Chapitre 32 La décision de Maxou - Partie 3

5 minutes de lecture

 En quelques minutes, Maxou fut de retour chez son père. Il grimpa l'escalier quatre à quatre sous les regards surpris de Ellis et Archibald et s'enferma dans sa chambre. Moins de cinq minutes plus tard, il redescendit habillé de pied en cap et avec un sac à la main. Archibald le rejoignit dans la cuisine, alors qu'il remplissait son sac avec tout ce qui lui tombait sous la main.

- Je peux savoir ce que tu fais ?

- Je me fais des réserves. Je ne sais pas quand je reviendrais. Je n'aurais pas le temps de m'arrêter pour manger, alors il faut que j’aie le plus possible de vivres sur moi. J'irai travailler dès mon retour pour te rembourses tout ça, c'est promis.

- Sers-toi, tu es chez toi. Attends j'ai dû manquer quelque chose. Tu t'en vas ?

- Je dois rejoindre Sin fo et Hank. Ils sont partis à la poursuite des djaevels.

- Quoi ? Pourquoi font-ils ça ? Ils sont devenus fous !

- Les djaevels ont enlevé Tabatha, papa.

- Alors c'est une vengeance ? Une expédition punitive ? Je suis désolé de te dire ça, mais ça ne la ramènera pas !

- Si, justement ! Nous allons la chercher, et nous la ramènerons à la maison. Elle est vivante !

- Comment peux-tu en être sûr ?

- Je le sens.

- Je ne te laisserais pas partir sur une simple intuition. C'est trop dangereux.

- Je ne serais pas parti longtemps, assura Maxou, et je ne serais pas seul.

- Être trois ne fait pas une grande différence face à un troupeau de djaevels !

- Sin fo et Hank se sont bien trouvés seuls face à eux, et ils s'en sont sortis.

- Sin fo et Hank ne sont pas invincibles, hurla Archibald en tapant du poing sur la table.

 Maxou ne répondit pas immédiatement. Il ne se souvenait pas avoir déjà vu son père dans une telle colère. Celui-ci se calma et reprit plus doucement :

- Je comprends que tu les admires. Ils sont tous les deux très forts et très courageux. Je n'oublie pas tout ce que nous leur devons. Sans eux, nous serions encore à Cosrock. À eux deux, ils ont probablement tué plus de djaevels que n'importe qui dans le royaume. Mais ils ont souvent eu de la chance. Tellement souvent qu'ils sont devenus imprudents. Ils ne sont pas invincibles, répéta Archibald en appuyant bien chaque mot.

- Je le sais, répondit simplement Maxou. Je sais qu'ils sont aussi vulnérables que toi et moi. Mais Tabatha aussi est vulnérable. Et elle est en danger.

 Archibald soupira.

- Maxou, s'il te plaît, ne commence pas...

- Et s'il s'agissait de Ellis, le coupa Maxou. Si les djaevels l'avaient enlevé elle ? Resterais-tu là les bras croisés ?

 Archibald ne put s'empêcher de sourire devant la mine résolue de son fils.

- Si ta mère était encore parmi nous, elle me tuerait de te laisser faire ça.

- Papa...

- Reviens-moi vite mon fils.

 Archibald prit son fils dans ses bras et le serra plus fort qu'il ne l'avait fait ces dernières années.

- Je suis fier de l'homme que tu es devenu, lui dit-il à l'oreille.

- J'ai eu de qui tenir, répondit Maxou avec un sourire.

 Il se défit de l'étreinte de son père et mit son sac sur son épaule en disant :

- Je dois partir maintenant si je veux pouvoir les rattraper.

 Le jeune homme embrassa Ellis et sa sœur et sortit de la maison en silence. Ellis rejoignit son mari dans la cuisine, où il était assis à table, la tête dans la main. Elle se plaça derrière lui et lui massa les épaules.

- Tu as bien fait de le laisser partir. Il t'en aurait toujours voulu de l'avoir retenu.

- J'essaie de me dire que tu as raison, mais j'ai l'impression affreuse que je ne reverrai pas mon fils avant très longtemps.

 Maxou s'éloigna de chez son père à grands pas. Il se dirigea d'abord vers la place centrale, puis se ravisa et reprit la direction de la maison de Sin fo et Hank. De retour dans la cour pavée, il ne se dirigea pas vers le fond comme à l'accoutumée, mais bifurqua directement vers la droite, vers les écuries. En fait d'écuries, ces boxes n'en n'avaient que le nom, car ils n'avaient jamais accueilli de chevaux. Sin fo les avait fait construire pour accueillir les mangoliers que Jacob avait ramenés des régions du sud quelques mois plus tôt. L'été, ils paissaient au pied de la montagne, ou aidaient aux travaux des champs, mais l'hiver, les habitants de Ts'ing Tao les mettaient à l'abri.

 Maxou ouvrit la porte de la stalle et se trouva nez à nez avec un des mangoliers. L'énorme bête le regardait de son œil torve et approcha son museau humide de son visage. Le jeune homme le repoussa tant bien que mal et recula pour refermer la porte. Il n'avait pas besoin d'un mangolier. Ils étaient parfaits pour voyager sur de longues distances, mais ils étaient bien trop lents. Maxou trouva ce qu'il cherchait dans la quatrième stalle.

 La dernière fois que Jacob était revenu à Ts'ing Tao, il avait ramené trois lopvents. Il les avait confiés à Sin fo et Hank, car eux seuls possédaient un terrain assez grand pour les garder. Pour ce que Maxou en savait, ils ne les avaient jamais fait voler hors des limites de l'île. Cependant, l'intuition du jeune homme s'avéra juste. Il n'y avait plus qu'un lopvent dans la stalle.

 Maxou attrapa le harnais qui pendait à un crochet au mur et le passa autour du cou du lopvent, qui se laissa faire docilement. La créature ne fit pas non plus de difficultés lorsque Maxou la sella et la tira hors de son box. Le jeune homme sauta sur le dos de la créature et resserra les sangles de son sac à dos. Il n'était jamais monté sur un lopvent, ni sur aucune autre monture, et il ne voulait pas que son sac vienne briser son équilibre déjà précaire en se balançant. Maxou avait les jambes et les bras tremblants, mais il ne pouvait pas se permettre le luxe d'hésiter.

 Il empoigna les rennes, souffla deux fois et talonna le lopvent. Celui-ci trottina quelques instants dans la cour pavée, avant d'accélérer en battant des ailes, pour enfin s'envoler au dessus du portail. Maxou sentit son estomac se soulever et il dut fermer les yeux pour réprimer un haut le cœur. Le lopvent glapit et s'ébroua joyeusement. Maxou tira sur les rennes pour le calmer et lui faire prendre la direction du sud. Il baissa la tête et regarda le village défiler sous ses pieds. Les habitants commençaient à sortir de chez eux, mais aucun ne leva les yeux vers lui.

 En quelques minutes, le lopvent avait survolé Ts'ing Tao, le lac et la forêt, et quitté l'île. Maxou fit prendre de l'altitude à son lopvent afin de pouvoir franchir la montagne qui lui barrait la route. En surplombant le sommet enneigé, il resserra son manteau autour de lui et fouilla son sac à la recherche de jumelles. Il scruta l'horizon quelques instants. Le royaume s'étendait à ses pieds. Le paysage était magnifique et paisible. Trop paisible au goût du jeune homme. Il n'y avait pas la moindre trace du passage des djaevels, pas plus que de ses amis. Maxou rangea ses jumelles, se pencha en avant et éperonna son lopvent. Il n'était plus temps de traîner, il devait aller le plus vite possible.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire William BAUDIN ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0