. Non, je m'exprime mal. Tu sais que je pratique la magie et que mes sorts nécessitent une dose plus ou moins importante d'énergie magique. Tu sais aussi que je peux puiser cette énergie autour de moi.
– Jusque là, tu ne m'apprends rien.
– Autrefois, je me contentais de puiser aveuglément là où je me trouvais. Depuis quelques semaines, j'ai appris à contrôler, à doser, et à reconnaître ces flux. Ainsi je peux te dire qu'un corbeau va passer au-dessus de nous dans quelques instants.
À peine eut-elle fini sa phrase qu'ils entendirent des battements d'ailes au-dessus de leurs têtes.
– Impressionnant, souffla Hank.
– Je peux aussi reconnaître chacun de nos amis à son flux, et avec l’entraînement, ma perception s'est étendue à plusieurs kilomètres. C'est de cette façon que j'ai pu être au courant de l'arrivée d'autres personnes sur l'île. Le problème c'est que leurs flux d'énergie diffèrent totalement des nôtres, et ils sont également beaucoup plus puissants. Ce ne sont pas des humains, conclut la jeune femme.
– Peu importe ce qu'ils sont, il faudra les affronter de toute façon. Tu as un plan ?
– Oui, mais il ne va pas te plaire.
– Tu vas encore vouloir faire cavalier seul ?
– Pas cette fois. Cette fois, je vais avoir besoin de tout le monde, et il faudra que tu veilles sur moi.
Sin fo lui exposa son plan en détail. Hank l'écouta en silence, hocha gravement la tête et lui dit :
– Tu avais raison, ça ne me plaît pas du tout. Tu crois que ça peut réussir ?
– Ce n’est qu’une idée de dernier recours. Au cas où le combat tourne mal. Je préférerais ne pas en arriver là.
– Alors je te fais confiance. Allons nous coucher, la journée de demain sera éprouvante.
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